VZ 13. La France : le paradis des pédophiles ?



Dans cet épisode de Vulgari’Zer, on va parler de pédocriminalité et d’inceste. Le documentariste Patric Jean signe un ouvrage salutaire sorti en janvier 2020 : ça s’appelle La loi des pères et on vous propose ici de le vulgariser. Il établit notamment un lien entre les mouvements masculinistes, les sursauts patriarcaux et les agressions pédocriminelles...

La France : un paradis pour les pédophiles ? Le titre peut paraître aguicheur mais il recouvre une réalité dérangeante. Avec 6% des enfants touchés, environ 720.000 gamins ont subi, subissent ou subiront un viol ou une tentative de viol avant la fin de leur adolescence...
La pédocriminalité serait ainsi un phénomène massif, systémique et culturel - systémique car massif et culturel ? -... Les violences sexuelles contre les mineurs touchent toutes les classes sociales, toutes les religions, toutes les couleurs de peau. Elle semble être en réalité l’une des expressions les plus brutales de la violence patriarcale : le droit des pères sur le corps de leur femme, mais aussi sur celui de leurs enfants !

Le monstre pédophile

Les faits de pédocriminalité ne se limitent donc pas aux icônes monstrueuses que les médias mettent en avant, que l’on pense aux prédateurs isolés comme Marc Dutroux ou Emile Louis, aux « pédo stars » du milieu culturo-mondain tels Matzneff et Polanski ou aux réseaux satano-reptilo-maçonniques. D’ailleurs, les crimes et les délits sur mineurs ne pourraient être sectorisés comme on le constate avec des prismes traitant de la pédophilie "dans l’Eglise", "dans le sport" ou "au cinéma"…). Tous ces cadrages masquent le caractère systémique de ces violences : la mise en spectacle de l’extra-ordinaire masque la forêt des actes quotidiens et ordinaires. L’ancien juge des enfants dijonnais mettant sa fille de 12 ans sur un site libertin est évidemment choquant, mais creusons et allons plus loin sur ce tabou de société.

Traditionnellement, historiquement et anthropologiquement, le père est une figure politique d’autorité. Le bon père de famille (bonus pater familias), le père de la Nation, le père spirituel, le père de l’Eglise, le patron paternaliste, le père Lachaise sont autant de symboles de la domination patriarcale. Pour les masculinistes, c’est la figure médiatique du « père meurtri et séparé de ses enfants » qui symbolise leur conception idéologique : retour aux valeurs traditionnelles et défense des privilèges du masculin face aux revendications féministes.

Le déni

Dans ces affaires de pédocriminalité, les mères sont stigmatisées voire accusées. Aujourd’hui, on leur fait porter le chapeau de l’« aliénation parentale », une théorie forgée par Richard A. Gardner, lui même extrêmement bancal dans sa démarche pseudo-scientifique... [1] Cette notion fumeuse permet de jeter le discrédit sur les mères accusatrices : elles seraient manipulatrices et aliéneraient l’enfant contre le père de famille en inventant des faits qui n’existeraient pas... Le Syndôme d’Aliénation Parentale (SAP) semble n’être qu’une façon de nier les violences et de retourner la situation au profit de l’agresseur !

Pourtant, ces théories sont bel et bien utilisées dans les tribunaux français ! Un réel business s’est d’ailleurs formé autour de cette notion : de nombreux experts en carton mandatés par les associations de pères diagnostiquent le SAP à tire-larigot. Résultat : les mères accusatrices sont éloignées de leurs enfants, et les pères accusés obtiennent la garde. 98% des viols sur enfant sont commis par des hommes. Bah bravo !

Alors la justice est-elle complice ? Oui et non. Elle manque déjà globalement de moyens pour instruire ces affaires de façon rigoureuse. On remarque également que ces faits sont souvent correctionnalisés, passant de la Cour d’Assises à une instance moindre et requalifiant du même coup les faits. L’institution judiciaire peut alors gagner du temps et de l’argent. Problème : le viol (crime) est requalifié en “atteinte sexuelle aggravée” (délit) et les coupables prennent moins cher. Légitimation ?

Des réseaux ?

Selon Patric Jean, masculinisme, patriarcat et pédocriminalité sont conjointement liés. Pourtant, en cherchant sur Internet, on tombe vite sur du contenu complotiste qui nous mène vers les rites satanistes, les élites sectaires et autres réseaux occultes. Ne soyons pas naïf en refusant de voir qu’ils existent. Mais tous les réseaux pédocriminels ne sont pas satanistes, et l’immense majorité des affaires n’ont rien à voir avec ces réseaux. Ce cadrage invisibilise la question du droit de violence des hommes. On le retrouve ainsi facilement sur la fachosphère viriliste et anti-féministe. Dommage de ne pas voir la partie immergée de l’iceberg !

Pour aller plus loin, on vous propose l’intégralité de notre entretien avec l’auteur Patric Jean :

Et pour aller encore plus loin, le documentaire La domination masculine de Patric Jean :



Notes

[1Richard A. Gardner a inventé cette notion de « Syndrôme d’Aliénation Parentale », qui désigne le fait qu’un enfant serait manipulé par un de ses parents (souvent la mère) pour rabaisser son autre parent (souvent le père). Ce « syndrôme » permet à la justice de mettre en doute les paroles des enfants lorsqu’ils font état de violence d’un de leur parent.

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