Le numérique est aujourd’hui omniprésent dans les établissements scolaires. Son usage est fortement soutenu depuis le « Plan numérique » et aujourd’hui sous « l’école de la confiance » de Blanquer. Mais son usage soulève de nombreux débats. Est-il réellement efficace dans les apprentissages ? A qui ce business profite ? Que disent ces choix de notre société et de la place des enseignants ? La matrice est universelle Néo...
Il semble que ce soit la nouvelle lubie de l’Education nationale : le numérique. Nouvelle ? Pas tant lorsque l’on retrace les ambitions économiquement intéressées des ministères Peillon et Vallaud-Belkacem. Les ingérences des géants et start-ups de la EdTech ne datent donc pas d’hier. Les multinationales du numériques sont en revanche décidées à grignoter les marchés publics pour intégrer les “outils pédagogiques” que représentent les nouvelles technologies. Et c’est le ministre macroniste Jean-Michel Blanquer, ancien directeur de l’ESSEC qui est chargé d’achever l’ouverture de l’école aux intentions des marchands d’écrans et programmes scolaires numériques en tout genre...
La sortie des Critiques de l’école du numérique aux éditions de l’Echappée offre un panorama globale et critique, à tous les niveaux (primaire, secondaire, supérieur) de la frappe idéologique qui se cache derrière le sens commun du tout-numérique. Idéologique ?
En effet, il semble qu’après des investissements conséquents au travers de multiples mesures encouragées par les gouvernements, les retombées pédagogiques soient particulièrement incertaines. De nombreux scientifiques échappant aux conflits d’intérêts par leur rigueur scientifique pointent l’inefficacité des réformes prises, l’impact concret de ces choix politiques et la pluralité des risques : sanitaires, environnementaux, pédagogiques, professionnelles…
Pour Philippe Bihouix, le numérique à l’école est un “désastre” aux impacts environnementaux et cognitifs grandissants. Pour Michel Desmurget, le tout-numérique développe une multitude de troubles psychologiques chez les jeunes. Enfin, Eric Sadin dénonce la dangereuse ’idéologie technolibérale venue tout droit de la Silicon Valley...
C’est en cela que cette ultime ingérence des industries capitalistes dans un secteur encore relativement épargné relève d’un assaut idéologique répondant à des intérêts marchands d’entreprises privées. On constate alors une forte progression du lobbying en tout genre autour de l’école publique ce qui explique la critique radicale présente dans l’ouvrage collectif.
Il ne s’agit pas pour les auteurs de rejeter drastiquement le numérique en tant que tel mais de le critiquer comme un des aspects d’apparition d’un modèle consumériste et capitaliste où la recherche de nouveaux marchés entraînent des décisions politiques inadaptées au terrain.
Pour aller plus loin, on vous propose deux formats longs, de François Jarrige, Amélie Hart-Hutasse et Christophe Cailleaux, enseignants et co-auteurs du livre Critiques de l’école du numérique.
François JARRIGE, Christophe CAILLEAUX, Cédric BIAGINI (dir), Critiques de l’école du numérique, L’Echappée, 2019.
Philippe BIHOUIX, Désastre de l’école du numérique, Seuil, 2016.
Eric SADIN, La silicolonisation du monde, L’Echappée, 2016.
Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital, Seuil, 2019.,
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