1993 : Arrivé des Spiral Tribe en France avec les free parties dans leur kamtar, ils ont sorti la techno du secteur commercial pour la rendre plus libre en créant des zones d’autonomie temporaire. Fleurissement de sound-system en France.
juillet 1993 : Premier teknival [1] d’une longue série, dans la région de Beauvais en juillet. A partir de l’année suivante ils se multiplient dont celui du 1er mai qui aura lieu chaque année.
1994 : Criminal Justice and Order Act. Loi anglaise qui criminalise les rassemblements de plus de 20 personnes avec de la musique répétitive.
mai 1995 : Circulaire Pasqua “Les soirées raves : des situations à hauts risques” pilotée par la MILAD (Mission de lutte anti-drogue) du Ministère de l’Intérieur déclare la guerre aux soirées techno. Nombre de Raves sont annulées ou interdites ce qui favorise la politisation du mouvement (création de Technopol et de Techno+) et l’essor des Free parties.
1997 : Les associations de RdR [2] du milieu techno (Techno+, Le Tipi, Keep Smiling, Médecins du Monde…) sont les seules à être identifiées par les pouvoirs publics et les médias lorsqu’ils cherchent à rencontrer le mouvement.
1998 : Circulaire Intérieur-Défense-Culture “Manifestations rave et techno” qui renforce le contrôle policier des fêtes sans autorisation préalable.
Janvier 2000 : Naissance du Collectif des Sons au niveau national suite à la première rencontre inter-sons près de Lyon organisée par Kanyar.
Mai 2001 : Thierry Mariani, député RPR [3], dépose un amendement repris par Daniel Vaillant, ministre socialiste de l’Intérieur, pour le projet de Loi sur la Sécurité Quotidienne (LSQ), visant à éradiquer les grands rassemblements en autorisant la saisie du matériel de sonorisation. Le mouvement se fédère contre cette offensive politique : manifestations, fêtes revendicatives, pétitions etc. Le débat public est tel que Jacques Chirac, lors de son allocution présidentielle du 14 juillet 2001 aura cette fameuse phrase « Les rave-parties en soi ne posent pas vraiment problème. Ce qui pose problème, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui les free-parties, c’est-à-dire les rassemblements de plusieurs centaines voire de plusieurs milliers de gens dans le secret le plus total avec plusieurs conséquences, aucune sécurité - et on a vu les accidents qui sont intervenus -, avec souvent la dégradation de biens personnels, sans qu’il y ait le moindre responsable. »
En novembre la LSQ incluant l’amendement anti-free party est votée dans la foulée des mesures sécuritaires suite aux attentats du 11 septembre 2001.
3 mai 2002 : le décret d’application de l’article 53 de la LSQ, dit décret Vaillant est signé par le Premier ministre Lionel Jospin. La loi entre en application en plein tekos [4] du 1er mai.
Août 2002 : Tekos du col de Larche. Premier tekos après la loi Mariani, les autorités cherchent à l’empêcher mais sont dépassées. L’état change alors de stratégie et décide d’encadrer les quelques teknivals qui subsistent tandis que les grosses free parties de plusieurs milliers de personnes ont quasiment disparu.
Mai 2003 : Premier Sarkoval, teknival légal et surmédiatisés. Les sarkovals rassemblent de plus en plus de monde, jusqu’à 90 000 personnes et 150 sound system en 2004 ! Encadrés par des dispositifs de police gigantesques, ayant lieu sur des sites militaires (bases aériennes…) et parfois même grillagés, ces sarkovals ne font pas l’unanimité et sont accusés d’avoir perdu l’âme libertaire propre au mouvement. Certains collectifs les boycottent.
Juillet 2003 : Affrontement entre teufeurs et force de l’ordre pendant le teknival des Veilles Charrues en Bretagne. Un teufeur perd la main à cause d’une grenade offensive.
Été 2005 : Premier Fuck Sarkoval dans le sud. Quelques autres, discrets suivront et ouvrent la voie à de possibles gros évènements sans concertations avec l’État.
La police tue un teufeur lors d’une charge au teknival de République Tchèque. Les teufeurs se mobilisent partout en Europe.
2006 : Après 3 ans de négociation, l’État augmente le seuil de participants en free party de 250 à 500 dans le décret d’application.
Création de Technotonomy, association du Grand-Ouest de médiation entre les sound-system et les pouvoirs publics qui va œuvrer pour l’obtention d’autorisation d’évènements de plus de 500 personnes.
Première manifestive européenne à Strasbourg suivi d’un tekos pour dénoncer la répression.
2007 : Premier teknival des Insoumis en parallèle du sarkoval du 1er mai. Juste après Nicolas Sarkozy devient président de la République et passe le dossier des free parties à Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, qui commande un rapport parlementaire sur les teknivals.
Mai 2008 : Tandis que l’Etat organise seul un teknival en parallèle de celui du Collectif des Sons, le député Jean-Louis Dumont rend son rapport sur les teknivals dans lequel il recommande la mise à disposition de terrain, l’augmentation du seuil à 900 participants en free party, le soutien aux sound-system et aux assos de RdR, etc. La ministre de l’Intérieur se dépêche d’enterrer le rapport.
Voyant qu’il ne sera plus possible d’obtenir quoi que ce soit le Collectif des Sons laisse la place à plusieurs collectifs locaux existants : Cassoulet, Korn’g Heol, Fat-bass…
2008 : Apparition des multisons, sorte de mini-teknivals régionaux légaux sur 2 jours, suite à l’action de Technotonomy. A part en Bretagne cette année-là, les tentatives similaires en France se soldent par des refus de la part des préfectures. Le terme multison restera pour désigner le même type de teufs autorisées ou pas.
Mai 2009 : La plus grosse saisie de matériel de sonorisation de l’histoire (1,6 millions d’euros de matos) par l’État a lieu suite à la tenue du tekos du 1er mai qui pour la première fois depuis 2003 n’était pas co-organisé par le ministère de l’Intérieur. Le même weekend des saisies ont lieu également lors d’évènements plus petits dans l’est et le sud. S’ensuit une escalade de la répression face à un mouvement déterminé à retrouver sa liberté…
2010 : Ne se contentant pas de réprimer les soirées dites illégales, l’État met également des bâtons dans les roues des multisons légaux. En fin d’année, à la Rav’olt, violents affrontements entre teufeurs et policiers : une teufeuse défigurée à cause d’un flashball.
2011 : Technotonomy devient Unis-Sons pour se consacrer à la défense des sound-system en se servant notamment du poids du teknival légal du 1er mai pour tenter de négocier un assouplissement répressif et réglementaire. Pourtant la répression progresse et se sont, après les orgas, les teufeurs qui sont de plus en plus souvent victimes avec le développement des amendes relatives au code de la route et la généralisation des contrôles salivaires de stupéfiants.
2012 : Techno+ crée un observatoire de la répression et collectionne les témoignages : surveillance des médias sociaux et pression “préventive” sur les organisateurs ou les propriétaires de terrain et les maires qui donnent des autorisations, saisies abusives, amendes systématiques des véhicules, violences matérielle et physique…
2013 : Convergence des branches autonomistes et légalistes du mouvement et pour dénoncer et lutter contre la répression. Techno+ lance un manifeste qui sera signé par 15 000 teufeurs ainsi qu’un communiqué de 20 acteurs sanitaires de la scène techno. En fin d’année ont eu lieu trois évènements revendicatifs réussis à Nantes et Rennes qui vont donner le ton pour la suite.
Février 2014 : Les négociations avec L’État reprennent de façon unitaire, d’abord avec le ministère de l’Intérieur puis avec celui de la Jeunesse à qui le dossier est refilé : les Insoumis, Unis-Sons, Techno+ et bien d’autres y participent et tentent de changer la loi.
Mars 2014 : Unis-Sons devient Freeform, lance le fonds de soutien juridique des sounds systems et organise les premières rencontres nationales de la Fête Libre.
2014 : C’est un festival d’actions : teknival, manifestives, opérations escargots… Les promesses ne se concrétisent pas mais le mouvement s’organise au niveau national comme jamais. De nouveaux collectifs se créent.
2015 : L’année démarre avec des manifestations simultanées dans 41 villes tandis que que deux organisateurs de la Rav’olt de 2010 sont condamnés à 191 000 € d’amende. Le collectif national tente une dernière série d’actions revendicatives avant l’été puis laisse tomber le dialogue avec l’État.
Mai 2016 : Le teknival du 1er mai redevient unitaire autogéré sans concertation avec l’État.
2017 : Naissance de la Coordination Nationale des Sound system (CNS) regroupant le Collectif de la Fête Libre, le Collectif des Sound System d’Ile-de-France, le Collectif des Insoumis, le Collectif Résistance Centre, le Collectif des Sound-Systems Bretons, le Collectif ABC, KoaliSon Nord-Est et le Collectif Réagis-sons. Ils interpellent le nouveau gouvernement en vain.
2018 : La CNS reprend en gestion le fond de soutien juridique initié par Freeform. La bataille juridique est celle qui permet le plus d’avancées concrètes.
Le député Thierry Bazin dépose un projet de loi visant à doubler la durée des saisies et à punir de peine de prison les organisateurs.
2019 : Une charge policière sur la scène techno lors de la fête de la musique cause la mort d’un participant. L’enquête est toujours en cours.
Le Sénat adopte une loi qui étend le régime de déclaration aux évènements de moins de 500 personnes et renforce les sanctions prévues pour les organisateurs.
Mai 2020 : Pour la première fois depuis 1994, le teknival du 1er mai n’a pas lieu à cause du premier confinement strict de la population dû à l’épidémie de COVID-19.
Décembre 2020 : L’épidémie de covid-19 permet d’alourdir la répression envers les free parties qui sont désignées comme foyers potentiels de contamination sans aucune identification avérée. Les organisateurs peuvent être poursuivis pour mise en danger de la vie d’autrui.
Lors du réveillon du jour de l’an, en plein couvre-feu national, la free party de La Grande Maskarade en Bretagne, crée la polémique. Un participant soupçonné d’être l’organisateur est incarcéré pendant 3 semaines. Avec d’autres inculpés, ils risquent jusqu’à 10 ans de prison.
Janvier 2021 : Un mouvement national en soutien aux organisateurs de La Grande Maskarade et au milieu de la fête et de la culture en général provoque plusieurs manifestation en France. Les teufeurs sont empêchés de manifester, la musique techno interdite pendant certaines les manifs, le matériel de sonorisation saisi et certains sont poursuivis dans plusieurs villes dont Paris, Rennes et Limoges.
Quelques liens utiles :
Cet article à été rédiger par Techno+ et publié sur leur site, tu trouveras ci dessous leur site et tout un tas d’articles vraiment intéressants : https://technoplus.org/
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