9 mars 2016, première journée de mobilisation nationale contre la Loi El-Khomri, dite Loi Travail. À Dijon, plus de 2000 personnes battent le pavé, dont un bon nombre d’étudiants et lycéennes. Au moment où le cortège est sommé de se disperser, une manifestation sauvage de plusieurs centaines de personnes remonte le boulevard Mirande jusqu’au campus, entre dans le bâtiment Droit-Lettres, et entame l’occupation de l’amphitéâtre Mathiez.
Un mois durant, l’amphithéâtre accueille AG, conférences, repas, projection, fêtes et surtout d’inoubliables rencontres. C’est là que sont organisées les manifestations du 17, du 24, et du 31 mars, celle du 5 avril, un concert en ville contre la répression, une opération tram gratuit, ou encore une action durant un conseil municipal. C’est là aussi que beaucoup d’entre nous découvrent que l’indignation peut laisser place à l’organisation, et que s’organiser peut se faire sans les pesanteurs et la froide hiérarchie d’une Organisation.
Deux ans après, l’occupation de Mathiez est déjà reléguée dans les livres d’Histoire de nos ennemis, mais nous sommes nombreuses à continuer de faire vivre de mille manières l’élan subversif que cet évènement a déclenché dans nos vies : caisse de solidarité, maraîchage sur des terres squattées, organisation de fêtes sauvages, ouvertures de squats pour les migrants, soutien aux luttes d’ici et d’ailleurs et bientôt création d’un média libre dijonnais.
Le mouvement contre la Loi « Travaille ! » reste un moment d’une rare intensité. Comme l’aîné d’une fratrie, il est une référence à la fois inspirante et intimidante, voire paralysante. Un des enjeux pour les mouvement sociaux à venir sera d’arriver à faire aussi bien, voire mieux, sans nécessairement chercher à le reproduire. Comme au printemps 2016 être inventif, trouver de nouvelles formes, déborder !
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