Loi Avia : comment continuer de consulter vos sites préférés en cas de blocage ?



Adoptée en dernière lecture mercredi 13 mai par l’assemblée nationale, la loi Avia obligera bientôt les sites internet à supprimer dans les 24h (1h pour ce qui concerne la pédopornographie et le terrorisme) certains contenus jugés illicites, sous peine de lourdes amendes voire de déréférencement sur les moteurs de recherche. On vous explique comment contourner cette censure qui ne dit pas son nom.

Article initialement publié sur faimaison.net.

La censure d’internet peut perturber l’accès à des logiciels, au savoir, à la culture et à l’information. Elle peut être mise en place par le fournisseur d’accès à internet (FAI) pour des raisons économiques ou sur injonction d’une autorité.

Pour bloquer un site, l’intermédiaire technique (le FAI) envoie des données mensongères en réponse aux requêtes de l’internaute. C’est une atteinte à la neutralité du réseau.

Malheureusement, un blocage déborde couramment sur des sites sans rapport avec la cible : on appelle cela le surblocage. Les sites bloqués peuvent aussi souffrir d’un long délai administratif de déblocage après suppression du contenu litigieux.

Autant de cas où accéder à ces ressources malgré un intermédiaire peu coopératif (ou zélé, selon le point de vue) peut être nécessaire. Heureusement, quelques minutes suffisent souvent pour cela. Voici deux méthodes.

Méthode 1 : ignorer les mensonges de son FAI

Une méthode de censure courante, car peu coûteuse, est celle du « DNS menteur ». Le DNS, ou serveur de noms de domaines, est comme un annuaire auquel notre navigateur s’adresse pour trouver un site.

Un DNS menteur est comme une fausse entrée dans les Pages jaunes : on a le bon nom mais la mauvaise adresse. Techniquement, un serveur de noms doit fournir la ou les adresses IP (exemple : 104.28.4.42) associées à un nom de domaine (exemple : thepiratebay.se). S’il ment et ne fournit pas la bonne adresse IP, impossible d’atteindre le site.

Accéder pleinement à internet ne peut donc être fait qu’en utilisant un serveur de noms qui ne ment pas. Si celui de notre FAI - utilisé par défaut par nos appareils - ment, il suffit d’en changer.

Commencer par noter l’adresse IP d’un serveur de noms de confiance. Nous suggérons ceux-ci :

Entrer ces adresses aux endroits appropriés du système. Des explications existent pour la plupart des systèmes :

  • GNU/Linux (Ubuntu, Debian) ;
  • Windows ;
  • MacOS ;
  • iOS (iPhone et iPad) ;
  • Android : aucune solution simple et sûre ne semble disponible.

Attention : des tutoriels conseillent les DNS de Google et OpenDNS. Le premier est discutable sur le respect de la vie privée vu le modèle économique de Google (exploitation de données personnelles), et le second est menteur.

Et voilà ! Face à un blocage par DNS menteur, cette opération vous permet d’accéder de nouveau à la ressource voulue.

Méthode 2 : utiliser Tor

Le navigateur Tor est une solution particulièrement simple à utiliser (pas de configuration) bien qu’elle repose sur une technologie complexe.

C’est un logiciel libre et gratuit qu’il suffit de télécharger et de lancer. C’est une version modifiée de Firefox qui redirige toutes les connexions à travers le réseau d’anonymisation Tor, pour en augmenter la confidentialité. Par la même occasion, cela contourne de nombreux types de blocage.

Il peut être toutefois moins confortable d’utiliser tantôt le navigateur Tor, tantôt son navigateur habituel selon les sites visités, d’autant plus si on a des préférences et sites favoris sauvegardés. De plus, ce navigateur impose certaines restrictions par sécurité, comme l’absence de certains plugins tels que Flash.

Enfin, utiliser Tor pour certaines opérations comme la banque en ligne ou la visite d’un site non sécurisé récoltant des informations personnelles est souvent à la fois inutile et déconseillé. L’outil ne dispense pas des habituelles précautions à prendre en ligne : utiliser HTTPS plutôt que HTTP, ne pas ouvrir n’importe quel document ou logiciel téléchargé.

Pour approfondir

Jusqu’à récemment, la censure d’internet était une pratique communément associée à des régimes autoritaires voire dictatoriaux.

C’est dans ce contexte qu’ont été conçus des guides et logiciels visant à la protection des données personnelles et au contournement de la censure. Aujourd’hui, ils deviennent indispensables à tout un chacun, au pays des droits de l’Homme comme ailleurs :



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