Attaque d’un meeting de gauche, menaces contre des manifestants syndicaux, agressions de journalistes indépendants, se sont effectivement enchaînés, ces six derniers mois, dans une relative indifférence générale. Jusqu’à une ultime descente effectuée le 27 août dernier, où saluts fascistes et « heil Hitler » ont été rapportés. L’excès de trop pour la population et une pléiade d’organisations, qui ne veulent désormais plus laisser passer de telles dérives.
Le cri d’un ras-le-bol populaire.
« Ça faisait plusieurs années qu’on avait pas vu un tel cortège [antifasciste] ! » s’enthousiasme Claire Arnoux, dont la France Insoumise avait appelé à rejoindre l’événement. Beaucoup de jeunes et étudiants, de familles, d’habitants de quartiers, ont en effet répondu présent. Mais aussi, comme elle, une flotte inédite de représentants d’organisations politiques, de syndicats, de collectifs, d’associations, d’élus… du Parti Socialiste à la Fédération Anarchiste, avec même quelques centristes et conservateurs, des couleurs de la CGT ou de SUD/Solidaires aux étendards LGBTQIAP+ et féministes, des antennes de Solidarité Migrants-Réfugiés à Espoir et Fraternité Tsiganes jusqu’à l’AFPS, ainsi que des établissements alternatifs tels le Pixel, le Tandem, les Passagers du Zinc…
Ils étaient quelques six-cent participants d’après la Préfecture du Doubs, près d’un millier pour l’encadrement. Une « démonstration de force » pour ces derniers, avec la « concurrence » des journées du patrimoine et du salon littéraire « Livres dans la Boucle. » Dans la plus pure tradition bisontine, la date était organisée sous l’impulsion d’autonomes et sans déclaration préalable. Une donnée qui a provoqué la panique en haut-lieu, les pouvoirs publics ayant dépêché toute une compagnie de CRS en renfort. Le parcours n’en a pas moins été tenu, malgré les vaines provocations d’un groupe de cinq radicaux attablé au « Madigan’s. » « Besac’ antifa » a pu résonner du départ place du Huit-Septembre à la dispersion esplanade des Droits Humains, avec des moments forts.
Dans la fontaine de l’État-Major, Michel, fils du Résistant Roger Boutonnet, fusillé le 5 septembre 1944, a ainsi pris la parole : « nous sommes place Jean-Cornet, abattu par les SS avant la Libération… c’est ici que les nazillons d’aujourd’hui sont venus s’exhiber, jamais nous n’oublierons ! » puis la marche est poussée non-loin au « Shake Pint » à Rivotte, troquet régulièrement mis en cause pour sa particulière indulgence avec la clientèle nationaliste. « Pas de terrasses pour les nazis » est scandé, sous la vigilance d’agents de la BAC. « Quand il s’agit de museler la contestation y’a des moyens, mais lorsque les fafs pavoisent et tabassent là y’a plus personne » s’emporte un quinquagénaire venu avec femme et enfants. Quelques mots tranchés, qui résument un contexte explosif.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info