Le monde selon Amazon n’est pas viable ! Pourtant, il arrive dans la métropole dijonnaise...



Lettre ouverte à l’attention de M. François REBSAMEN, président de Dijon Métropole et M. José ALMEIDA, maire de Longvic

Messieurs,

Nous avons appris par les médias locaux que la société Amazon (multinationale spécialisée dans le e-commerce) est en train de construire une « agence de livraison de proximité » à Longvic. Ce projet initié depuis avril 2020 s’est fait dans le plus grand secret, avec votre totale complicité, par l’intermédiaire d’une société immobilière écran. À l’heure où l’inaction de nos dirigeants lors de la COP26 nous laisse entrevoir un réchauffement de 2,7 degrés à l’horizon 2100, nous sommes extrêmement étonnés et atterrés par cette nouvelle. Comment se fait-il que vous ayez accepté cela en délivrant le permis de construire sur ce site qui abritait une entreprise dédiée à une énergie renouvelable – FranceEole ? Firme qui, elle, n’a pas reçu le soutien nécessaire au maintien de son activité.

Nous nous permettons de vous rappeler que :

• Le bilan carbone annoncé par Amazon équivaut à 10% des émissions globales de la France, et l’équivalent de celles de la Bolivie. Néanmoins, il est largement sous-évalué. Il ne prend pas en compte les émissions liées à la fabrication des 15 milliards de produits vendus, par exemple. De plus le modèle Amazon pousse à la surconsommation et à la surproduction.

• Le transport des produits qu’elle vend à travers le monde requiert des centaines de millions de trajets en camions, des millions de trajets en bateau et environ 48 000 trajets en avion. Amazon a massivement recours au transport aérien de marchandises, en louant déjà plus de 70 appareils. Pour assurer le service Prime et la livraison en 24 heures sur l’ensemble des territoires où il s’implante, Amazon assume sans complexe développer sa propre flotte d’avions pour les « Membres Prime qui aiment les livraison ultra-rapides, les prix attractifs et l’important choix disponible chez Amazon ». Il dispose ainsi de 20 espaces réservés dans les aéroports aux Etats-Unis et vient d’en ajouter un nouveau en Californie. Le fret aérien de marchandises d’Amazon représente donc à lui seul des émissions de gaz à effet de serre considérables.

• Amazon ou l’art du greenwashing : Amazon met en avant, par exemple, la commande de 100 000 camions électriques pour réduire ses émissions. Mais ce chiffre est bien grotesque comparé aux quelques 1,4 million de camionnettes à moteur thermique qu’elle utilise à travers le monde. Sans parler de l’augmentation du traffic aérien, pour proposer des délais de livraison toujours plus courts !

• Son activité de stockage de données informatiques émettrait 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2018, soit l’équivalent des émissions annuelles du Portugal.

• Ne nous laissons point berner par les apparences d’engagements écologiques de ces géants de l’économie ultralibérale, comme avec l’initiative The Climate Pledge, lancée en 2019 conjointement de Global Optimism. Ce programme d’enfumage pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040 repose sur toujours plus de consommation en compensant de façon différée les émissions de gaz à e et de serre. Il avait été lancé en réponse à un mouvement de grève – inédit à l’époque – au siège de la multinationale... L’astuce de ce greenwashing ? Mettre des produits certifiés écoresponsables en avant sur la plateforme, planter quelques milliers d’arbres mais continuer, dans le même temps, à allonger la durée de navigation numérique ou à détruire des produits neufs renvoyés par les clients !

En bref, les activités de cette multinationale sont totalement incompatibles avec une transition écologique pragmatique de la métropole, ainsi que de Longvic avec sa charte 2030.

• Amazon dissimule son chiffre d’affaires réalisé en France (57 % en 2017), ce qui lui permet de pratiquer une évasion fiscale massive en déplaçant une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger. Cela a bien sûr des impacts négatifs sur les recettes fiscales des États où est présent Amazon, mais ce recours massif aux paradis fiscaux renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, plus petits, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts.

• Amazon paye 0 € d’impôt sur les ventes pour son activité en Europe.
• Amazon et les autres acteurs du e-commerce ont développé un système de fraude

à la TVA généralisé, qui a coûté près de 5 milliards d’euros à l’État français en 2019 !

• La venue d’Amazon sur une commune entraîne souvent des investissements publics considérables en infrastructures au bénéfice principal d’Amazon comme à côté de Metz (35 millions d’euros environ). Qu’en est-il de Longvic ?

• Amazon prévoit d’ouvrir 35 nouveaux projets d’entrepôts en France d’ici à n 2023, ce qui pourrait entraîner la destruction de plusieurs milliers d’emplois dans l’hexagone. La dernière étude réalisée en France démontre que 1 emploi créé par la multinationale est responsable de la destruction de 6 emplois dans le commerce de proximité et, en moyenne, de 2 emplois dans le commerce global (commerce de proximité et grandes surfaces).

• Amazon met en place des conditions de travail parmi les plus dures du secteur : cadences imposées et harassantes, rémunérations inférieures à celles pratiquées dans le secteur, abus d’utilisation des intérimaires, pratiques de licenciement en fin de période d’essai, mesures de contrôle et de surveillance des salarié·e·s.

• Les livreur·se·s (généralement précaires et/ou en situation irrégulière) sont ubérisé·e·s et mis·es sous pression sans possibilité de pouvoir s’organiser ou se syndiquer.

• Amazon, en développant l’automatisation dans les entrepôts logistiques et la livraison par drone, cherche à se débarrasser du facteur humain.

Pour toutes ces raisons nous ne comprenons pas votre choix. La création de 50 emplois qui vont en détruire davantage alors que, via l’affichage publicitaire et autres communications dans Dijon Mag, vous dites soutenir les commerçants locaux. Est-ce cela votre vision du « dynamisme économique et de l’attractivité de l’agglomération » ? Et quid des émissions de CO2 amplifiées, alors que vous cherchez à obtenir le label Capitale Verte européenne ?

Le monde selon Amazon n’est pas viable ! Pourtant, il arrive dans la métropole...

Lettre ouverte cosignée par les collectifs et associations suivantes :
Greenpeace Dijon
Les Amis de la Terre Côte-d’Or
ATTAC21
Oxfam Dijon
Nature & Progrès Bourgogne
Les Ami-es des jardins de l’Engrenage



Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document

Articles de la même thématique : Consommation

Chourrons Carrouf !

Appel à chourrer carrouf lors du weekend de mobilisation contre Carrefour du 17-18 février mais aussi pour après.

Action pour dénoncer la Fast Fashion à Auxerre

Extinction Rebellion #Auxerre installe une donnerie de vêtements pour l’ouverture des soldes d’hiver 2024 pour dénoncer l’industrie textile et la Fast Fashion.
Nous continuerons de nous mobiliser pour une mode éthique et durable.

Vaste action anti-pub par XR Dijon

Ce mardi 12 décembre, la métropole de Dijon se réveille libérées des publicités présentes habituellement sur les abris-bus et panneaux-tournants. Ces derniers sont à présents blancs !

Articles de la même thématique : Commerce

Veesion, la start-up illégale qui surveille les supermarchés

« Nous en parlions déjà il y a deux ans : au-delà de la surveillance de nos rues, la surveillance biométrique se déploie aussi dans nos supermarchés pour tenter de détecter les vols en rayons des magasins. À la tête de ce business, la start-up française Veesion dont tout le monde, même le gouvernement, s’accorde sur l’illégalité du logiciel mais qui continue à récolter des fonds et des clients en profitant de la détresse sociale »

[Tonnerre] Perturbation d’un salon sponsorisé par LVMH

Vendredi 30 juin 2023 alors que se tenait les premières Rencontres Economiques des Métiers d’Art (REMA) à Tonnerre, une dizaine de militants d’Extinction Rebellion Auxerre et de la NUPES ont manifesté leur volonté d’une justice sociale et climatique.