Il est vrai qu’il existe une diversité de programmes à la télévision et à la radio qui traitent d’objets historiques. Il est donc difficile de dresser des grands axes d’analyse tant les contenus proposés proviennent de contraintes, de motivations, de modèles économiques très différents. Il n’empêche que les émissions regroupant un public large mettent en avant des biais de traitement et de cadrage qui reviennent régulièrement, répondant surtout à des logiques commerciales… Mais pas que !
C’est en cela que les thématiques historiques sont particulièrement restrictives notamment celles qui entourent les grandes femmes de l’histoire. Nous parlons alors d’une histoire empreinte de misogynie au sens où les valeurs féminines mises en avant s’articulent majoritairement autour du physique des grandes dames, de leur capital de séduction, ou pire, à la posture de puissance de leur mari, conjoint ou amant. Le style artistique, l’influence sur leur homme et une dimension sexualisée de ces importantes dames…Secrets d’histoire de Stéphane Bern incarne parfaitement ce que nous avançons ici !
La recherche omniprésente de l’audience participe aussi à sélectionner des thèmes rentables, des sujets historiques où les spéculations et les sous-entendus sont nombreux et aguicheurs. Ainsi, Au coeur de l’histoire sur Europe 1 présenté durant des années par Franck Ferrand s’attache à diffuser des programmes fortement caractérisé par le mystère, l’énigme, le secret : une version soi-disant alternative de l’histoire face à un récit considéré comme officiel et institutionnel. En somme, se donner un pseudo-rôle scientifique et critique pour voiler une sélection motivée par des logiques principalement économiques...
Enfin, pour terminer, il est un des points essentiels qui est rapidement observable lorsqu’on se penche sur les émissions de télé et de radio traitant d’histoire. La plupart de ces programmes mettent en avant des Grands personnages. Ceci est déjà un biais déconstruit par les écoles historiographiques qui ont mis en avant le danger de proposer une histoire concentrée sur les individus. D’autant que ces personnalités sont en grande partie issues de l’aristocratie ou de la bourgeoise : des classes dirigeantes au sens large (souverains, artistes, hommes politiques). De ce fait, on met en avant les individus au détriment des structures alors que les historiens ont promu la nécessité de faire une histoire “par le bas” qui prend en compte la puissance des structures sociales.
De Bern à Ferrand, la télévision et la radio proposent en fait une histoire “putaclic” car n’oublions jamais que les médias audiovisuels sont principalement régis par des logiques marchandes où l’audimat est roi ! Pas facile d’attirer des millions de personnes devant des programmes savants…
W. Blanc, C. Naudin, A. Chéry, Les historiens de garde, Libertalia, 2016
G. Noiriel, Le venin dans la plume, La Découverte, 2019
N. Offenstadt, L’histoire bling-bling, Stock, 2009
G. Noiriel, Histoire populaire de la France, Agone, 2018
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info