Il est là depuis trois ans. Il n’avait pas 18 ans à son arrivée, maintenant il les a. Il est originaire d’un pays d’Afrique. Lequel ? Peu importe. Depuis longtemps, la préfecture de Dijon pense qu’africain, c’est une nationalité voire une espèce. Africain ou chien finalement ça rime. Une rime pauvre bien sûr.
Le 22 mai, l’Africain a reçu une lettre. Ordre de rentrer au chenil de naissance. On appelle cette lettre une Obligation de Quitter le Territoire Français. Certains acronymes puent comme des charognes. Celui-là par exemple.
L’Africain est scolarisé, a des amis et il roule à vélo dans les rues de la capitale des ducs de Bourgogne. Il a même touché la Chouette dans l’espoir que le préfet se transforme en magicien. Un magicien capable de lui donner un titre de séjour.
On n’est pas à Poudlard et le préfet ne s’appelle pas Dumbledore. Les préfets, en France, ont pour prénoms Maurice ou René. Bernard parfois. Ils ne donnent pas des cours de potions magiques mais de purges. Ils sont des serviteurs de l’état et ont appris dans de grandes écoles que l’Africain vit en Afrique. L’Africain, comme Nicolas Sarkozy l’a rappelé en son temps, n’est pas rentré dans l’histoire et n’est donc pas biométrique. Ses papiers sont en papyrus fabriqués par des marabouts et en aucun cas la PAF, moins sympathique que PIF, ne peut les reconnaître comme authentiques. Elle fait des enquêtes en Afrique pour retrouver le marabout qui a signé le papyrus. En vain. L’Africain n’a pas d’acte de naissance car il ne fait pas partie de l’Histoire. S’il en a un, avec un pays écrit dessus, Mali par exemple ou encore Guinée, le voilà démasqué. Comment peut-on être malien ou guinéen ? Parfois le préfet, Maurice, René ou Bernard, demande un tampon. Un tampon de France pour authentifier le papyrus, apposé dans une ambassade quelque part en Afrique, au centre ou sur les côtés. Le tampon voyage, traverse des mers, souvent se noie et l’Africain se retrouve alors dans un avion au milieu des nuages. Retour chez les siens.
La France, pays de l’air frais comme en témoignent les résultats aux élections européennes dimanche, méprise l’Afrique, confond tous ses habitants et soupçonne chacun de ses ressortissants d’être un faussaire. La France évalue l’âge d’un africain à sa densité osseuse, à sa rétine, à sa dentition. La France pense qu’un mineur arrivé seul sur son sol sacré foulé par Vercingetorix et Macron est un majeur déguisé. La France est vigilante et veille à l’intégrité de son terroir. Son chef n’aime pas Renaud Camus mais demande à ses préfets, on n’est jamais trop prudents, d’empêcher le Grand Remplacement et jure, sur Notre-Dame martyrisée, qu’il est un démocrate. Bientôt (en 2022), il sera un barrage et empêchera les eaux usées du rassemblement fécal de se déverser sur Notre France aux racines chrétiennes. En attendant ce moment d’unité nationale, il fait place nette et ne garde que quelques syriens, réfugiés politiques si pittoresques quand ils psalmodient leur peine dans les sous-sols de la gare Saint-Lazare.
Contre cette infamie, contre cet état qui chaque jour davantage s’enfonce dans le racisme ordinaire, nous vous invitons à venir soutenir un élève malien sous le coup d’une OQTF qui n’a pas le bon tampon, le bon acte de naissance, le bon passeport et la bonne couleur. Il vit ici et n’a aucune vocation à être ailleurs. Son pays est fortement déconseillé aux touristes bourguignons et aussi, ne soyons pas chauvins, aux auvergnats et aux alsaciens. Le quai d’Orsay dit même qu’il est infréquentable et dangereux. Pas pour un africain bien sûr qui lui retourne au pays qui l’a vu naître.
TOUS AU LYCÉE LE CASTEL MARDI 4 JUIN À 14 HEURES POUR SOUTENIR GC. PAS LE MOMENT D’AVOIR RENDEZ-VOUS CHEZ LE COIFFEUR À LA MÊME HEURE !
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