Récit et choses vues à la manif anti passe sanitaire du 11 septembre à Dijon



Ce samedi, comme tous les samedis depuis maintenant 8 ou 9 semaines, une manif contre le pass sanitaire avait lieu à Dijon. Petite originalité cette fois-ci : l’appel invitait à se rassembler devant le CHU « en soutien aux soignants ». Deux ou trois choses qu’on a pu voir pendant cette manif.

14h : Faux-départ au CHU
Autour du CHU des flics quadrillent les alentours : motards aux carrefours, compagnie d’intervention près de la morgue, et CRS dans l’enceinte de l’hôpital et pour barrer la rue devant les urgences. Il faut montrer patte blanche pour passer, mais de toute façon le peu de manifestant·es présent·es est éparpillé et prend rapidement le chemin de la place de la République en ordre dispersé. D’autres manifestant·es nous y attendent.

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14h30 : Place de la République
Plusieurs centaines de personnes attendent le départ de la manif. Sur la composition de la manif pas grand chose à ajouter à ce qui a déjà été dit dans les récits des précédentes manif antipasse dijonnaises : on voit un peu toutes les nuances de fachos et de complotistes, mais aussi beaucoup de gilets jaunes, des militant·es de gauche, des soignant·es. Le petit groupe réunit autour d’une ancienne conseillère municipale UMP de Beaune qui dirige ces manifs depuis leur début est bien présent, on a droit aux habituels discours antivax et conspis.

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Un curé en soutane dans la manif ?
Malgré l’affluence toujours importante de cette manifestation, on pouvait difficilement passer à côté de la présence d’un abbé en soutane au sein du cortège. Certain·es auront reconnu l’abbé Bernard Jouannic, membre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, une congrégation catholique intégriste intimement liée à l’extrême-droite. On s’étonnera (ou pas) de voir se cotoyer dans une même manifestation des personnes dénonçant un soi-disant « paSS nazitaire » et un dignitaire d’une congrégation qui a aidé l’ancien chef des collabos lyonnais Paul Touvier à échapper à la justice [1] et dont certains membres défendent des positions négationnistes [2].

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15h : Départ direction la place Darcy
Après les intenses gazages des semaine précédentes, aucun flic n’est visible aux alentours du cortège, qui peut donc tranquillement accéder au centre ville et manifester rue de la Lib’.

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15h30 : Choc des cultures place de la Libération
Sur place une trentaine de membres de la communauté afghane de Dijon sont rassemblés pour alerter sur la situation du peuple afghan, en particulier des femmes, depuis la prise de pouvoir des Talibans.
Du côté des manifestant·es antipasse les réactions sont contrastées : si certain·es montrent leur soutien aux Afghan·nes rassemblées, d’autres réactions sont plus hostiles, comme celle d’un vieillard qui leur beugle de « rentrer dans leur pays », plutot que de rester en France, pays que « ses ancêtres ont défendu en 39 » (l’imaginaire de la Résistance peut décidément être cuisiné à toutes les sauces). D’autres manifestant·es antipasse lui font pacifiquement fermer sa gueule.
Côté des organisateur·ices c’est guère mieux, puisqu’ils ne manifestent pas la moindre attention pour le rassemblement présent avant leur arrivée : ils installent leur sono (plus puissante) et commencent un énième discours sur « les dangers des vaccins ». Une manifestante leur suggère d’attendre la fin des discours de soutien au peuple afghan avant de commencer le leur et d’inviter des membres de ce rassemblement à s’exprimer à leur micro, elle se fait envoyer chier et traiter de « pétasse ».

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16h : "Vaccinez-vous"
Le cortège antipasse est reparti vers la rue Vauban et la rue Berbisey. Rue François Jouffroy un groupe d’une vingtaine de de jeunes hommes rassemblés devant un pub et tous habillés en t-shirt bleus commence à scander "vaccinez-vous, vaccinez-vous" sur l’air des lampions. Difficile d’y voir autre chose qu’une simple provocation, mais ca fait son effet et la tension monte. Un verre est jeté sur le cortège et on essaye de s’arracher des drapeaux. Certain·es manifestant·es s’interrogent :
« — C’était des fachos ?
— Non ils disaient putain de Français, ca peut pas être des fachos.
— Ils ont tous écrit "Perpignan" sur leur t-shirt. »
En se renseignant un peu on apprend que c’était en fait des membres de la "Tribuna Petrigniani", un groupe d’ultras du club de foot de Bastia qui jouait le soir même contre le DFCO.

Le cortège a ensuite remonté la rue Monge et la rue du Bourg. En plus de pas mal sentir le rance depuis le départ ça commençait à sentir la fin de manif, en tout cas ça l’a été pour nous.
Une prochaine manif est déjà appelée samedi prochain, a priori 14h place de la Rep’.

Des manifestant·es de la tendance "ni BFM ni RéinfoCovid"



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