Visite de Macron à Dijon : l’envers du décor



Une visite chahutée dans un quartier de la Fontaine-d’Ouche transformé en village Potemkine.

Ce lundi 28 mars, Emmanuel Macron était en visite à Dijon, au quartier des Marcs d’Or et de la Fontaine d’Ouche. Suivi de près par François Rebsamen, qui a récemment apporté son soutien au candidat autoritaire et antisocial, Macron lancait ainsi pour de bon sa campagne sur le terrain.
Le président-candidat a visité le lycée pro des Marcs d’Or, la Maison Phare [1], et une école de cuisine. Son passage à Dijon a aussi été marqué par un bain de foule sous haute surveillance place André-Gervais. Une visite plus chahutée qu’il n’y parait, si l’on regarde au-delà des images savamment sélectionnées pour alimenter les clips de campagne.


Dés la veille de cette visite, la Maison Phare s’était fendue d’un communiqué qui, sous couvert de neutralité, sonnait comme une désolidarisation :

La Maison-Phare « ne soutient pas de candidat »
 
Suite à plusieurs commentaires questionnements liés à la visite du candidat Emmanuel Macron sur le quartier de la Fontaine d’Ouche et plus particulièrement à la Maison-Phare, l’association "la Maison-Phare" souhaite clarifier sa position de neutralité dans le cadre de cette campagne présidentielle et ne souhaite en aucun cas être associée à un quelconque soutien à tel ou tel candidat·e. Cette visite se déroule dans le cadre d’une initiative et d’un protocole politique indépendant de notre organisation associative.
En tant qu’association d’éducation populaire, il est primordial de garder cette neutralité.
Pour le Conseil d’Administration, Djamel Sayad

Helène Planckaert, animatrice de l’association Maison Phare, précise au BP [2]
« On ne soutient pas de candidat. Ni un tel, ni un autre. Le bâtiment où nous sommes est un bâtiment municipal, qui a été réquisitionné pour la venue d’Emmanuel Macron à Fontaine d’Ouche. L’association, elle, en tant qu’acteur d’éducation populaire, à un devoir de neutralité. On voulait juste le rappeler. Un représentant des associations d’éducation populaire doit s’entretenir avec le président Emmanuel Macron. »

Sur la place André-Gervais, l’ambiance était là aussi loin du soutien unanime que certaines images ont laissé imaginer. Dans son live, le Bien Public [3] témoigne ainsi de l’ambiance :

On peut entendre des « Macron président » et beaucoup d’excitation... Mais aussi quelques huées.

Des huées courageuses, puisque qu’on apprend plus loin que :

Quelques personnes ont crié « Macron démission » avant d’être exfiltrées.

Une gilet jaune résidante dans le quartier explique :

On a voulu exposer une banderole ’’Macron dégage’’, mais on a été empêché de le faire par la police.

Un habitant du quartier a pu interpeller Macron sur la question des salaires. « Je lui ai dit, « il y a quelques années avec mon salaire et celui de ma femme, je pouvais mettre de l’argent de côté, me faire plaisir et partir en vacances. Aujourd’hui, c’est fini ! Je suis un travailleur pauvre. [...] Vous savez ce qu’il va se passer un jour ? Je vais arrêter de travailler, ça sert à rien de travailler aujourd’hui » [4].

Quant à la spontanéïté des "Macron président" qui pouvaient être entendu sur place, certains éléments laissent songeurs. Dans la vidéo ci-dessous on reconnait ainsi le conseiller municipal macroniste Georges Mezui entrain d’haranguer une foule d’enfants, les encourageant à crier les slogans macronistes.

A lire sur Twitter

Globalement, tout sonnait faux dans ce bain de foule. Le BP [5] [6] décrit ainsi l’agitation qui anime le quartier avant l’arrivée de Macron. « Des balayeuses enchaînaient les allers-retours pour nettoyer la chaussée, tandis que des paysagistes taillaient la végétation sur la place André-Gervais. Un important dispositif de forces de l’ordre avait été aussi dressé pour assurer la sécurité. Bref, tout devait être nickel pour la venue du chef d’État en campagne ». Ce qui n’a pas manqué de susciter quelques commentaires ironiques de la part d’habitant·es du quartier.

Ca serait bien qu’il vienne tous les jours : ça n’a jamais été aussi propre et sécurisé.

Moi, j’en ai rien à faire que le Président vienne ici. Les gens qui habitent ici ne votent pas Macron [...]. En tout cas, on sait qu’il arrive : le quartier est tout propre. Le maire va lui montrer les travaux qu’il a fait dans le quartier. Il faut bien qu’il justifie l’argent que l’État lui a donné.


Du côté des syndicats la critique, là aussi, est acerbe.
La FSU Côte-d’Or et Bourgogne-Franche-Comté dénonce tout particulièrement le discours du président-candidat sur l’éducation :

La FSU ne peut pas laisser dire M. Macron avec cynisme qu’il a eu le souci de l’éducation, quand on met en regard de ses belles paroles le bilan de ce quinquennat : 531 postes d’enseignant·es supprimés dans notre académie, la casse du lycée, la mise en place de Parcoursup...
La FSU dénonce la façon dont le pouvoir tente de cacher, derrière l’arbuste du dédoublement des CP-CE1 en éducation prioritaire (mais rien pour les CE2-CM1-CM2), la forêt des besoins criants dans l’ensemble des écoles du premier degré. La mise en concurrence des écoles, tout en favorisant l’enseignement privé, les dotations globalement insuffisantes et l’obsession affichée des fondamentaux étriqués (lire-écrire-compter) sont loin de permettre la construction de bases solides pour les élèves, et creusent les inégalités scolaires liées aux inégalités sociales.
La FSU dénonce l’intérêt affiché du président-candidat Macron pour l’enseignement professionnel, qu’il entreprend en réalité de privatiser et dénaturer. En effet il est significatif qu’il ait visité, après le LP des Marcs d’Or, une école de production, établissement privé en partie financé sur fonds publics par la taxe d’apprentissage, soit autant de ressources en moins pour les lycées professionnels publics, qui accueillent le tiers des jeunes en lycée de notre pays : 650 000 élèves, pour moins de 10 000 en écoles de production.
Ce sont les lycées professionnels qui accueillent le plus les jeunes en décrochage et en difficulté sociale. Le budget annuel qui leur est consacré est de 4,5 milliards quand 10 milliards ont été dépensés depuis le covid pour l’apprentissage en niveau post-bac, laissant pour compte l’apprentissage en lycée professionnel.

La FSU dénonce aussi la forme qu’à pris cette visite :

Quartier bouclé et nettoyé plus que de coutume, manifestant·es empêché·es ou exfiltré·es, M. Macron s’est payé un bain de foule aseptisé et a pu dérouler sans opposition son discours idéologique néo-libéral et inégalitaire.

Une critique qu’on retrouve du côté de Solidaires 21, qui organisait ce jour-là un contre rassemblement pour interpeller le président-candidat sur se mesures antisociales (« les premières annonces vont fortement impacter les personnes déjà les plus fragiles (départ à la retraite à 65ans, RSA restreint sous conditions, déploiement du Service National Universel, recyclage du « travailler plus pour gagner plus », etc) »).

Nous regrettons une nouvelle fois que la préfecture ait décidé de mettre en place une nasse policière ciblant particulièrement des militant.e.s de notre organisation et nous dénonçons, une nouvelle fois, cette volonté de faire taire les oppositions. La satisfaction ? Macron a annulé sa déambulation avenue du lac !
Ce que nous pouvons dire de cette visite, c’est qu’au lycée des Marcs-d’Or, le président-candidat a été accueilli par de multiples sifflets. Lors de son arrivée dans les locaux de la Maison-Phare, il y avait très peu de personnes et celles-ci lui ont exprimé leurs souffrances engendrées par la politique menée depuis cinq ans. A noter, la police a évacué de nombreuses personnes sifflant Macron. Enfin, lors de son arrivée sur la place du marché, les habitant.e.s ont exprimé une colère légitime à l’aide d’huées très nourries !
Une visite chahutée démontrant bien la nécessité de se mobiliser contre les nombreuses mesures antisociales prônées par Macron dans le cadre d’une éventuelle réélection !

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Communiqué de Solidaires 21
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