Présenter la réforme des retraites comme juste pour les femmes relève du boniment.
« La vérité est que les mesures prévues à ce jour aggraveront la situation des femmes, et que rien de ce qui permettrait de l’améliorer n’est prévu. (…) L’injustice majeure que constitue l’importante inégalité de pension entre les femmes et les hommes non seulement n’est aucunement prise en compte, mais risque fort d’augmenter avec le recul de l’âge de la retraite comme avec un allongement de la durée de cotisation. », a dit Christiane Marty, militante altermondialiste et féministe au sein de l’organisation Attac.
Le ministre Franck Riester a lui-même convenu que les femmes seraient "un peu pénalisées" par le projet du gouvernement.
"Un peu pénalisées".
Les femmes sont nettement majoritaires dans les métiers du travail reproductif* et elles prennent en charge très majoritairement les tâches inhérentes au travail reproductif gratuit dans la sphère privée, notamment les tâches ménagères et parentales. Et ce sont encore elles qui supportent la charge mentale qui accompagne ce travail.
Le capitalisme a BESOIN de ce travail reproductif* gratuit (sphère privée) ou sous-payé (secteur tertiaire ou services publics) des femmes pour s’enrichir. Il n’est pas possible d’exploiter les ouvriers et les employés via l’outil de production si ces ouvriers et employés n’ont pas une maison propre et entretenue, des courses faites, des repas chauds, des enfants en bonne santé, des vêtements et des chaussures en bon état, des parents âgés soignés à la maison ou en EPHAD... Et pourtant le capital refuse de payer ce prix-là, ce travail invisible et pourtant tellement indispensable au fonctionnement d’une société.
Au bout de la chaîne, il y a la retraite.
Rappelons que si les salaires des femmes sont inférieurs en moyenne de 22 % à ceux des hommes (Insee 2022), leurs pensions de droit direct sont inférieures de 40 %.
Selon Rachel Silvera, économiste, 19 % des femmes attendent aujourd’hui d’avoir 67 ans pour prendre leur retraite « à taux plein » et échapper à la décote, contre 10 % des hommes. La réforme des retraites de Macron, en maintenant cet âge à 67 ans, tout en accélérant le nombre de trimestres nécessaires, pénalisera davantage les femmes, en diminuant le montant de leur pension.
Pourquoi ? Simplement parce qu’un·e assuré·e qui part à l’âge du « taux plein » sans avoir réuni le nombre de trimestres suffisant voit le montant de sa pension touchée. À 67 ans, il n’y plus de décote mais le montant reste calculé au prorata du nombre de trimestres acquis. Les femmes, qui ont des carrières interrompues et avec beaucoup de temps partiels seront les grandes perdantes. CQFD.
La grève féministe que nous préparons permettra, le 8 mars 2023, de faire le lien entre la violence économique capitaliste et la violence patriarcale à l’encontre des femmes et minorités de genre.
Nous appelons en attendant à mettre toutes les forces, toutes les énergies dans la mobilisation contre la réforme des retraites. Rejoignez-nous dans le cortège féministe, à 14h vers la place Bareuzai !
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