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Doubs

Condamné pour avoir détérioré deux antennes-relais dans le Jura, B., incarcéré à Nancy a été admis aux urgences dans un état grave après qu’un incendie se soit déclaré dans sa cellule. Retour sur le traitement policier, judiciaire et médiatique infamant qui lui a été réservé.

La semaine dernière, un comtois incarcéré à Nancy a été admis aux urgences dans un état grave. Un incendie venait de se déclarer dans sa cellule, sans que l’on sache encore les circonstances exactes de ce sinistre. Condamné en première instance pour avoir détérioré une antenne-relais dans le Jura en avril 2020, cet énième incident s’inscrit comme l’épilogue d’une longue et odieuse chronologie. Le traitement policier, judiciaire, et médiatique, qui lui a été réservé, apparaît bien sur comme une évidente infamie. Mais c’est aussi le symptôme d’un système, dont la monstruosité se dessine à travers le temps et les résistances. Loin des plateaux-télés et autres directs sur les réseaux sociaux, c’est ainsi que sont réellement traités les contestataires les plus résolus et prolifiques.

La « JIRS » à la manœuvre
Les investigations ont été menées par la « JIRS » (Juridiction Inter-Régionale Spécialisée), service saisi dans les cas graves et/ou complexes de meurtres en bande organisée, trafics de stupéfiants, ou même terrorisme. Les règlements de compte dans la Drôme en février, l’enlèvement de la petite Mia en avril, ou la découverte d’une tonne de cocaïne au Havre en mai, c’étaient eux. En comparaison, un dossier aussi sensible que l’altération d’un pylône imposait sans doutes l’égide de ces limiers. Avec le sens de la mesure en option : garde-à-vue massives, écoutes téléphoniques, mouchards apposés ça et là, tout individu soupçonné d’entretenir une affinité avec B. étant inquiété. Mais les magistrats n’ont retenu qu’un seul inculpé, placé en détention préventive jusqu’à son procès.

Comme le narrait Radio BIP/Média 25 le 31 mai dernier, peu de parodies de Justice n’auront été plus éclatantes. En effet les soutiens, spectateurs et spectratrices ont d’abord été banni·es pour cause de pandémie, seuls deux proches ayant été autorisé·es à l’audience. C’est, ensuite, le conseil de l’accusé qui a fait défaut, mais ayant prévenu à l’avance de son absence, la loi disposait dès lors à un renvoi de l’affaire, ce que la présidente refusera malgré les demandes.

Dernier affront, l’unique chroniqueur autorisé fut un gratte-papier de l’Est répugnant [1]… ce qui pourrait être un détail s’avère ici une donnée significative du problème. Propriété du très noble Crédit Mutuel, cet organe a aussi la particularité d’être connu pour son hostilité affichée envers les groupes anarchistes ou assimilés.

Police/Justice et médias bancaires, même combat.
Depuis le squat Canot en 2009, les théories du complot pleuvent de ce côté-là. Ces dernières années à Besançon, les fameux poseurs de bombe se seraient mués en méchants saboteurs des véhicules ciglés au nom de ce média. Puis c’est l’expulsion d’un « journaliste » survenue le 13 avril 2019 au sein du mouvement des gilets jaunes, qui est mise sur le compte d’une publication Facebook émanant du mal absolu. Aucune preuve à ces délires, ni même d’accusations publiques. Seules les prises à partie ne laissant pas de trace sont la règle, comme le 20 avril suivant où le cadre local Éric Barbier n’hésitera pas à prophétiser les représailles escomptées. Dès lors à travers ce torchon, les proses fallacieuses et diffamatoires ciblées n’en ont été que plus nombreuses et assumées.

Toutes celles et ceux qui ont eut un jour le malheur d’arborer le A cerclé sont catégorisé·es ennemi·es de la Nation, et malmené·es comme tel·les. Nul besoin de la charte de Munich ou de déontologie, ces parias doivent payer sans distance, nuance, ou pire, objectivité. B. compris évidemment, ayant été de surcroît personnellement mis en cause par ces bonnes âmes. Cette fois, la délicate tâche d’assainir notre pays du péril noir a été confiée à un analyste de haute volée. Christophe Gobin a acquit une petite notoriété dans le faits-divers, ayant par exemple rapporté une terrifiante histoire de chats empoisonnés en 2019. Dans ce contexte, c’est sans doute son honnêteté, et sa compétence, qui légitiment son emploi du mot « déconvenues » pour résumer les circonstances de ce jugement.

Entre la vie et la mort, priorité à la com’.
Une majorité de la presse régionale et nationale reprendra ce travail de sape, en diffusant sans retenue l’identité complète de l’intéressé. Pas grave si le fait de s’appeler Durant ou Dupont ne change rien au cœur de l’information, si sa famille indirectement exposée s’en trouve impactée, ou si cette publicité pulvérise toute future réinsertion sociale et professionnelle. Il faut dire que la mise à mort publique est une part fondamentale du lectorat mainstream, exigeant son content de dénonciation et de voyeurisme. Peu importe également si l’ensemble des recours n’ont pas été épuisés et donc que la présomption d’innocence demeure, surtout qu’ici en l’occurrence l’appel a bien été interjeté et donc la latitude d’une relaxe ou d’une peine amoindrie ne pouvant être exclue.

Quatre années de prison dont deux fermes, c’est la peine initiale que doit purger B. Difficile de dire ce qu’il s’est passé au petit matin du 7 août dernier, dans ce réduit du pénitencier de Maxéville. Ce qui est certain c’est que les responsables et syndicats du site n’ont pas perdu leurs réflexes, prenant l’offensive auprès de leurs meilleurs alliés. Quelques heures après le drame, toutes les rédactions du cru étaient rencardées. Lesquelles se sont empressées de reprendre, à la virgule près, les éléments à disposition, sans la moindre question, enquête, ou précaution. Les proches, elles et eux, n’auront été alerté·es qu’en fin d’après-midi. Après avoir traîné dans la boue une personne de son vivant, ce n’était pas lors de son éventuel trépas que certains allaient développer des doutes, turpitudes, et principes.



Notes

[1Jeu de mot se référent au journal l’Est Républicain, presse quotidienne locale de la région Grand Est

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