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Justice pour rue Berbisey !



Récit d’un morceau de la soirée de la Fête de la Musique à Dijon qui a vu se déployer l’ahurissante brutalité de la police dans la rue Berbisey.

Cette année c’était le grand retour de la Fête de la Musique après deux ans de restrictions. Cette année la Fête de la Musique était dédiée à Steve Maia Caniço, mort dans la Loire pendant la fête de la musique en 2019 à Nantes à cause d’une intervention policière. Cette année c’était le massacre de la Fête de la Musique par les autorités municipales et préfectorales qui sévissent à Dijon. Fin des festivités à 23h, démontage par la police des systèmes de son qui effraient les bourgeois, interventions musclées contre des fêtards taquins, à Dijon la Fête de la Musique n’est plus qu’un vaste décorum en carton-pâte, vide de substance. Dans cette article nous revenons sur un moment vécu rue Berbisey ce soir là.

La musique s’est arrêtée depuis peu et les bars et terrasses de la rue sont encore ouvert.es lorsqu’une troupe de policiers municipaux descend la rue Berbisey. Arrivés Montée de Guise, ils font demi-tour pour parcourir à nouveau la rue dans l’autre sens. Ils jouent les durs et certains fêtards ne tardent pas à leur faire remarquer. Ce qui les blesse dans leur égo. Ils répondent aux blagues qui leur sont faites en sortant leurs gazeuses et un grand benêt que nous appelleront Averell pousse violemment une personne. Quelle susceptibilité ! Ces grands enfants ne savent absolument pas garder leur sang froid. Le problème étant qu’ils ont les armes et la loi avec eux, ce qui les rend imbus et dangereux. Quelques personnes essaient d’apaiser la situation, les flics refont quelques pas mais on sent qu’ils n’ont pas envie d’en rester là. À peine un « Cassez-vous » surgit dans la rue qu’ils s’arrêtent de nouveau et attendent de pouvoir se payer un de ses trublions. Mais la provocation ne vient pas, alors ils reprennent leur marche vers le haut de la rue. Là, Averell rejoue la scène déjà vue en poussant fortement quelqu’un qui les suivait en singeant leur démarche de cow-boys. C’est l’humiliation qu’ils attendaient. Ils s’arrêtent au croisement avec la rue du Chaignot et appellent du renfort alors que plus personne ne se soucie d’eux dans la rue. Quelques personnes remarquent qu’un flic sort son talkie et semble appeler du renfort, mais comme ils sont allé un peu plus loin et que plus personne ne se soucie d’eux dans la rue, personne ne s’attend à ce qui va suivre.

Très rapidement, trois voitures de la Police Nationale arrivent de la rue du Chaignot et s’arrêtent au niveau du croisement avec la rue Berbisey. Les flics sortent immédiatement, gazeuses et matraques en main, et foncent sans sommation sur les petits groupes de fêtards qui stagnent en haut de la rue. Très vite ils attrapent deux pauvres bougres qui s’accrochent ensemble pour ne pas être pris et se retrouvent à terre. N’arrivant pas à les relever, les flics les aspergent de gaz, au visage et sous leurs vêtements. En voyant cela, quelques personnes vont les défendre. Là la demi-douzaine de flics qui s’acharne sur les deux à terre gaze ceux qui viennent leur dire que cette situation est inacceptable. La scène est hilarante, les quelques flics se prennent de leur propre gaz plein la tronche et sont obligés de reculer. Ce qui permet au petit groupe de relever les autres et de les emmener un peu plus loin pour qu’ils se remettent des brûlures du gaz. C’est à ce moment là que quelques flics se mettent à courir derrière quelqu’un. Ils l’attrapent violemment en le plaquant contre un mur, ils gazent à bout portant et repoussent vigoureusement quiconque essaie de s’approcher de la scène. Toute l’intervention est extrêmement chaotique, entre le surgissement des flics et cette arrestation, la rue Berbisey est le théâtre d’un capharnaüm sans nom. Les flics chargent sans sommation, se déplacent de manière complètement désordonnée, se gazent eux-même, se gueulent dessus…

Une fois la personne interpellée, ils remontent au croisement et ça se calme pendant quelques courtes minutes. Puis une cohorte d’une douzaine de flics se détachent de leurs collègues et descendent la rue déterminés. Ça sent pas bon, cette fois ils ont l’air de s’être organisé un peu et d’avoir un objectif clair. Ils marchent rapidement jusqu’au Black Market et s’y engouffrent pour aller chopper quelqu’un au fond du bar. C’est la sidération. En quelques secondes ils entrent, interpellent et ressortent en évacuant brutalement tout ce qui se trouve sur leur route. Une fois sorti, les flics forment un cercle autour de l’interpelé pour le rouer de coups. ll se retrouve à terre, comme inanimé, les matraques s’écrasant sur son corps. D’autres decks forment une ligne de protection, gazent abondement celles et ceux qui leur dise de se calmer et en profitent pour arrêter une troisième personne. Il n’y a pratiquement plus que des keufs dans la rue à ce moment là, mais ils doivent se sentir très en danger car ils dégoupillent quelques grenades lacrymogènes pour couvrir leur retraite jusqu’à leurs véhicules. Ils chargent les trois personnes qu’ils ont interpellé dans leurs voitures et quittent le quartier. La rue ressemble à un champ de bataille déserté. Il n’y reste que quelques personnes, hagardes, qui tentent de retrouver leurs potes. Petit à petit des gens ressortent des bars dans lesquels iels s’étaient réfugiés. De la place Émile Zola jusqu’à la Montée de Guise, la rue a souffert de l’irritabilité des flics. Tout le monde est choqué par la brutalité déployée. Le sentiment qui domine est qu’une bande de voyous armés est venu régler ses comptes, pleine de mépris et de suffisance face aux personnes qui avaient bravé la pluie torrentielle pour fêter la musique.

Ce moment est révélateur de ce que permet la politique sécuritaire de la ville de Dijon. Les restrictions de plus en plus contraignantes vis-à-vis des bars, de la musique, du bruit dans la rue et de la vente d’alcool ont déjà transformé Dijon en une ville nocturne policée et fantomatique. À cela s’ajoute la multiplication des policiers municipaux, leur armement et l’étendue de leurs prérogatives. Et les rues de Dijon se font de plus en plus hostiles à tout ce qui est un peu trop joyeux et débordant. Cette Fête de la Musique permet de percevoir cela de manière plus précise car en une seule soirée on a pu éprouver la brutalité assumée d’une police en roue libre qui se sait soutenue et se croit dans son bon droit. Alors qu’elle n’a fait qu’agir comme une bande de loubards piqués au vif. Comme souvent la seule présence de la police a fait dégénérer une fête en une scène de chaos avec des répercussions importantes sur les personnes présentes alors qu’en leur absence les festivités se seraient terminées bien plus joyeusement.

À noter l’article délirant du Bien Public titré : « Policier frappé, une centaine de personnes hostiles, deux personnes interpellées… Soirée tendue, rue Berbisey à Dijon » dont le descriptif est tout aussi dément : « Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers municipaux et nationaux se seraient retrouvés face à une foule d’une centaine de personnes hostiles. Un policier aurait été blessé. Les mis en cause ont été placé en garde à vue. »
Il faut toujours que les flics en fassent des caisses afin de passer pour des héros. Ce soir là il y avait quelques groupes d’une dizaine de personnes devant les bars encore ouverts et non une « centaine de personnes hostiles ». Personne n’a vu de policier se faire frapper mais par contre une bonne dizaine de personnes blessées par les offensives de la police : gazage à bout portant, plaquage au sol ou contre un mur, coups de poing, coups de matraques… Et encore une fois, un bobardier a tenté de faire du journalisme à partir des seules informations de la préfecture, ne cherchant pas à recueillir des témoignages des personnes présentes lors des faits.


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