Verdict le 25 mai pour MBF Aluminium à Saint-Claude


Jura

Le 27 avril au tribunal de commerce de Dijon, la mobilisation des salariés de la fonderie de MBF Aluminium, sous-traitante automobile basée à Saint-Claude dans le Jura a permis d’ouvrir des perspectives de reprise. C’est le mardi 25 mai que sera rendue la décision après l’étude des deux projets de reprise de l’activité. L’entreprise compte environ 280 salariés et les principaux clients sont PSA pour 75% et Renault 20% du chiffre d’affaires.

Extraits de la prise de parole Nail Yacin, secrétaire du syndicat CGT MBF

La restructuration de la filière fonderie orchestrée par les donneurs d’ordres et l’État est d’ores et déjà lancée. L’étude fataliste réalisée par le cabinet Roland Berger sur la filière fonderie a été présentée hier lors du comité stratégique de filière automobile où étaient présents 4 ministres Bruno Le Maire, Élisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher et Jean-Baptiste Djebbari

Ce rapport fataliste préconise une restructuration massive de la fonderie française automobile malgré qu’une croissance régulière de l’activité fonderie soit pointée, ce terrible scénario de restructuration est devenu la feuille de route des constructeurs et de l’État.

Cette étude illustre pleinement les conséquences des stratégies menées ces dernières décennies par les choix de délocaliser les activités dans les pays low-cost dans le but d’augmenter les profits.

Ce rapport prétexte une surcapacité de production en France.

Pour le syndicat CGT, il n’y a pas de surcapacité, et il ne devrait pas y en avoir à l’avenir, si l’on fait les bons choix pour défendre notre industrie et ses emplois.

D’ailleurs, ce que nous salariés de MBF vivons, illustre pleinement la stratégie mise en œuvre.

L’activité de l’industrie automobile, au-delà de la fonderie, dépend significativement du volume de moteurs et de véhicules assemblés dans les usines constructeurs de l’hexagone. Ces volumes n’ont cessé de diminuer au fil du temps et ont été quasiment divisé par deux sur la période 2018-2019.

Cette chute des volumes est largement liée à la politique de délocalisation des constructeurs. Elle a amené la France à perdre son rang dans le concert des nations qui comptent dans cette industrie, en particulier au sein de l’Europe.

Ces choix interrogent sur la responsabilité sociale et sociétale des entreprises de la filière, vis-à-vis de leur salarié et de leur territoire d’implantation. Tous ces emplois perdus ont un impact bien supérieur en emplois induits qui appauvrissent terriblement des bassins de vie.

Lors de la réunion du comité de stratégie de la filière automobile du 26 avril, le Ministre Bruno Lemaire réitérait, qu’il était déterminé à accompagner la transformation de l’industrie automobile, car la France doit rester une grande nation automobile.

Pourtant, le niveau de fabrication d’aujourd’hui fragilise toute la filière. Ce sont les conséquences des décisions des grands groupes, notamment des Français, sur les volumes de véhicules assemblés, mais aussi sur le volume de moteur.

Renault vient d’affecter encore davantage d’assemblages de modèles de véhicules en Espagne, ainsi que les volumes concernés pour la fonderie aux sous-traitant fondeurs espagnols.

Pour exemple : la fonderie MBF aluminium souffre de ce choix de délocaliser 2/3 de l’activité des pièces fabriquées pour des moteur Hybride et ceci malgré les engagements contractés par Renault, et ceci en réorientant les volumes à un Fondeur Espagnol. C’est 10 millions de chiffre d’affaires que Renault nous privent et que si nous les avions, cela permettrait de pérenniser les emplois et serait la solution d’un vrai projet de reprise et pas une solution pansement.

Les moteurs ont une importance majeure pour le secteur de la fonderie et il faut donc une localisation de leur fabrication, notamment pour les moteurs thermiques. Dans les choix récents faits par PSA et nous le regrettons (qui a longtemps produit la totalité de ses moteurs en France), il y a celui de n’affecter quasiment plus de nouvelle production fonderie sur le territoire. Notre fonderie MBF en paie les conséquences. Cela fait 3 ans maintenant que PSA n’affecte plus de pièce malgré que MBF ait été primé comme « Best of the best Plant » 3 année consécutive au sein de PSA.

Malheureusement, aujourd’hui nous sommes menacés pour notre avenir et nos emplois.

Les leviers de la pérennité de MBF ne sont plus du ressort des salariés, mais dépend directement de PSA et plus particulièrement de Renault qui ne respecte pas les engagements de volumes qu’il a contracté initialement avec MBF.

Il s’avère qu’aujourd’hui, ce désengagement de la part de Renault et les choix stratégiques de PSA sont un obstacle à la finalisation d’éventuelles offres de reprise, car les potentiels repreneurs n’arrivent pas à se positionner, faute de visibilité.

Malgré plusieurs discussions avec les constructeurs et l’Etat, ce flou concernant la réelle décision vis-à-vis de MBF hypothèque encore plus l’avenir du site et une reprise éventuelle.

À l’issue de l’audience tenue au tribunal de commerce de Dijon, les salariés ont voulu faire entendre leurs voix en entamant une lutte pour la sauvegarde de leurs emplois depuis le mercredi 31 mars, car aujourd’hui mardi 27 avril la liquidation pourrait être prononcée dans les heures qui suivent.

Le matraquage effectué sur la fin du diesel ou plus largement sur le moteur thermique n’est que stratégique. Ceci afin de délocaliser la production et améliorer la rentabilité financière.

Les choix de délocalisations de véhicules et de moteurs ont des conséquences très lourdes sur nos entreprises et nos emplois.

Nous considérons que l’État porte aussi une grande responsabilité lorsqu’il réduit les impôts de production ou encore en arrosant de fonds publics les grandes entreprises sans aucune contrepartie !!!

Pour rappel, en 2009 l’État a octroyé 6 Milliards à Renault et PSA, en 2014 c’est 1 milliard à PSA ou encore plus récemment les 5 milliards octroyés à Renault en juin 2020.

Pour la CGT, les aides publiques doivent être conditionnées :

  • Des contreparties de volume afin de maintenir de l’emploi,
  • Des contreparties d’investissements dans l’outil productif
  • Par de la relocalisation de pièce et ceci en répartissant les volumes afin que l’ensemble des populations des différent pays puissent vivre dignement.

C’est la raison pour laquelle, nous exigeons un plan de rupture avec les politiques industrielles menées jusqu’à maintenant, pour exiger des logiques de développements industriels dont la production de biens et des services répondent aux besoins de la population et aux défis environnementaux.

Comme je vous l’ai dit précédemment et ce que vous avez pu lire dans les médias ce matin, hier suite au comité stratégique de filière auto l’annonce d’un fond mise en place par le gouvernement est un scandale et une catastrophe pour les salariés des fonderies et de MBF.

Bruno Le Maire, Élisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher et Jean-Baptiste Djebbari ont annoncé un plan d’actions en faveur de la filière fonderie automobile. Pour nous, le gouvernement est au garde à vous devant les grands patrons de la filière Automobile.

Le gouvernement crée un fond de 50 millions d’euros avec un apport de 20 millions de Renault et PSA pour licencier les salariés des fonderies. Cela démontre l’impuissance de l’État fasse aux constructeurs automobile Français sur l’incapacité à contraindre les 2 constructeurs à respecter leurs engagements et à relocaliser des volumes en France. Les deux constructeurs dans leur stratégie purement financière a pour objectif d’envoyer les salariés des fonderies par milliers au chômage et à aggraver la désertification et la désindustrialisation des territoires.

Nous salariés de MBF ne souhaitons pas autofinancer nos licenciements par nos impôts, mais proposons d’avoir un volume de commandes qui pourrait pérenniser notre emploi et continuer à vivre dans notre territoire.

Nous réitérons notre demande de tenir une véritable table ronde entre l’état, les constructeurs et MBF .



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