Le loup a été repéré à plusieurs reprises en Côte d’Or ces dernières semaines et plus précisément dans le secteur du Val Suzon. Comme dans les autres régions françaises où il a fait son retour depuis bien des années déjà, il ne passe pas inaperçu.
Malheureusement, il peut parfois attaquer nos troupeaux et lorsqu’il les attaque comme il y a deux semaines à Francheville aussi près des maisons, l’émotion ressentie par les habitants et les éleveurs du village est très forte.
Ces attaques sont rares lorsque les troupeaux sont protégés, mais même dans ce cas, il arrive qu’elles se produisent. Les moyens supplémentaires mis en œuvre par le berger depuis la semaine dernière suffiront, nous l’espérons, à préserver son troupeau ainsi que le loup.
L’association des Sentinelles de la Montagne Dijonnaise exprime tout son soutien à ce berger dans l’épreuve qu’il traverse. Le massacre de certaines de ses brebis, la mutilation de plusieurs autres et l’état de panique du reste du troupeau auront provoqué chez lui un choc psychologique considérable. La mise en place de moyens de protection et de surveillance supplémentaires lui demande par ailleurs une surcharge de travail importante et son état d’inquiétude est maintenant permanent. Le pâturage ovin participe à l’entretien des biens communs que constituent nos paysages et contribue à la préservation de la biodiversité dans les milieux spécifiques où il est pratiqué. Cette activité et ceux qui l’exercent doivent donc être soutenus sur tous les plans.
La préfecture a autorisé très rapidement l’éleveur à tirer sur le loup alors que dans d’autres situations cette autorisation est bien plus longue à obtenir. Nous espérons que cette décision n’a pas été prise sous la pression de la manifestation organisée par la FDSEA le vendredi 29 janvier.
L’association dénonce d’ailleurs les propos de certains participants à cet évènement et l’utilisation que la FDSEA fait de ces attaques pour mobiliser les agriculteurs. On peut se demander en effet dans quelle mesure la FDSEA, à cette occasion, n’aura pas cherché à récupérer la détresse et le désarroi des éleveurs ovins pour servir en fait les revendications d’autres catégories d’agriculteurs, qui vivent des situations bien moins précaires et qui s’inscrivent dans une agriculture productiviste dont ils veulent continuer à retirer les bénéfices sans avoir à s’interroger sur ses conséquences environnementales.
Alors qu’elle devrait s’asseoir à la table de réunions rassemblant toutes les parties concernées et œuvrer à l’élaboration et à la mise en place de solutions pertinentes, équilibrées, réalistes et réalisables, la FDSEA souffle sur les braises à chaque nouvelle attaque. Le tir de ce loup, s’il devait avoir lieu, n’est pas une solution à long terme, d’autres reviendront et causeront d’autant plus de dégâts dans les troupeaux, que ceux-ci ne seront pas protégés. Il est illusoire de faire croire aux éleveurs que nous ferons à nouveau disparaître définitivement le loup de nos forêts.
Le loup a bien sa place chez nous, il l’a toujours eu et son absence lors des 50 dernières années n’était qu’une parenthèse. La politique très pro-chasse du gouvernement et le relèvement du quota des prélèvements de loups en France peut avoir tendance à faire croire aux chasseurs qu’ils seront protégés même s’ils tirent sur un loup aussi nous tenons à rappeler à ceux qui l’auraient un peu vite oublié, que le loup est une espèce protégée.
Dans certains pays européens où le loup n’a jamais disparu, comme l’Italie, les éleveurs cohabitent avec, depuis toujours. Nous pensons que c’est possible aussi en France, à condition que les éleveurs reçoivent l’aide et le soutien nécessaire tant de la part des pouvoirs publics que de leurs syndicats ou des associations.
Le loup fait aussi partie de cet équilibre fragile que les humains ont le devoir de restaurer. À ce titre, il a toute sa place dans nos forêts. Il participe lui aussi au maintien de la biodiversité.
Les Sentinelles de la Montagne Dijonnaise
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