Si l’étranger Missak Manouchian, entré clandestinement en France en 1925, rescapé du génocide arménien, « terroriste » communiste, vivait aujourd’hui dans la France de Macron, Darmanin, Ciotti et Zemmour, il recevrait une Obligation de quitter le territoire français ou bien serait emprisonné sans limite de temps, par décision administrative, comme George Ibrahim Abdallah.
Alors, la volonté de Macron de le célébrer au Panthéon est tout simplement obscène, de la part de quelqu’un qui détruit patiemment tous les acquis de la Résistance et de la Libération. Ce gouvernement qui s’apprête à impulser une nouvelle loi xénophobe et raciste, voudrait utiliser l’image d’un militant profondément internationaliste qui a combattu le nazisme avec un groupe d’apatrides. Darmanin rappellera-t-il que c’est la police française qui a démantelé le groupe héroïque, a torturé ses membres et les a livrés à la Gestapo ? Une police qui pour l’essentiel ne sera pas inquiétée et reprendra du service pour traquer les indépendantistes algériens…
Bien sûr, certains penseront que c’est une bonne chose qu’un tel personnage soit célébré. Mais cette exploitation politicienne ferait vomir les Résistants juifs, arméniens, italiens et espagnols antifascistes de la MOI (Main d’œuvre Immigrée) qui ont risqué leur vie pour la libération des opprimés.
Manouchian n’était pas un « patriote républicain ». Il luttait dans l’espoir que les « peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. »
Notre lutte et la sienne sont pour un monde meilleur, débarrassé des oppressions, débarrassé des frontières, débarrassé du racisme d’État et de ses complaisances avec l’extrême droite.
« Bonheur à tous… » dit Missak Manouchian à la fin de sa dernière lettre.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 19 juin 2023
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