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Mairie de Dijon : les Illusionnistes de l’urbanisme



François Rebsamen fait marche arrière sur la destruction programmée du petit Verger de Larrey, au nom du besoin d’espaces de respiration en ville et du respect de la volonté des habitants. Habile tour de passe-passe destiné à détourner les regards du saccage à grande échelle des derniers espaces de nature en ville. Décryptage.

Dans une vidéo publiée le 13 mars, la première adjointe au maire de Dijon annonce que la Ville renonce finalement au projet immobilier qui allait détruire le Verger de Larrey situé au 15 rue de Larrey :

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Ne boudons pas notre plaisir, ce petit verger de 1 700 m² ne sera pas détruit, c’est une excellente nouvelle, bravo à celles et ceux qui ont lutté pour ça !

Sans complexe, Nathalie Koenders affirme : « Nous avons décidé de conserver ce jardin PUISQUE c’est la volonté des habitants ».

C’est nouveau et c’est frais : la ville agit maintenant selon la volonté des habitants !

L’usage de la conjonction de subordination « PUISQUE » nous indique donc que les décisions de détruire ou de protéger les espaces naturels en ville, seront désormais subordonnées à la « volonté des habitants ». C’est une très bonne nouvelle, dont on attend avec impatience les conséquences concrètes pour les berges du Suzon, la bande est des Lentillères,la plaine de Bruges 2, le Jardin d’Alix, le parc Baudin-Mirande (Maison du Colonel) et pour tous les autres sites actuels et à venir, où des riverains luttent pour ralentir la progression du béton…

Hummm… vous avez comme un léger doute !?

Au regard des expériences passées, il nous semble en effet plus raisonnable de voir l’annonce de la conservation du Verger de Larrey, d’abord comme une habile opération de communication relevant du détournement d’attention, sous la modalité particulière que les illusionnistes appellent « principe du décalage » : lors d’un tour de passe-passe, vous simulez et attirez l’attention sur un petit échec, afin de réaliser la vraie manipulation à l’abri des regards !

Ainsi en 2021 le Maire annulait un petit immeuble de 13 logements boulevard Thiers et offrait le minuscule square Samuel Paty (aménagé sur une dalle de béton !) aux écologistes dans le cadre d’un accord PS-EELV “contre-la-nature” aux élections départementales. Dans le même temps, il faisait expulser les Jardins de l’Engrenage pour construire les 300 logements de Garden State :

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En 2022 le Maire renonçait à 10 maisons rue de l’île en annonçant le « parc des Berges »… mais pour mieux confirmer les 300 logements de Bruges 2 qui détruiront 5 ha d’espaces naturels, et autoriser Nexity à construire 54 logements dans le parc du Château de Montmusard en abattant des arbres centenaires.

Aujourd’hui avec le Verger de Larrey, il renonce donc à 11 logements, pour détourner l’attention de sa tentative de construire 85 logements qui saccageraient 3 ha des berges du Suzon (ça n’arrivera pas !) :

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et de son ultimatum pour implanter 80 logements qui détruiraient la « bande Est » des Lentillères (même pas en rêve !) :

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et de tant d’autres milliers de logements, bureaux et entrepôts programmés sur les sites de projet du PLUi-HD qui entre 2020 et 2030 couleront sous le béton (« aménageront » disent les urbanistes) 90 ha d’espaces naturels en ville et 390 ha de terres cultivables prises sur les espaces agricoles de la métropole. Le Maire et président de la Métropole nous rabâche qu’il faut « densifier la ville pour éviter de construire sur les terres agricoles »… mais en réalité, il fait les deux à la fois !

En 3 ans François Rebsamen soutenu par sa dauphine Nathalie Koenders, a ainsi habilement renoncé à 34 logements et épargné 0,8 ha d’espace naturel défendus par des collectifs d’habitants, tenant de se faire passer pour un « maire écolo » comme il l’affirme très sérieusement. Mais cette manœuvre ne trompera que les plus crédules puisque dans le même temps, sur les seuls projets faisant l’objet de luttes de défense légitime des terres, il a autorisé ou s’apprête à autoriser la construction de 820 logements qui détruiront 12 ha d’espaces naturels , en pleine ville. Question d’ordre de grandeur…

Ne les laissons pas détourner notre attention de l’essentiel, prenons du recul pour garder la vision d’ensemble du tableau et intensifions les luttes pour défendre toutes les terres menacées de bétonisation à Dijon et alentours :

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A propos du Verger de Larrey, il faut rappeler que ce « clos » riche en arbres fruitiers a été préempté en 2019 par l’EPFL de Côte d’Or pour le compte de la Ville de Dijon, suite au décès de sa propriétaire centenaire Mademoiselle Pic, qui l’avait pourtant légué aux Apprentis d’Auteuil avec la volonté qu’il reste un jardin.

Le maire de Dijon comptait au contraire le céder au bailleur social Habellis pour y bâtir 11 maisons individuelles, projet pour lequel il a accordé un permis de construire fin 2021 :

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Les habitants du quartier se sont mobilisés pour exiger l’abandon du projet et la création d’un verger et jardin ouvert au public. Il aura fallu 3 ans de lutte pour qu’enfin le maire de Dijon les écoute et respecte la volonté de la légatrice du verger.

Il faudra dire à François Rebsamen et Nathalie Koenders combien de matinées ont été passées / perdues par des dizaines de militants veillant sur le verger et empêchant par deux fois, l’entreprise d’abattage d’y pénétrer. Il faudra aussi leur demander combien de centaines d’heures de collaborateurs d’Habellis et de dizaines de milliers d’euros ont été perdus en études (notamment d’architecte) et en frais financiers liés au portage foncier par l’EPFL.

La volonté des habitants s’étant clairement manifestée bien avant la délivrance du permis de construire, n’aurait-il pas été plus simple et moins coûteux d’en tenir compte beaucoup plus tôt ? Eh non, le Maire préférait laisser mûrir le prunier pour en récolter plus de fruits ! Si vous croisez un renard au verger, appelez-le « François ! », il rappliquera.

Lapines Dijonnnaises


P.-S.

Les lapines dijonnaises sont des petites bêtes inoffensives mais dépitées et très énervées de voir disparaître progressivement sous le béton les espaces de nature en ville, où elles aiment tant gambader et copuler (honk honk !)


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