« Valeurs actuelles » comme boussole.
Le 18 décembre 2021, la Municipalité de Besançon a annoncé vouloir accueillir jusqu’à « 300 réfugiés » par an. Une nouvelle qui tranche avec la politique menée jusque là, plusieurs associations s’étant exprimées durement ces derniers mois [1]. Mais soit. Sans surprise le camp conservateur a condamné le principe même de cette audace, son principal porte-voix le LR Ludovic Fagaut opposant sécurité, jeunesse, ou quartiers, face à « un tel flux migratoire. » Et laissant sa cohorte de retraités boomers achever la réflexion, par une litanie de commentaires caricaturaux et insultants.
Un florilège habituel de réactions qui n’est jamais modéré, bien que relevant de la responsabilité de l’intéressé. Pêle-mêle, nous avons encore ici droit aux fameux « et nos SDF ? », « des connasses comme elle faire rentrer des migrants bien voyon », et autres « voter Zemmour » (sic). Il ne fallait sans doutes pas trop attendre de nuances sous un partage du magazine d’extrême-droite « Valeurs actuelles », spécialiste notoire des fakes-news, allusions antisémites, tribunes putschistes, ou diverses injures racistes et provocations à la haine, qui lui ont valu plusieurs condamnations.
Le sens de l’histoire.
Qu’ils soient issus de « l’étranger » (Helvètes, Ibériques, Italiens, Maghrébins, divers…) ou du « monde rural » (principalement des campagnes comtoises), nombre « d’allochtones » ont pourtant fait la richesse de cette ville [2] [3]. Fondation du pôle manufacturier horloger, apport des contingents de l’armée coloniale, bonne marche des usines, renforcement de la Résistance, construction des grands ensembles, en sont autant d’aspects pour la capitale comtoise et à l’époque contemporaine. Voir « l’autre » comme un chiffre ou une charge, c’est d’abord nier la réalité.
Un panorama dans lequel s’inscrivent les réfugiés fuyant menaces et persécutions, dont les centaines de Juifs de la fin des années 1930, 1 350 espagnols pour la seule année 1939, 250 familles Harki dans les années 1960, ou encore « Boat People » à partir de 1975. Alors que plus personne ne s’hasarderait à dépeindre ces arrivées en péril pour la cité et ses habitants, à l’époque déjà les attitudes xénophobes n’étaient pas rares. Cette fois encore l’histoire ne pourra que donner tort aux opportunistes de tous poils, friands de misère sociale et de dérapages ultranationalistes [4].
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