L’année des G ? Après Gvantsa, Guimba ? Et Quadri ? Et tous les autres ?



Descriptif rapide ?
Guimba ne passera peut-être pas le nouvel an en France sauf si...
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Angoisse de début de texte.
Écrire une lettre ouverte ? À force d’être ouvertes sans jamais être refermées, les lettres finissent par crever d’épuisement.
Le préfet de Côte d’Or a sûrement un portfolio, un « best-of », une compilation des meilleurs textes qui lui ont été adressés depuis sa prise de fonction en 2018.
Dans ces conditions, que reste-t-il à écrire sur les droits humains bafoués, sur les ravages de la loi « Asile et Immigration » ? Comment échapper à l’impression d’écrire le scénario émouvant d’une série pour Netflix ? Le parcours dramatique d’un jeune malien arrivé mineur en France en 2016 qui à force de courage et d’acharnement parviendra à se faire une place dans la société française et à se faire aimer de tous.
Sauf que si le jeune malien en question Guimba Coulibaly a effectivement réussi à se faire aimer de tous, la seule place qui lui est actuellement réservée est celle dans le charter en direction de Bamako.
Alors que le préfet s’appelle Schmeltz ou Tartempion ne change rien à l’affaire.
En France aujourd’hui on dit aux africains (peu importe le pays d’origine, ils sont noirs) « vos actes de naissance sont des faux », aux albanais « vous êtes des mafieux », aux géorgiens « vous êtes des migrants économiques privilégiés », aux élèves étrangers dans les classes « vous ne finirez pas votre année scolaire car vous avez attrapé une maladie grave, l’OQTF, qui ne se soigne qu’en centre de rétention et ensuite dans les aéroports ». Pendant ce temps-là, le président Emmanuel Macron appelle à écrire une « nouvelle histoire commune avec l’Afrique » main dans la main pour la photographie avec le président ivoirien Alassane Ouattara.
Si lettre ouverte il y a, elle sera donc plutôt sous forme de carte postale envoyée de Lagos par Quadri Yyanda récemment expulsé. Étudiant en BTS au lycée Hippolyte Fontaine à Dijon, il a été arrêté le 4 septembre. Une affaire rondement menée puisque le jour même, il était dans l’avion, direction Nigéria.
Comme Monsieur Schmeltz, vous vous êtes personnellement investi dans ce dossier, permettez que Quadri vous donne de ses nouvelles. Il est SDF à Lagos, sans argent et sans aucune perspective d’avenir. Il fait beau toutefois et comme le faisait remarquer une de nos gloires de la chanson à texte dans un refrain enjoué « la misère est moins dure au soleil ». Il pense que vous l’avez oublié mais lui ne vous oublie pas. Il vous souhaite même un joyeux Noël et une année 2020 riche en assignations à résidence et en expulsions. En ce moment, cela vaut des points pour la retraite.

Guimba Coulibaly maintenant. Ferez-vous mieux ? Encore plus vite (cela semble difficile), encore plus arbitraire, encore plus discrétionnaire, encore plus droit dans vos bottes, encore plus gardien auto-proclamé de la légalité car vous l’avez fièrement déclaré le jour de votre investiture « La loi n’est pas un élément de négociation ».

Dijon, sa moutarde, ses nonettes et maintenant son préfet qui monte la garde, grrrrr, prêt à en découdre avec les associations, les collectifs, les dangereux ennemis de la Loi, les dépenaillés classés à Dijon en deux catégories sociologiques par la préfecture et l’hôtel de police, les vieux gauchistes ou les jeunes-anars-des-Tanneries. Si vous êtes un nouvel arrivant dans cette ville, il faudra vous habituer à tous ces éléments de langage presque aussi sacrés que le kir et le pain d’épices.

Guimba Coulibaly n’a pas vocation à devenir un symbole ou un martyr.
Il veut faire du pain, des chocolats, vivre tranquille et surtout ne plus se dire chaque matin qu’il est le prochain sur la liste.

Finir un texte est encore plus compliqué que le commencer.
Bien sûr qu’il faut donner un titre de séjour à Guimba. La préfecture cherche même à confisquer les mots pour le dire et le répéter, à transformer les droits de l’homme en gimmicks inoffensifs et à caricaturer celles et ceux qui s’épuisent à les défendre.

Il n’y a pas de conclusion car il n’y a pas de fin. On continue c’est tout et Guimba Coulibaly ne déambulera pas sans but ni argent dans les rues de Bamako comme Quadri aujourd’hui dans celles de Lagos.



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