Etats Généraux de l’Information - Première Agora à Auxerre.



Récit personnel et forcément subjectif mais transparent et sincère de la première Agora des États Généraux de l’Information qui se tenait à Auxerre le 29 novembre 2023.

Extinction Rebellion a 4 revendications. C’est facile, consensuel et stratégique.
La première d’entre elles est de demander la vérité sur la gravité et l’urgence des crises climatiques dans une communication honnête et accessible expliquant la responsabilité de notre modèle sociétal dans ces urgences et la nécessité vitale d’en changer pour la survie de notre espèce.
Alors, forcément quand la veille média de notre groupe d’Auxerre a vu passer les premières annonces pour la première Agora des États Généraux de l’Information (EGI) à Auxerre avec ouverture au public, on s’est dit qu’on y avait notre place d’une manière ou d’une autre.
Oui, parce qu’on a aussi la neutralité carbone 2025 et la mise en œuvre de mesures nécessaires à arrêter la 6° extinction massive comme revendications 2 et 3.
Et comme tout cela demandera des décisions difficiles, nous demandons que cela se débatte dans des assemblées populaires.
Du coup, la question était de savoir si on considérait les EGI comme une assemblée populaire et donc comme répondant d’une certaine façon à notre 4° revendication.
Le débat est resté en suspens.

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Dans le doute, nous avions quand même prévu quelques banderoles à main avec des “Dire la vérité sur l’urgence et la gravité des crises climatiques”, au cas où.
Un des arguments pour perturber les EGI était de dire que le Grand Débat des Gilets Jaunes n’avait rien donné, pas plus que la Convention Climat, que c’était un peu le truc de la Macronie, que ces grandes messes populaires ; à coup de parc des expos remplis de “les gens”.
Bref bcp de sincérité de la part des participant·e·s (personne ne doutera que Cyril Dion ait sincèrement cru dans la Convention Climat…) mais aucune avancée réelle par la suite…
Pourtant en ce matin du mercredi 29 novembre à Auxerre, plusieurs choses auraient pu nous mettre la puce à l’oreille.
D’abord ces États Généraux de l’Information dont l’information est pratiquement inaudible sauf à avoir des systèmes de veille spécifique qui fassent remonter l’info incidemment ou à être concerné·e professionnellement (média, enseignant·e, politique)
C’est vrai, franchement, qui sait qu’il y a une consultation nationale sur le sujet en ligne ? (trop tard, elle est déjà finie)
Quant à l’Agora d’Auxerre, aussi connue qu’Auxerre, c’est pas peu dire.
Ensuite, les lieux et les infos qui passent en ligne qui parlent toutes de faire participer le public donc que c’est ouvert à toustes qui clignote bien partout sur tous les écrans à LED qui habillent la scénographie de l’événement.
Sauf qu’à l’entrée, une d’entre nous est refoulée pour porter un badge de soutien à Gaza : Gaza, silence on tue.
Ca part bien les États Généraux de l’Information avec la liberté d’expression qui reste dehors…

Ceci étant posé et si par hasard d’autres camarades ressentaient de leur côté le besoin d’être plus perturbant·e·s sur les prochaines éditions (4 Agora annoncées dans le cadre des EGi celle d’Auxerre incluse). Faut bien voir qu’on est sur un événement national, le déploiement policier est bien-bien présents : municipale, nationale, RT, vigiles.

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Alors, du coup, les EGI ?
Des grands moyens, on sent qu’on est financé en direct par le gouvernement, y’a du bleu-blanc-rouge partout, des écrans Led partout, de la sécurité partout.
Et un parc des expos tout vide, faute d’information…
Aussi parce que chez nous, c’est tout vide sans doute un peu.
Un énorme buffet de collation d’accueil d’une heure trente dans lequel y’a guère que les organisateurices et les animateurices des EGI… Une montagne de bouffe dont on espère que les employé·e·s ont pu se la partager en fin de la journée.
Et des bracelets qui servent à ranger les participant·e·s en nous répartissant aléatoirement dans les ateliers de l’après-midi - et comme à Sainte-Soline, on peut changer de couleur si celle qu’on a nous plait pas - ça fait sourire un employé quand je fais la remarque.
Genre moi on m’a donné le rouge pour l’atelier sur l’Espace informationnel et l’innovation technologique et je veux un blanc pour l’atelier Citoyenneté, information et démocratie.
(Si la question se pose : des recherches tendent à démontrer que le tirage au sort est un moyen de gouvernance démocratique.)

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Le truc commence à 10h pour enchaîner 3h de débats très descendant (on a la foi).
Avec d’abord une intro par le délégué général Christophe Deloire avec plusieurs chiffres clefs pour illustrer les questionnements des EGI allant du 0% d’augmentation du salaire médian du journaliste en passant par 17% de platistes chez les 18-24 ans.
Et une fois, qu’on est bien convaincu de la nécessité des EGI avec les chiffres énoncés, c’est une série de témoignages qui est proposée.
Des enseignantes qui présentent leur travail d’éducation aux médias, des jeunes qui expliquent leur relation au média, le responsable de la CCI locale et Priscillia Ludosky (figure des gilets jaunes) qui racontent leur relation aux médias, un chercheur et un journaliste qui présentent leurs réflexions.
Pour en finir par une table ronde sur le champ commun de l’information.
L’avantage d’un si grand nombre d’intervenant·e·s c’est que ça fait du monde dans les EGI.
L’inconvénient c’est quand on pense aux défraiements des déplacements et au bilan carbone de tout ça…
Mais clairement c’est pas l’objet…

Pour la pause déjeuner, du snacking est proposé sur place avec même une alternative végé.
Et on est tellement pas nombreux que les intervenant:e·s viennent discuter avec nous (le rare public pas professionnel - genre on est un peu la curiosité du truc…) et les journalistes prennent aussi le temps d’échanger longuement avec nous.
Et pour l’aprem c’est les ateliers. Bon sauf que…
Sauf que à la pause de midi quand tu sors des EGI, y’a des personnes qui te poursuivent pour te demander si tu reviens ou pas, pour organiser les ateliers.
Déjà qu’on n’était pas nombreux·ses le matin… Alors là, l’aprem… le drame…
De 4 ateliers, on passe à 3, parce que de toute façon, y’a juste pas assez de participant:e·s pour faire 4 ateliers (tant pis pour l’ingérence étrangère - thème de l’atelier supprimé).
Après 2 heures d’ateliers et 30 minutes de pause, on repart pour en plénière pour la restitution des ateliers et un débat.
Débat où Mme Magat arrivera à parler deux fois du climat : merci à elle !
Une première fois pour parler de dichotomie vrai/faux en expliquant que pour le cas précis des urgences écologiques, c’était un fait et pas une opinion.
Et une seconde fois pour parler de la COP28 qui commence le lendemain.

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Nous aussi on aura fait le taff d’amener le sujet climat dans nos groupes d’atelier dès que c’est pertinent, pas forcément parce qu’on considère les EGI comme une assemblée populaire - clairement l’absence de public ne le permet pas…
Après aller au-delà en perturbant un événement qui s’est perturbé tout seul en se ratant c’est un peu comme tirer sur l’ambulance… et pas très régé 😉
Mais faire un petit retour sur les EGI (pas sur le contenu, les vidéos des débats/échanges sont sur YT - https://www.youtube.com/@EGinformation/streams ).
On regrettera le manque de communication autour de l’événement - lié à l’urgence dans laquelle il s’est monté ? Une intervenante nous a expliqué avoir été contactée 10 jours avant. Une journaliste nous a parlé de recherche d’animateurices la semaine précédente…
On regrettera aussi que les outils de facilitation de débat n’aient pas été mis en œuvre - c’est ennuyeux de faire des gestes pour approuver et de se retrouver avec un micro dans la main…
D’ailleurs les animateurices gagneraient à se former à l’animation de débat, ne serait-ce que pour ne pas tenter de les influencer. (animer un débat et y participer ce n’est pas la même chose…)
ça fait partie des incohérences des EGI
La plupart des prises de paroles conspuent le numérique mais le public regarde plus son portable que la scène.
On te parle d’ouverture des débats au public mais la mise en œuvre du processus reste quand même très descendante avec une scénographie qui suggère des figures d’autorité qui peuvent avoir du mal à lâcher la parole.
J’entends que c’était la première des 4 Agoras annoncées et pour le coup, ça ne peut que progresser.
J’ai quand même la sensation d’une grande messe Macronienne, qu’on met un pognon de dingue dans ces EGI et les gens seront quand même mal informés.
Sans offense pour les participant·e·s de bonne volonté - comme celle qui nous a parlé et qui disait qu’il fallait bien essayer…

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En savoir plus et suivre les propositions des EGI :
https://etats-generaux-information.fr/
Et parce qu’on est sans doute pas les seul:e·s à avoir des doutes sur les EGI, il y a aussi des états généraux de la presse indépendante : https://www.mediacites.fr/la-fabrique/national/2023/11/30/suivez-en-direct-les-etats-generaux-de-la-presse-independante/



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