En ce 24 mars 2022, des élus métropolitains s’apprêtent à voter la modification n° 1 du Plan Local d’Urbanisme intercommunal Habitat et Déplacements (PLUi-HD), sans une vraie analyse sur le besoin en logements et sous couvert de grandes promesses environnementales.
Nous, collectif d’associations agissant, entre autres, dans nos quartiers et communes pour la promotion et la défense de l’environnement de la métropole dijonnaise, exprimons nos réserves suite à l’enquête publique relative à la modification n° 1 du PLUi-HD.
Nous dénonçons l’absence d’une politique d’urbanisme cohérente à l’échelle des quartiers de la part de Dijon Métropole. Les méthodes employées et le recours à des partenaires publics et privés pour dessiner l’avenir de nos communes ne laissent pas de place à la parole et aux besoins des citoyens. Nous proposons un urbanisme participatif, sobre et soutenable pour l’agglomération dijonnaise et nous affirmons qu’il est possible de faire autrement, notamment par la réutilisation du bâti existant !
Un mépris de l’expression citoyenne
Dès l’enquête publique relative à l’élaboration du PLUi-HD en juin 2019, les citoyens métropolitains et les associations de quartiers et de défense de l’environnement ont contribué à hauteur de plus de 1 300 observations, remarques et pétitions.
Que deviennent les recommandations formulées par la commission d’enquête en août 2019, parmi lesquelles :
- « s’appuyer sur les associations de quartier pour permettre une concertation préalable aux opérations importantes,
- maintenir une politique de transparence des décisions, signe de vitalité de la démocratie,
- réviser et développer le schéma des pistes cyclables »
Une nouvelle fois, une mobilisation exceptionnelle a eu lieu en novembre dernier lors de l’enquête publique pour la modification du PLUi-HD : plus de 360 contributions de particuliers, d’associations et de collectifs ont dénoncé à 99 % la politique urbanistique menée par Dijon Métropole.
Ces consultations, liées aux obligations légales, servent de caution pour imposer des règlements d’urbanisme irrévocables. Ces choix reproduisent de manière amnésique les échecs des années 60-70 dont nous subissons encore les conséquences dans nos quartiers.
La parole des habitants et l’expression démocratique dérangeraient-elles les élus de la métropole ?
Un urbanisme incohérent qui compromet la santé, le bien-être de la population et la biodiversité
A vous, nos ÉLU.ES, voici notre éclairage sur les travers de ce PLUi-HD qui, en l’état, démontre que l’avenir de la métropole et de ses habitants se décide en faisant fi des alertes des scientifiques et des sociologues sur l’urgence de changer totalement les modes de penser l’urbanisme.
Voici quelques incohérences que nous relevons :
• Comme vous le formulez dans le document explicatif de la modification du PLUi-HD, votre objectif n° 1 est : PROMOUVOIR LA NATURE EN VILLE ! En pratique sur le terrain, peut-on dire que la construction de près de 1 000 logements pour les sites de projet Terrot-DREAL-Voltaire dans un quartier déjà dépourvu d’espace vert corresponde à ce slogan ? Peut-on dire qu’une augmentation de 66 % du nombre de logements pour les sites de projet de l’ex-CPAM et de Kennedy à Chenôve corresponde à ce slogan ?
• Pour privilégier l’option du neuf, quelles études globales avez-vous conduites pour démontrer que la rénovation coûte plus cher ? Pourtant, rénover génère du travail pour de nombreux artisans et s’avère plus économe en ressources naturelles. Nous sommes convaincus que l’urbanisme doit se penser sur le long terme, en respectant la mémoire des quartiers qui fait l’histoire de notre ville, et non en ayant une logique de profit immédiat.
• Nous dénonçons la destruction de plus de 200 hectares de terres agricoles condamnées par la création de zones d’activité telles que Beauregard-Longvic, Écoparc-Saint Apollinaire et Valmy-Dijon. La préservation de ces terres à vocation d’autonomie alimentaire constitue, pourtant, le motif majeur invoqué pour empiler des milliers d’habitants dans de grands ensembles pauvres en espaces verts et de respiration. Où est la logique ?
• Notre patrimoine arboré dijonnais est faible par rapport à celui d’autres villes de taille voisine
(18 % à Dijon, 24 % à Besançon, 25 % à Montpellier - source Kermap). Il faut préserver l’existant et
« réarborer » fort et vite ! Quelques jeunes baliveaux, brumisateurs ou terrasses végétalisées sur
30 cm de substrat ne pourront jamais compenser les arbres matures abattus ou la disparition de la pleine terre. Nous avons une pensée particulière pour les arbres centenaires du parc Montmuzard et tant d’autres qui subissent le même sort ici et là.
• Les nombreuses discontinuités écologiques et les étranglements de la trame verte et bleue de l’Ouche, induits par les sites de projet constituent autant d’atteintes irréversibles à une biodiversité fonctionnelle en ville et au paysage urbain. Dans le contexte du changement climatique, seule la reconquête de la pleine terre rétablira les équilibres.
C’est votre responsabilité aujourd’hui envers nos enfants et les générations à venir de prendre en main ces questions.
Pour une refonte générale de l’urbanisme à Dijon
Pour éviter ces préjudices irréversibles, nous proposons la création d’une « commission » de réflexion et d’harmonisation de l’urbanisme à l’échelle des grands quartiers de l’agglomération. Elle serait composée d’experts en urbanisme et en architecture, de scientifiques et sociologues, d’associations oeuvrant pour la protection de l’environnement, d’habitants et d’associations de quartier.
Vous, nos ÉLU.ES, écoutez les citoyens, experts du quotidien, qui vous ont mandaté pour prendre soin d’eux !! Acceptez la concertation, le dialogue et la diversité des idées ! Des méthodes urbanistiques concertées et compatibles avec l’exigence climatique, la protection de la biodiversité et de la qualité de vie des habitants, sont possibles. Nous avons eu l’occasion de les exprimer dans notre document « Pour un urbanisme participatif, sobre et soutenable de l’agglomération dijonnaise » publié le 13 novembre 2021.
Nous appelons les habitant.es de l’agglomération qui veulent que la politique d’urbanisme change, à se rassembler, munis de bâillons et de panneaux explicatifs sur les incohérences urbanistiques de leur quartier, le jeudi 24 mars à partir de 17h devant le siège de Dijon Métropole, 40 avenue du Drapeau à Dijon.
Communiqué du 21 mars 2022
Associations signataires :
Bien vivre dans le quartier Larrey - Cayen Environnement - Comité de Quartier de la Montagne Sainte Anne - Ensemble Pour Chenôve - Les Amis des Hauts de Dijon - Les Ami-es des Jardins de l’Engrenage - Les Ami-es des Lentillères - Les Habitants de Mirande-Montmuzard-Université de Dijon (H2MU)
avec le soutien de :
ATTAC 21 - Collectif du Quartier des Ateliers - France Nature Environnement Côte-d’Or - L’Atelier d’écologie politique "Penser les transitions" - Association Préservons Nos Arbres en Ville - FSU Côte d’Or
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info