La presse du Crédit Mutuel (L’Est Républicain) a décidé de faire des fortifications [1] aussi laides que ridicules en plein centre-ville de Montbéliard. Ont-ils demandé l’autorisation de Mme Biguinet (maire de Montbéliard, notre Margaret Thatcher locale) ? Elle est habituellement très vigilante et rigoureuse dès qu’il se passe le moindre mouvement dans son centre-ville qu’elle voudrait voir gentrifié (mais il est loin de l’être).
Que s’est-il passé dans les têtes de ces serviteurs intellectuels et médiatiques de la bourgeoisie ? Se protéger de son propre peuple, est-ce nouveau ?
Sur le site des monuments nationaux de France [2] traitant de la cité médiévale de Carcassonne, nous pouvons apprendre que ce n’est pas nouveau du tout. Nous savons que : « Dans un contexte de répression menée par l’Inquisition et devant la proximité du royaume d’Aragon, d’autres travaux visant à renforcer les défenses de la Cité (enceinte intérieure) sont conduits jusqu’au règne de Philippe IV le Bel. »
Au 13e et 14e siècle, les plus riches, (noblesse, clergé, commerçants) construisaient déjà des fortifications démesurées pour se protéger des classes laborieuses de l’époque (essentiellement des paysan.nes).
Les gueux.ses de l’époque n’avaient pas de moyens d’expression et ne pouvaient pas retranscrire leurs conditions de vie et leurs luttes, tout comme aujourd’hui.
Heureusement, il y a tout de même quelques historien.nes pour sauver la mémoire de notre classe laborieuse.
En voulant traiter ce sujet, je suis tombé sur un PDF gratuit [3] intitulé « Les révoltes de la France du 14e siècle : traditions historiographiques et nouvelles recherches » de Monique Bourin. C’est passionnant, l’écriture n’est pas pompeuse, et surtout la comparaison avec aujourd’hui est pertinente.
C’est ainsi Monique Bourin nous introduit son travail :
« Le poids des sources est donc lourd dans la connaissance et l’appréciation des révoltes. Les historiens ont travaillé principalement à partir des chroniques, parmi lesquelles au premier rang, Froissart. Or à l’exception des pages écrites par le carme Jean de Venette, elles sont très défavorables aux révoltes. »
« Parmi les nombreuses difficultés que pose la confection d’un rapport de synthèse sur les révoltes du XIVe siècle français, l’une des premières et des plus graves est d’arriver à avoir une vue suffisamment complète de la multiplicité des émeutes dont beaucoup furent limitées. Faire une liste
fournie est difficile ; faire une liste exhaustive impossible, tant sont nombreux les tensions et les petits effrois. »
La tentative d’intrusion des anti-pass dans les locaux de L’Est Républicain à Belfort est donc un évènement que l’on peut qualifier de « petit effroi » pour la bourgeoisie.
Pour expliquer cette fortification laide et ridicule, la direction de l’Est Républicain affirme que leur liberté d’expression dérange et écrit ceci :
« C’est une des forces et un des fondements de notre démocratie. Laisser la possibilité à tous de donner son opinion. L’Est Républicain et sa rédaction s’honorent de le faire. »
Ah bon ? L’Est Républicain laisserait s’exprimer les opinions de tout le monde selon eux. Je ne le savais pas, j’ai hâte d’écrire mes textes émancipateurs et révolutionnaires dans la presse du Crédit Mutuel...
Personne n’est dupe, les journalistes de l’Est Républicain ressemblent aux chroniqueurs de l’émission Touche pas à mon poste présentée par Cyril Hanouna.
Il y des débats, des politiciens bourgeois qui s’engueulent, on pourrait donc croire qu’il y a de la diversité mais ce n’est pas le cas.
Ils sont tous capitalistes et soumis au pouvoir politique centralisé, avec des degrés et des nuances différentes.
L’Est Républicain : « Non, nous ne sommes pas des « collabos » contrairement à ce qu’ils affirmaient devant l’immeuble ou devant notre porte qu’ils essayaient d’enfoncer. »
Pour une fois je suis d’accord avec la presse du Crédit Mutuel. On ne peut pas parler de « collabos » pour ces journalistes, mais plutôt de serviteurs. Collaborer voudrait dire que cette presse était du côté des classes populaires et nous a trahit. Mais elle n’a jamais été du côté des classes laborieuses et des cultures alternatives, ainsi, celleux qualifiant de « collabos » la presse capitaliste étaient des « citoyen.nes » naïf.ve.s il y a encore quelques années.
Et justement, c’est cet adjectif que je collerai volontiers aux manifestant.es anti-pass : naïf ; plutôt que complotiste, fasciste, nationaliste, didier raoultiste,…
La presse du Crédit Mutuel finit son texte d’explications par une citation de François Mitterrand [4].
Je vais moi aussi citer François Mitterrand pour appuyer les revendications et les slogans des manifestant.es anti-pass :
« Pourquoi a-t-on tant lutté pour la liberté ? Parce qu’elle est comme le pain, existentielle. »
« Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort. »
« Le journaliste, lui peut écrire n’importe quoi et se tromper sur tout, cela ne change rien, ses journaux se vendent toujours aussi bien ou aussi mal. »
« La dictature du micro est aussi celle des idiots. »
« Pour dire oui, il faut pouvoir dire non. »
« Laissez la tyrannie régner sur un mètre carré, elle gagnera bientôt la surface de la Terre. »
« Il n’est pas de bonne blessures pour la liberté, elles sont toutes mortelles. »
« Légalité n’est jamais acquise, c’est toujours un combat. »
« Les grandes fortunes ne se font pas sur les chemins de la vertu »
« Je ne me plains pas de la presse, soit que je me sois habitué, soit que je me sois résigné. »
Les citations… on peut leur faire dire ce qu’on veut.
Pour finir, je propose encore deux citations de ce président gauchiste adulé par les sociaux-traîtres encore aujourd’hui, mais cette fois elles sont adressées à la direction effrayée de L’Est Républicain :
« Le courage consiste à dominer sa peur, non pas à ne pas avoir peur. »
« La clarté est la forme la plus difficile du courage. »
Comme au 13e et 14e siècle, notre classe laborieuse ne possède pas de moyens d’expression et la bourgeoisie fabrique des fortifications pour se protéger des gueux.ses.
Elle nous prouve encore aujourd’hui que son système est archaïque, malsain, sauvage et chaotique.
Loral Aitken, spécialiste des ultra-riches et des violences bourgeoises.
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