Le quartier. Encore. Le quartier. Toujours...
Le quartier. Là où la jeunesse est nombreuse et diverse. Là où la jeunesse est belle et modeste. Là où les jeunes parlent et s’encanaillent. Là où l’avenir attend son heure. Là où la jeunesse grandit et s’éduque par l’intermédiaire du monde qui l’entoure. Là où nous sommes. Là où nous voulons rester. Là où nous avons confiance en la vie et dans le futur.
Mais… tout peut changer…
Car même ici impossible de se cacher. Même ici, on n’échappe pas à l’appel. Même ici impossible de fuir car même ici... bientôt… Nous serons rattrapé-e-s, retrouvé-e-s, snipé-e-s, raflé-e-s et embrigadé-e-s par le nationalisme et les crises identitaires. Là où le drapeau bleu-blanc-rouge nous retrouvera, comme avant. Quand nous parlions encore de service pour la nation. Car il arrive, le voilà, pour l’avenir… : le Service National Universel.
Le SNU. La jeunesse entière en uniforme et au pas. Au garde-à-vous devant le drapeau. Dispositif et promesse présidentielle pour la jeunesse. Fantasme de fantassin. L’art du règlement moral stricte et sans nuance. L’art de l’engagement sans consentement. En brigade. En caserne. Un colonel pour éducateur. Un lieutenant pour interlocuteur. Vision du Monde vu par le prisme d’un centre militarisé. Ô toi beau militaire. Les jeunes seront rappelé-e-s par la république un à un. Retour à la mère patrie pour le bonheur d’un pays qui resserre ses rangs en prévision d’un raz-de-marée d’on ne sait quelle provenance. Bel uniforme, propre, bleu sur blanc, blanc sur bleu et petite casquette. Réveil sous les drapeaux. Armée de clones. Réveil sous le symbole d’une république en alerte et en paranoïa. Retour en arrière. République française arc-boutée sur les principes militaires qui fit sa grandeur et sa décadence. Se saisir de la jeunesse par le SNU… Mais de quel engagement parlons-nous ? À quel titre et pourquoi ? Un retour de la sévérité et de la règle. Méthode archaïque de la domination de l’un sur l’autre ? Certainement. Retour à la pédagogie du drame, de la frustration et de l’échec. Retour à l’obéissance.
Mais non… nous ne voulons pas de ça… Qu’apprend-on à la jeunesse ? L’art militaire et la soumission à un règlement sans sens. Avoir pour ambition de former la jeunesse et finir par imposer un idéal teinté de nationalisme forcé et obligatoire... Non merci... Retour à la domination par la force ?
Non merci… car nous, pédagogues et éducateur-trice-s, nous pensons que « l’éducation commencera quand l’atmosphère sera débarrassée de tous miasmes d’autoritarisme. ». Nous pensons que devenir adulte passe par le libre choix et l’expérience non contrainte. Nous pensons que la règle tue l’initiative. Nous pensons que le collectif doit se vivre en dehors d’une caserne. Nous pensons que les projets de la jeunesse ne doivent pas être échangés contre un projet d’état. Nous pensons que le gouvernement confond précisément une société du cadre et une société de la règle et de la norme.
Le SNU. Contraire à nos principes de liberté. Contraire à nos principes d’émancipation. Contraire à nos principes d’autonomie.
Nous, pédagogues, ne laissons pas passer cette punition pour la jeunesse.
Nous, pédagogues, refusons le SNU. Défendons une pédagogie de la liberté.
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