Inquisition dans un collège de Bobigny : soutien aux professeurs menacés



À Bobigny quatre enseignants syndiqués, membres du CA de leur collège sont victimes de
sanctions disciplinaires graves pour avoir exercé leur droit à la critique.
Ministère de l’inquisition nationale !

L’éducation nationale est un laboratoire peuplée d’experts. Nous, les professeurs, sommes des rats. Pas moyen de trouver la sortie du labyrinthe, celle qui nous sauvera de « l’expérience pédagogique » en cours.
Il s’en passe des choses depuis qu’un collectif des collectifs s’est crée (« On y va ») pour lutter contre les réformes Blanquer, le sosie du savant fou dans L’Etoile Mystérieuse. Pensez donc, 120 000 fonctionnaires en moins, tous ministères confondus, 120 000 feignasses renvoyées à leur néant. Avec l’aide des médias publics (France Inter ressemble de plus en plus à « Radio Paris »), l’état vante sa cure d’amaigrissement. « Ils » travaillent moins de 35 heures, « ils » n’ont plus le goût du risque, « ils » siphonnent les finances publiques. Mieux vaut les dématérialiser et les remplacer par des touches et en attendant l’Armageddon administratif, veiller à ce qu’ils ferment leurs gueules, de la santé à l’éducation en passant par les transports et la défense.
Jamais, même sous Sarkozy, la fonction publique d’éducation (pour ne citer qu’elle) n’aura eu à subir autant de menaces, brimades et sanctions. L’article 1 de « l’école de la confiance » n’est pas encore passé au sénat (à la mi-mai seulement) qu’il fait déjà de nombreuses victimes. Rappelons à ceux qui l’auraient oublié que l’article 1 est celui qui ôte toute liberté d’expression aux fonctionnaires de l’éducation nationale. Devoir de réserve, d’exemplarité, de dignité. Même dans la sphère privée, le professeur en trois syllabes devra se tenir et ne pas mettre les coudes sur la table. S’il a la bouche pleine, qu’elle ne le soit que de compliments et s’il veut crier, que cela soit pour exprimer son trop-plein de joie d’appartenir aux glorieux corps des sicaires de J.M Blanquer, ceux qui, sous ses ordres, dépècent l’école.
De cette répression, de cette traque aux profs contestataires, un exemple, le plus saignant. Au collège République à Bobigny dans le 93, quatre enseignants ont reçu des lettres recommandées dont un pour avoir « méconnu son devoir de dignité et son obligation d’exemplarité » en... 2016-2017 ! Que risque-t-il ? Au choix, la radiation, la mise à pieds sans traitement, la mutation disciplinaire (un collège sur la banquise entre deux ours blancs condamnés). Déclaration de guerre. Outre que les faits imputés datent de l’année scolaire 2016/17 (les rectorats font donc des fouilles archéologiques dans les dossiers et préparent les futurs licenciements qui seront rendus possibles par la nouvelle loi cadre de la fonction publique), les motifs invoqués, dignité et exemplarité, relèvent de la farce. Le motif réel est « syndiqué », la chasse aux sorcières et ouverte. Blanquer le grand Inquisiteur souffle sur les braises et les flammes montent haut.
Une information pratique (et urgente !) : en soutien aux collègues du collège République (bientôt débaptisé, je propose collège Thiers) il est possible d’écrire un mail à l’adresse suivante : repressionrepubliquebobigny@gmail.com
afin d’être inscrit sur la liste : repressionrepubliquebobigny@framalistes.org.
Pour payer les jours de grève et l’avocat, une cagnotte en ligne
 : https://www.helloasso.com/associations/sud-education-93/collectes/repression-republique-bobigny.

La république en marche au pas de l’oie est en train de transformer la France en serpillère. Jamais la bêtise n’aura été aussi vantée, institutionnalisée et encouragée. Ecouter les ministres de Macron est une torture, supporter ses députés aux ordres un calvaire, se goinfrer le grand débat, une punition. Plus que jamais, tous dans la rue. Et les enseignants, « on y va » car si « on n’y pas pas », notre sort sera scellé à la mi-mai et le jour de la pré-rentrée nous seront offerts par le rectorat, en même temps que la lettre du ministre et celle de nos inspecteurs, un bâillon et un bâton. Pour que règne la Confiance-Blanquer pour les siècles des siècles.
Vade Retro, Satanas !

Retrouvez toutes les Chroniques de la réserve à propos de l’éducation nationale.



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