Cette nuit on est plein à avoir fait un cauchemar, il y avait un incendie au lentillères qui détruisait la maison de deux habitants du quartier, et la mairie, qui était dirigé par Donald Trump et Elon Musk, profitait du drame pour couper l’élec à une partie de la friche pour porter plainte contre les usager.es du quartier pour mise en danger d’autrui, pour nous trainer dans la boue, nous accusant d’être des marchand.es de sommeil, des militant.es qui manipulent des personnes précaires pour les faire rentrer dans leur secte anti-étatique.
C’était pas un rêve, c’est le monde d’aujourd’hui qui ressemble à un cauchemar.
Un incendie est bien venu dévaster un batiment du quartier. Et à peine les pompiers avaient-ils éteint le feu que la mairie et ses émissaires sont venus souffler sur les braises deversant dans les medias locaux une offensive contre les lentilléres et ses habitantes sans précedent.
Koenders et Hoareau se sont branché.es sur l’ère de la post-vérité, réussissant à retourner à la situation, à nous faire passer pour les méchants, les indignes, les commerçant.es de misère.
Du coup, on a pu lire et entendre partout que les êtres humains étaient traités pire que des animaux aux lentilléres, que sous les fleurs se cachait un bidonville ou une décharge, adroitement disimulées aux yeux du public depuis tant d’années.
Les ficelles sont grossiéres, la manipulation est claire, et la blessure pour les personnes qui vivent et luttent sur le quartier est profonde. La colère aussi.
On est en colère parce qu’on fait face à des vautours qui se jettent sur un cadavre encore chaud, parce qu’au lieu d’aider les personnes sinistrées, les élu.es nous menacent avec des plaintes et nous enfoncent avec des mensonges.
On est choqué parce que c’est putain de raciste de comparer des gens à des animaux juste parce que certain.es préfèrent dormir sur des tapis, ignorant les différences culturelles, refusant d’entendre les besoins des gens, les infantilisant en pensant qu’ils sont sous emprise alors qu’il y a juste des potes qui essaient de faire la traduction, proposant une nuit d’hotel et un billet de train à ceux qui ont perdus leurs maisons, parce qu’ils sont demandeureuses d’asile et pas citoyen blanc bien francais.
On supporte pas non plus de recevoir des leçons d’écologie de la part de cette mairie. Vous croyez qu’ils vont où vos déchets M. Hoareau et Mme Koenders ? Dans des décharges, qui partent dans dans des bateaux, qui se déversent ensuite dans les déserts du Nigéria. Comme ce sont des précaires, des éboueurs ou des dockers, qui s’occupent de vos merdes, vous imaginez que juste elles disparaissent. Et vous savez qui d’autres s’occupent de vos poubelles ? NOUS. Il y a bien des objets entassés au quartier et du caca composté (plutôt que déversé dans les rivières) . Et désolée si ça vous choque, mais nous on vient chercher dans vos poubelles des objets à réparer, des trucs encore bons à manger, des vêtements à peine troués. Et c’est ça l’écologie. On a aucune lecon à recevoir de gens qui noient des quartier entiers sous le béton, emepchant l’eau de s’évacuer et les gens de respirer en été.
ENFIN, On est VNR parce que c’est indécent de la part de la mairie de nous faire la morale sur l’accueil, alors qu’elle soutient un gouvernement qui déporte à la chaine, qui laisse les gens dormir dehors et mourir de faim, un gouvernement qui construit des CRA plutôt que des CADA , qui fait passer des lois racistes et dégueulasses qui empêchent les gens sans papiers d’avoir accès à l’hebergement d’urgence ou qui menaçent l’aide médicale d’état. Oui il y a de la précarité aux lentillères, et c’est parce qu’il y a de plus en plus de précarité en france et que c’est ici que les gens viennent trouver refuge. C’est pas les conditions de vie aux lentillères qui sont scandaleuses, c’est la réaction offusquée de la mairie qui s’indigne, alors qu’ on sait que ce sont les mairies, les préfectures et le gouvernement qui favorise cette précarité, en soutenant des politiques ultra libérale qui appauvrissent le peuple au profit de quelques milliardaires, en réduisant les subventions des hopitaux et de centre d’accueil d’urgence, en coupant les aides sociales à tout va.
Et aussi, quand on est humaniste, M.Hoareau, on ne coupe pas fièrement l’élec à 30 personnes,les laissant dans le froid et l’obscurité en plein hiver.
Mais comme a chaque fois, aux lentillères, on puise dans la solidarité et la communauté la force de réagir à ces attaques. Depuis 10 jours, en pleine période hivernale sur les jardins, les chantiers s’enchainent pour deblayer, reconstruire, consolider les batiments touchés et se sentir ensemble.
C’est pas le confort parfait, mais c’est de l’accueil et l’ouverture. Un endroit où chacun.e peut se trouver un toit, un lit pour dormir, un peu de sociabilité et d’entraide même dans des conditions pas méga confortable. C’est pas aseptisé, mais c’est un endroit d’expriementation de construction, de fabrication, de tentatives de résister à la violence, d’être un refuge sans être une bulle. C’est pas une biocoop, mais c’est des legumes cultivés collectivement, de la recup de bouffe pour que personne creve de faim. C’est pas une SMAC, mais c’est la culture, les concerts, les fêtes et les spectacles accessibles à tout le monde. C’est pas la communauté parfaite, mais c’est toute sorte de gens, pas que des écolos radicaux bobos bien sous tout rapport qui trient leur déchet, aussi des queers, des féministes, des roms, des migrant.es, des personnes qui vivaient dans la rue, des gens du foyer d’à côté, des retraités qui jardinent, des écolos, des gens qui militent dans des assos, des travailleurs sociaux, des voisins du quartier, des enfants de partout, des mineurs isolées, des zonards, des tox.
C’est pas leur monde pourri ou c’est chacun pour sa peau, mais c’est de la solidarité au quotidien, chaque jour, pour essayer de vivre et de résister ensemble à la fascisation du monde.
Alors OUI on veut sauver cet endroit par tous les moyens possibles. Depuis des années, on fait des compromis, dialoguant avec ceux qui nous menacent, nous insultent, nous trahissent. On travaille sur des normes de sécurité, sur l’évacuation des eaux ou sur les cadres juridiques dans lesquels on pourrait se fondre, pour trouver des solutions avec une mairie qui pourtant continue de nous cracher dessus. Parce qu’on sauraient pas survivre dans ce monde sans un peu d’espoir. Et que le fait que des endroits comme celui là existe, bah ça nous donne de l’espoir, ça nous donne la force de continuer à nous battre contre l’extrême droite, ça nous donne la volonté de vivre et ça nous permet d’être ensemble dans ce monde qui tente de nous séparer les un.es des autres.
Le quartier libre des lentillères vivra, le quartier libre des lentillères vaincra !
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