Quelle place pour le milieu festif à Besançon ?
Dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 août, une teuf était organisée sur la friche de l’ancienne usine Rhodiacéta. Sur les ruines de cette référence des luttes sociales, un espace de liberté s’était ainsi dessiné. Pour quelques heures, l’occasion d’oublier coronavirus, crise climatique, ou conditions de vie précaires. Quelques cent-cinquante noctambules ont pu profiter d’une soirée électro. conviviale et gratuite, encadrée en dépit de son caractère « clandestin. »
Cependant vers 02h30, une équipe de la police nationale est dépêchée sur place. Armes lourdes modèles fusils famas à la main, le message est clair : il faut déguerpir, autrement les CRS et la force seront utilisés. Sifflets, slogans anti-flics et protestations n’y feront rien. Trois ans après « l’affaire Steve » et au bord du Doubs, beaucoup craignent que les choses ne dégénèrent. Mais en un peu moins de trente minutes, sound system et participants se disperseront sans difficultés.
Les organisateurs sont dépités, mais reconnaissent que « c’est le jeu. » Ils regrettent toutefois la situation locale, selon eux très restrictive. « Nous avions monté des dossiers dans le passé, tout a été refusé. Il ne reste que les gros labels et certains établissements, mais en-dehors de cela qu’est-ce qu’il y’a vraiment pour le milieu festif alternatif ? Il serait temps que les Autorités acceptent que la culture puisse aussi exister au-delà de certains cercles… » tacle l’un d’eux.
Un journaliste pris à partie.
Durant l’opération de police, nous serons témoins d’un grave dérapage lorsqu’un journaliste de « France Bleu Besançon » s’est un peu trop approché au goût des uniformes. « La prochaine fois que tu me prends avec ton appareil je te l’éclate okey’ ? » assène ainsi une fonctionnaire, son collègue déboulant et lâchant dès lors son chien de combat pour « dégager » le dangereux récalcitrant. Un acte heureusement sans conséquence, alors que la situation finira par s’apaiser.
S’agissant de liberté de presse et de dépositaires de l’autorité, ces menaces et violences volontaires aggravées contre un individu ne représentant aucun danger interrogent. Rappelons que chaque citoyen est en effet libre de photographier, filmer, ou enregistrer les forces de l’ordre sur la voie publique (commission nationale de déontologie, 2006 ; Ministère de l’Intérieur, 2009 ; décisions de la cours d’Appels, 26 juin 2000 à Paris et 19 mai 2004 à Aix en Provence).
Concernant la loi dite de « sécurité globale » invoquée, son article 24 escomptait seulement restreindre à posteriori la diffusion d’images où des policiers en intervention étaient reconnaissables et ce « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » – « sans préjudice du droit d’informer. » Une disposition qui n’aurait en rien empêché l’exercice visé, nonobstant depuis sa censure par le conseil constitutionnel en mai 2021.
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