En janvier à la bibliothèque des Tanneries...



Cet hiver les éditions Syllepse sont à l’honneur à la bibliothèque des Tanneries, avec des livres sur les violences policières et sur les luttes radicales d’Amérique du Nord et du Sud.

Nous accueillons ce mois-ci dans nos rayons un don d’une dizaine de titres des éditions Syllepse, maison d’édition historique de la gauche radicale. On les en remercie !

Syllepse, alter-éditeur, engagé et non partisan ! [1]

Les Éditions Syllepse ont été fondées en 1989. Chacun de ses membres est un coopérateur qui a fait le choix de se « faire éditeur » pour faire vivre une maison d’édition engagée afin de créer un espace autonome, coopératif et autogéré d’édition. C’est également une économie solidaire que Syllepse construit, ouvrage après ouvrage, entre les auteurs et leurs titres.

Insérés dans le mouvement des mouvements de ceux et celles qui sont à la recherche d’autres possibles, nous avons bâti notre projet éditorial pour transgresser la frontière de la « fin de l’histoire » que certains ont cru pouvoir tracer sur les ruines des révolutions trahies et des utopies défaites. Pour qu’il y ait une bonne résistance à l’air du temps, il faut dégager un horizon qui éclaire les combats quotidiens et redonne corps aux espérances. Redonner l’espoir, c’est aussi faire vivre l’idée de la transformation sociale avec cette terrible arme de la nuit qu’est le livre. Nous entendons y participer en construisant cet outil pluraliste et coopératif que représente notre maison d’édition.


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100 portraits contre l’État policier

Collectif Cases rebelles

Ce livre est né de la volonté de rendre visible le flux permanent de personnes qui meurent victimes de l’État policier français.
Elles ont été étouffées, abattues, percutées, battues à mort, lors de contrôles, d’arrestations, d’expulsions, de mouvements sociaux, ou dans d’autres circonstances encore, par des policiers, des gendarmes.
Cases Rebelles, s’empare ici de la forme du portrait militant, hérité de l’art mural, du graff, d’artistes activistes comme Emory Douglas, et largement réactivé dans les mouvements actuels contre la police raciste aux États-Unis, avec Oree Originol notamment.
Le dessin rompt avec la froideur clinique des listes. Facilement diffusable, affichable, il est une tentative de reprendre la rue et ses murs.
Le récit des circonstances et des suites judiciaires permet de saisir comment toutes ces petites histoires, souvent tombées dans l’oubli, forment la grande Histoire de la domination policière en France et son caractère à la fois de classe, raciste et colonial.
Quelques familles ont obtenu une forme de reconnaissance et de justice, mais dans leur grande majorité, elles ont fait face à l’impunité.De 1948 à 2016, chaque portrait est accompagné d’un résumé des circonstances de la mort et des suites judiciaires éventuelles.

Les dessins se veulent aussi porteurs d’amour pour les victimes et de solidarité pour leurs proches.


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Tout le monde sait qui a tué Steve

Nicolas Mollé

C’est en prenant pour point de départ la mort de Steve Maia Caniço dans la nuit du 21 au 22 juin 2019 que le journaliste Nicolas Mollé mène l’enquête. Une enquête destinée à détricoter l’ensemble des décisions qui ont conduit à la mort de Steve ce jour-là. Parti à la rencontre de la famille de Steve, de militants nantais, de syndicalistes, d’acteurs de ce drame, Nicolas Mollé livre un récit saisissant.
Cet ouvrage est également une enquête sur le maintien de l’ordre à Nantes, des grèves de 1955 à la répression brutale des luttes autour de la ZAD, contre la loi Travail et, plus récemment, la répression des Gilets jaunes.


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Le Tunnel

L’histoire vraie d’une évasion de prison
Guillermo Thorndike

Le 9 juillet 1990, quarante-huit guérilleros du Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru (MRTA) s’évadent d’une prison de haute sécurité par un tunnel long de plus de 300 mètres. Creusé depuis l’extérieur de la prison, ce tunnel a mobilisé des dizaines de « taupes » qui, dans le plus grand secret, ont vécu dans les entrailles de la terre pendant de longs mois.
Peu après cette évasion, le MRTA fait appel à Guillermo Thorndike pour raconter cette histoire. Journaliste, auteur de récits historiques sur les mouvements révolutionnaires au Pérou, il livre ici un récit fidèle de la préparation minutieuse de cette évasion, des efforts prodigieux nécessaires à son aboutissement, mais aussi une évocation saisissante du Pérou de ces années de conflit et de guérilla, de tortures et de prison.
Des maquis des Andes aux rues de Lima, en passant par les murs de la prison de Canto Grande, Le Tunnel est une exploration littéraire de cette histoire vraie faite de terre, de larmes, de sang, mais aussi d’espoir, de courage et d’amour.

Tous les chapitres de ce livre sont illustrés par des œuvres à l’encre de Chine de l’illustrateur Aurélien Gomez.


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Figures de la révolte

L’Amérique Latine en rébellion (16e-20e siècles)
Nicolas Pinet

Contre une vision du passé latino-américain ne retenant que les grands faits et dates d’une histoire présentée comme linéaire et sans aspérités — une « histoire des vainqueurs » —, Figures de la révolte propose de faire retour sur les moments d’achoppement et de vacillation des pouvoirs en place, sur les révoltes qui en ont fait trembler les fondations, de l’époque coloniale à nos jours.
Des luttes des communautés d’esclaves noirs en fuite contre la Couronne espagnole (Panamá, 16e siècle) aux pillages des demeures des principales personnalités politiques de Santiago del Estero (Argentine, 1993), jugées responsables de la crise en cours ; du soulèvement de Túpac Amaru au Pérou (1780-1781) aux Bogotazo (1948), Cordobazo (1969) et Caracazo (1989), cet ouvrage collectif offre la première approche précise et documentée d’une série de révoltes et d’émeutes de groupes subalternes se soulevant contre les injustices subies.
Figures de la révolte intéressera tout spécialement les lecteurs et lectrices curieux du passé et présent de l’Amérique latine et désirant aller au-delà des approches souvent superficielles et parfois caricaturales fréquemment proposées par les grands médias. L’ouvrage intéressera aussi toutes celles et ceux que l’actualité des révoltes urbaines, en France (2005), en Angleterre (2011), dans le monde arabe (2010-) et au-delà, pousse à prendre du recul pour tenter de mieux saisir les dynamiques en jeu, en s’appuyant sur l’analyse de cas précis et documentés. Quand bien même chaque événement est à la fois extraordinaire et singulier, leur mise en miroir fait apparaître nombre de points communs, éléments d’une grammaire provisoire et fragmentaire de la révolte. Si, à la différence d’Haïti (1791-1804), les révoltes présentées dans cet ouvrage n’ont pas fait basculer l’histoire, elles ouvrent, de manière temporaire, des espaces-temps autres, une brèche dans le système des pouvoirs en place où se déploient des expériences de liberté originales..


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Une révolution inachevée

Sécession, guerre civile, esclavage et émancipation aux États-Unis
Karl Marx, Abraham Lincoln, Friedrich Engels

La guerre de Sécession américaine, bien mal nommée en français (les Américains préfèrent la désigner par le terme de Guerre civile) reste un moment fondateur de l’Histoire des États-Unis.
Dans les oppositions politiques d’aujourd’hui les références à ce conflit ne sont jamais absentes tant celui-ci a structuré l’imaginaire collectif américain et son champ politique. La révolution inachevée propose la lecture croisée des contributions les plus importantes de Lincoln et de Marx sur le sujet ainsi que les correspondances qu’ils ont pu échangées.
Les textes de Lincoln sont constitués de ses discours les plus importants et ceux de Marx principalement de ses articles parus dans la presse américaine et européenne. Le premier est un acteur de premier rang du conflit en tant que président des États-Unis ; le second, un des principaux animateurs de l’Association internationale des travailleurs qui comptait de nombreux partisans et sections aux États-Unis, est un observateur attentif aux enjeux du conflit et à l’émergence d’un mouvement d’émancipation des opprimés à travers la radicalité du courant abolitionniste.
L’un comme l’autre, le président et l’agitateur communiste, comprennent que derrière la question de l’esclavage et son abolition, il y a plus largement la chance de fonder un nouvel ordre social et que ce possible va déclencher des luttes titanesques dont les États-Unis à la fin du 19e siècle seront le théâtre.


Collection Radical America [2]

Les États-Unis, on ne connaît bien souvent que l’endroit, l’histoire officielle d’une nation de pionniers devenue première puissance ­mondiale ou l’histoire critique d’un État impérialiste. La collection « Radical America » entend s’intéresser à son envers, aux luttes, noires, latinos, ouvrières, féministes, de la jeunesse, contre un système répressif omniprésent, ainsi qu’aux constructions politiques, sociales et culturelles originales qui ont travaillé ce pays de l’intérieur, déplaçant ses lignes de fracture, rongeant ses entrailles. Il s’agit de raviver leur mémoire et de faire réfléchir à ces expériences menées dans un territoire où la domination raciale et la domination de classe, mais aussi et surtout les résistances qu’elles ont produites, ont atteint des dimensions extrêmes. Cette intensité de la domination et des luttes pour l’émancipation ont fait des États-Unis un laboratoire et en tout cas une source d’inspiration pour les combats à mener.
Tel est le sens de la contre-histoire, des contre-discours, des contre-sociétés, des contre-cultures que cette collection entend contribuer à révéler.


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Comme un goût de révolution

Autobiographie d’une Black Panther
Elaine Brown

Enfant des ghettos de Philadelphie, adolescente noire dans un monde violent, militante révolutionnaire, chanteuse, cheffe du Black Panther Party : dans ce récit captivant, Elaine Brown revient sur sa vie, ses engagements, ses déchirements.
Née en 1943, Elaine Brown s’engage en politique progressivement, puis, en avril 1968, après l’assassinat de Martin Luther King, rejoint le Black Panther Party, créé deux ans plus tôt à Oakland. Chanteuse, elle enregistre deux albums pour le parti. En 1971, elle entre au comité central et en devient le ministre de l’information. Elle accepte la direction du Black Panther Party en 1974, quand Huey P. Newton part en exil à Cuba.
Cette plongée vibrante dans le parcours et l’expérience d’Elaine Brown ne passe sous silence ni ses erreurs, ni ses trahisons à ses propres engagements, ni les errements de cette formidable aventure collective, qui demeure un grand moment de l’histoire des mouvements de libération. Avec ce récit, Elaine Brown nous invite à repenser l’émancipation, la révolution, l’intime et le politique.


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Malcolm X

Une vie de réinventions (1925-1965)
Manning Marable

Une biographie magistrale de Malcolm X écrite par un historien africain-américain de référence. Des rues de Détroit et de Harlem à sa mort brutale :trajectoires d’une vie vouée à la libération noire. Militant de la libération noire, depuis sa mort Malcolm X est devenu une icône, tandis que son héritage et sa mémoire ont fait l’objet de luttes acharnées.
Depuis sa mort, Malcolm X est devenu bien plus qu’un militant de la libération noire : son héritage et sa mémoire font l’objet de luttes acharnées. Prédicateur sectaire de la Nation of Islam, ou musulman orthodoxe converti à la tolérance, nationaliste noir ou révolutionnaire ouvert à toutes les alliances, ancien dealer, ex-prisonnier, partisan de l’autodéfense armée, dirigeant panafricain : dans les années, puis les décennies qui ont suivi sa mort, tout ou presque a été dit sur Malcolm X.
Devenu une icône de la culture populaire africaine-américaine et plus largement de la culture populaire et révolutionnaire dans de nombreux pays, la vie et le parcours politique de Malcolm X restent paradoxalement très mal connus, principalement au travers de son autobiographie écrite dans des conditions très controversées.

C’est ce vide que vient combler cette biographie de Malcolm X. Fruit d’années de recherches dans les archives du FBI, d’entretiens avec les innombrables personnages qui l’ont accompagné ou croisé, ce livre, écrit par un grand historien africain-américain, apporte un éclairage inédit sur les vies de Malcolm X, des rues de Harlem à sa mort brutale.


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Les frères de Soledad

George Jackson
Préface de Jean Genet

George Jackson est incarcéré à dix-huit ans pour un petit larcin et condamné à une peine de prison de un an reconductible. Il n’en sortira jamais. Mort à trente ans, après avoir passé les douze dernières années de sa vie en prison, il deviendra au cours de sa détention un militant, un révolutionnaire, « une légende vivante qui s’est très vite propagée dans tout le système pénitentiaire américain », comme le décrira Huey P. Newton, un dirigeant du Black Panther Party.
En janvier 1970, après l’acquittement d’un maton responsable de la mort de trois prisonniers noirs, un autre gardien est tué et trois prisonniers inculpés pour ce meurtre, dont George Jackson. Ces trois détenus, vite surnommés les Frères de Soledad, feront face à une justice raciste et soulèveront une vaste campagne de solidarité au sein du mouvement de libération noir et plus largement à travers le monde entier. Mis à l’isolement, George Jackson envoie de nombreuses lettres, lit, étudie l’histoire noire, le marxisme, l’économie politique.
Ce sont ces lettres que l’on peut lire dans ce volume. Des lettres tour à tour politiques, affectueuses, révoltées.


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All Power to the People

Textes et discours des Black Panthers

L’expérience brève et fulgurante du Black Panther Party, fondé en 1966, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la libération noire.
La répression brutale et impitoyable dont il a été la victime a été à la mesure de la peur qu’il a semé dans l’establishment américain et des espoirs qu’il a soulevé parmi les Noirs américains.
Ce recueil nous permet de (re)découvrir comment les Panthères ont pris à bras le corps la lutte contre la police raciste et la suprématie blanche et pour l’autodétermination, en mettant en œuvre des programmes de développement et d’autodéfense de leurs communautés, programmes qui ont constitué une manière directe et concrète de construire l’autonomie et l’autodétermination : le pouvoir noir.
De son ascension sur les cendres des révoltes urbaines des années 1960 à la Black Liberation Army, ce recueil nous replonge dans la vie d’un mouvement dont la mémoire a résisté aux balles et aux murs des prisons qui ont décimé ses rangs.


Un grand merci aux éditions Syllepse pour ce don !
Prochaine permanence de la bibliothèque : mercredi 24 janvier, de 16h à 20h.

En décembre à la bibliothèque des Tanneries...

Le genre dans l’espace public, pendant le Covid-19, les masculinités militantes à la « Belle Époque », l’afro-transidentité, et un manuel à destination des hommes (cis hétéros) pour devenir moins con : en cette fin d’automne la bibliothèque étoffe son rayon féminisme (il en avait bien besoin). Et aussi : la biographie d’un mouvement révolutionnaire sous le Chili d’Allende, et un essai sur le capitalisme carcéral.

24 janvier


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