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Rentrée littéraire à Dijon Mag !



Dijon Mag en plein flag de propagande.
Non ?
Si !

Chaque mois, Dijon Mag arrive dans les boîtes à lettres. Douze « éditos » de François Rebsamen à la fin de l’année, c’est quand même dur. Sans compter les entrefilets, les articles, les brèves et les photographies qui chantent à l’unisson le bonheur de vivre dans la ville des Ducs de Bourgogne (eux ne peuvent plus écrire car ils sont morts depuis longtemps, dommage, ils auraient sûrement des choses à raconter).

Pour fêter la rentrée littéraire de son « Mag » favori, une fan, moi, dépouille le numéro d’automne. Je vous dis tout, je ne vous cache rien !

Le maire, pédagogue averti, conscient des lacunes de certain-e-s de ses administré-e-s use des caractères gras qui permettent d’attirer l’attention du distrait sur ce qui est important. On apprend que « nous sommes profondément marqués par la sécheresse », que « L’été n’est pas tout à fait terminé, mais la rentrée est bien là » et que« Génération Dijon, avec son enthousiasme et sa joie de vivre nous invite à l’action. » On reprend son souffle tant cette succession de vérités en caractères gras laisse sans voix. L’été se termine effectivement le 21 septembre et la rentrée a bien eu lieu le 1er. Que François Rebsamen le souligne renseigne sur son souci de la précision, qualité indispensable pour faire un bon chef de village (ceci dit, il n’égalera jamais Abraracourcix). Quant à la « génération Dijon », (les 0/25 ans sauf les demandeurs d’asile et de titres de séjour qui, eux, sont d’emblée hors d’âge et n’appartiennent à aucune génération) qui pourrait évoquer, pour les lectrices/lecteurs d’Aldous Huxley, les Alpha dans Le Meilleur des Mondes, on nous fait faire sa connaissance page 27 en trois petits dessins enfantins, compréhensibles par toutes et tous.
La page 27 succède à la 26 qui a pour titre « Sécurité renforcée ». Renforcée est en orange et, en médaillon, une photographie de Dominique Martin-Gendre, « adjointe au maire, déléguée à la propreté de la ville » : elle sourit de biais et s’est acheté un haut pour l’occasion. De quoi faire envie à Génération, en orange aussi, page 27. Une génération renforcée ?
Il faut donc rouler à 30 km/h aux abords de 43 groupes scolaires (ceci dit, être percuté à 30km/h, laisse peu de chance de survie à un enfant) afin de permettre à la « génération Dijon » d’arriver sans encombre et sans infirmités jusqu’à 25 ans, âge limite de la prise en charge desdits jeunes par la Ville, qui, d’ailleurs, lance pour l’occasion une concertation publique. Cela s’appelle, en jargon. municipal, la participation citoyenne. Souriez car vous êtes si heureux d’être consultés démocratiquement. En revanche, enfants sauvages, passez votre chemin au pas de course si vous ne voulez pas vous retrouver enrôlés illico dans des « espaces de coopération » qui feront de vous des adultes responsables, sauce dijonnaise, connue surtout pour provoquer des indigestions, des allergies et une destruction définitive de vos papilles contestataires. Le cauchemar d’être pris en charge par la Ville en majuscule de 0 à 25 ans n’est toutefois pas une fatalité, sachez-le. Vous pouvez prendre le maquis.
Comme à Dijon, on aime les projets à étiquette, page 22, on découvre « Ambition éducative 2030 » qui « accompagne les écoles dijonnaises dans leur transition vers le digital ». Finis les tableaux verts et blancs, les craies qui collent des boutons, bonjour les « dalles tactiles », après le tableau interactif, autre innovation qui a fait long feu. On rappellera, non sans arrière-pensées, à Sonia Zumino, l’institutrice à l’école Champollion citée dans l’article, qui a suivi le stage « dalle digitale » organisé par l’éducation nationale, que le numérique représente actuellement 4% des émissions de gaz à effet de serre. Quitte à être rabat-joie et à passer pour une rétrograde indécrottable, on lui conseille de privilégier l’école buissonnière (dans les buissons et au milieu des arbres, tant qu’il en reste après une succession d’étés caniculaires), loin des cours vegetalisées vantées page 21, plutôt que l’école dématérialisée qui permet de contempler le monde sans bouger de sa chaise, façon mythe de la caverne 2.0. On voit ce que cela donne dans le film Soleil Vert qui date pourtant des années 1970 et dont l’action se situe en.. 2022. Edward G Robinson est sanglé sur un lit, euthanasié « volontaire » et regarde, une ultime fois avant de mourir, des images de nature (dans le film, cette dernière est un lointain souvenir) projetées sur un ancêtre de la dalle digitale. Un avenir technologique radieux s’offre à nous qui mettra rapidement un terme à nos souffrances car chaque connexion, chaque clic, chaque transfert de données, si l’on réfléchit bien, abrège l’agonie. Inutile de cramer, de suffoquer, de crever de faim ou de se faire la guerre plus longtemps.

On pourrait continuer à musarder ainsi dans Dijon Mag mais les offres attractives y sont si nombreuses, si variées que l’on craindrait de s’y perdre. Chaque adjoint a son article promotionnel avec photographie et comme dans un flyer de Carrefour, on ne sait plus où donner de la tête. Acheter le poulet de batterie à 7 euros le kilo ou profiter de la cagette de fruits pourris à prix cassé ? On hésite.
Vous l’aurez compris, la lecture du « magazine de la ville de Dijon » est une épreuve car, on le sait depuis longtemps, la propagande publicitaire nuit à la santé des neurones. Qui croit encore, à part la poignée de gentil-le-s administré-e-s réquisitionné-e-s dans les colonnes du journal , à ce fatras de projets bidons, de déclarations auto-satisfaites, de mensonges (après la Grande Bataille des Jardins de l’Engrenage menée par le général en chef Rebsamen et celle en cours pour récupérer le quartier libre des Lentillères, à moins d’être naïf, idiot ou les deux à la fois, on ne se fait aucune illusion sur la politique écologique de la ville), de bêtise institutionnelle ? À ce propos, la bêtise institutionnelle, on se reportera avec intérêt à la page 5 où l’on apprend que la ville « rend hommage à la police nationale » le 8 juillet. Un cliché montre le maire, François Rebsamen aux côtés de Fabien Sudry, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, de képis décorés (de glands ?) et on s’interroge aussi, parce que l’on a mauvais esprit, sur une étrange main levée qui aurait dérapé sans le vouloir, façon salut fasciste. Des statues de cire solennelles et effrayantes entourées de curieux, gardés à distance par des argousins. Celles et ceux, gazé-e-s, tapé-e-s, éborgné-e-s, mutilé-e-s apprécieront cette journée nationale et le zèle du maire de Dijon à la célébrer en grande pompe. Un vrai notable comme on n’en rêve plus depuis Flaubert, toujours prompt à s’emparer de toutes les occasions pour lécher les bottes du ministre de l’intérieur ou de n’importe quelle autre paire de chaussures haut placée.

Si l’on avait un souhait à formuler en conclusion, cela serait de récupérer, au nom du bien commun, l’argent dilapidé dans une feuille de chou médiocre qui assure sans honte la promotion du maire, de ses adjoints et de ses conseillers. Plus la municipalité organise de consultations publiques, de participations citoyennes, de forums, moins elle laisse d’espace à l’auto-organisation, cette bête noire qu’elle tente d’écraser par tous les moyens à sa disposition. De la sécurité à l’éducation en passant par la santé et la culture, il s’agit de ne laisser aucune place au hasard, à l’imprévu, à l’impromptu, à la contestation, à l’air libre, en un mot à ce qui fait le sel de la vie.

Un petit geste pour sauver la planète ? Se débarrasser de Dijon Mag et avec lui, de celles et ceux qui veulent, contre notre gré, notre bonheur citoyen et participatif.

Allez vous faire foutre ! C’est tellement bon quand on dit ces mots-là, ces « incivilités » passibles d’une amende de 135 euros pour « désordres sur la voie publique. »
Ah Dijon ! tu mérites mieux que ces édiles qui te mettent à mal et te transforment en cité gastronomique, capitale du jambon persillé, du picrate millésimé et du terroir.

Libère-toi de tes chaînes, ma vieille, tu en as vu d’autres !


P.-S.

NB : Dijon Mag est-il en papier recyclé ?

On suggère à la mairie un nouveau projet « Verdis ta vie, plante un arbre dans un pot en plastique violet » qui pourrait être proposé à Génération Dijon, tranche d’âge 4/12 ans. Les 13/25 eux se chargeraient de récolter les fruits et de ramasser les feuilles mortes (un service civique ?). Vous m’embauchez à la mairie ? J’ai encore d’autres idées dans ma musette.


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