La notice Wikipedia (qui diable a pu la rédiger ?) « Bruno Retailleau », si vous vient l’envie aussi urgente qu’incompréhensible de la consulter, indique qu’il est âgé de 64 ans. Or, à Dijoncter, nous savons qu’il n’en est rien. Notre équipe de journalistes d’investigation l’a identifié sur un cliché en date du 24 octobre 1929. Il joue au banquier et fait semblant de fumer le cigare. Il a la même tête qu’aujourd’hui en dépit de son jeune âge.
Né le 11 novembre 1918 et nationaliste dès son premier cri, il grandit à l’ombre du général Boulanger et de Doriot, et se promet qu’un jour, il sera le Chef incontesté de la chrétienté blanche, rasée au-dessus des oreilles. Le sort en a décidé autrement et pendant de longues années, en dépit de sa tendresse pour les villes de cure, des services rendus à l’Afrique équatoriale française et de ses efforts constants pour éradiquer la chienlit, il reste inconnu du grand public jusqu’à son accident en gare de Vézelay où il chute sur les rails après avoir dérapé sur un chapelet égaré par un pèlerin. Il n’a dû son salut qu’à un pompier, secouriste en civil, qui attendait le train de 10h33 pour visiter sa grand-mère à Auxerre. La suite est classée « Secret Défense » et nul n’est en mesure d’expliquer sa cryogénisation aux côtés de Han Solo et de Walt Disney (parenthèse hors-sujet, une rumeur court, le père de Mickey est encore vivant en mode esquimau glacé !) . Tout ce que l’on sait, c’est qu’il réapparaît, intact mais les traits creusés, aux côtés d’Emmanuel Macron, président de la République Française depuis 2017.
Sa réadaptation au monde d’aujourd’hui s’est faite sans peine puisque plusieurs figures du monde politique actuel lui sont familières. Il s’est fait de nombreux et nouveaux amis, en France et en Europe. Il a réactivé la chasse aux métèques, ouverte toute l’année contrairement à celle du gibier d’eau. Il ne sait pas, en revanche, que Mussolini est mort et pense que Giorgia Meloni est une des maîtresses du Duce.
Vous n’aimez pas les fables depuis que l’on vous a forcé-e-s à apprendre par cœur « Le Loup et l’Agneau » ? Vous avez raison, elles rendent supportable l’horreur. Rien ne vaut la réalité crue qui rend malade à savoir que la France, depuis que son président a dissous l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, s’enfonce chaque jour davantage dans les eaux noires du fascisme Superdupont made in France, saison 2.
Je n’ignore pas que de nombreux médias et penseurs raisonnables, amis de la juste mesure, récusent l’utilisation du mot « fascisme », se récrient et évoquent le « point Godwin » ou la « fenêtre d’Overton », glosent sans fin sur « l’illibéralisme » pour faire sérieux, ce qu’aucun migrant frappé d’OQTF et en centre de rétention pour cause de mauvaise nationalité de naissance, n’a le temps de faire. Quand on arrive, après une traversée de la Méditerranée, sans les croisières Costa, Godwin, Overton et l’illibéralisme, on s’en tape.
La galerie d’individus sinistres qui remplit ou a rempli les fonctions de ministre depuis l’été 2024 donne le vertige. Trois d’entre eux font peur, respectivement, premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Ministre de la Justice qui transforment la France en parc d’attractions pour « honnêtes-gens » qui veulent vivre « en paix » et envoient les petits enfants découvrir les vertus de la charité chrétienne à Bétharram, dans le Béarn, fief de feu Henri IV. Dans ce lieu miraculeux, pas de cantine halal pour les mouflets qui sont toutes et tous français de souche et égaux devant le Père supérieur, tactile et affectueux.
Dans la France de 2025, on vit entre soi, au chaud dans son biotope sociologique, chacun avec sa chacune (pas de laxisme wokiste et de couples hybrides et malsains) on ne sort plus au-delà de 20h et, quand on a trois picaillons, on s’achète à crédit une piscine pour mettre dans son jardin de 100 mètres carrés afin de lutter contre le réchauffement climatique, les pieds dans l’eau. On sait aussi reconnaître un arabe à l’œil nu. On écoute Sophia Aram (à qui Macron a décerné le "prix de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme" le 2 avril en même temps qu’à l’animateur Arthur, si, si, cela n’est pas une blague) chaque matin sur France Inter déblatérer sur LFI antisémite, une névrose obsessionnelle assez répandue en ce moment et on signe des deux mains la Tribune du Monde, à l’initiative du collectif "Nous vivrons" qui affirme sans rire :
« Le sionisme, c’est un idéal d’émancipation, un ancrage durable, un barrage à la haine, un rempart à l’extermination. ». François Hollande, Aurore Bergé et Elizabeth Badinter sont signataires.
Les Gazaouis, à la veille de de se faire anéantir par les humanistes sionistes, apprécieront. Leurs enfants aux yeux caves et aux côtes saillantes, souffriront moins, une fois mort-e-s. Ils pourront toujours, avant de se faire tirer dessus par un drone, écouter une dernière fois la chanson de Yuval Raphael, candidate d’Israël à l’Eurovision « New Day will rise ».
Comment rester courtois-e-s, gentil-l-es et même sensé-e-s, pour décrire le monde de cinglés dans lequel on fait semblant de vivre le moins mal possible ? Un monde où le vivant se transforme en charogne que les insectes ne dévoreront pas car ils disparaissent, où l’aspiration impérialiste et le désir/délire d’invasion n’ont jamais été aussi forts, où des vieillards au teint orange, au visage figé, au verbe mortifère se partagent la planète lors de rencontres bunkerisées « sous haute surveillance ». Le degré d’humanité se mesure, paraît-il, à la capacité de rester calme, affable quand se déchaîne la barbarie et que l’homme occidental, entre autres fossoyeurs planétaires, que l’on croyait assagi, « résilient » comme dirait un éditorialiste de Libération qui a lu Boris Cyrulnik en diagonale, se déchaîne à nouveau avec une fougue et une violence dignes de sa jeunesse perdue (mais retrouvée selon toute apparence).
Demain peut-être je me réveillerai et apprendrai que Tsahal l’humaniste a rasé Gaza pendant la nuit et que l’Ukraine, découpée comme un quartier de bœuf, se vide de son sang sur le sol de l’abattoir. Les journaux en feront leur une.
Inutile de s’appesantir sur notre chagrin et notre sort de « témoin impuissant-e ». On préfère relire le récit de la bataille de Little Bighorn au cours de laquelle Crazy Horse, Gall et Lame White Man des chefs Sioux et Cheyennes ont gagné la bataille contre Custer et ses soudards. Ni pour se payer d’illusions ou retomber en enfance car l’histoire ne s’est pas bien terminée pour les natifs.ives amérindien-n-es mais pour se convaincre que ce qu’il reste de rectitude morale et de courage en nous peut encore abattre des montagnes. On ne remercie jamais assez celles et ceux qui, contre vents et marées, ne l’oublient pas et œuvrent à rendre le monde plus respirable.
Mot de la fin
J’ai vu, il y a peu, le film documentaire de Claire Simon, Apprendre, tourné dans une école élémentaire d’Ivry-sur-Seine. Retailleau a perdu la partie. Dans la cour de l’école, des enfants de toutes origines, avec ou sans religion, se chamaillent, se réconcilient et ne savent pas que là-bas, place Beauvau, on poursuit le fol et vain espoir d’épurer et de faire bouillir à 90 degrés la société française, pour la faire rétrécir. Les gamins s’en moquent . Prenons modèle sur eux.
Hibernatus Retailleau a perdu, oui, mais chut, il ne le sait pas. Il écoute « Petit papa Noël » sur son Tepaz .
Martine-apprend-la-lutte
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