Les conseils de Mamie Manif’ #2



Les manifs c’est plus ce que c’était...

EN CAS DE VIOLENCES OU D’ARRESTATION (SUBIES OU CONSTATÉES), N’HÉSITE PAS À CONTACTER LA CAISSE DE SOLIDARITÉ CONTRE LAPRESSION : 07 53 53 19 26

Pour partir en manifestation sereinement, quelques bons conseils à réfléchir en amont :

AVANT LA MANIF

  • Organise-toi avec d’autres personnes pour ne pas aller seul·e à la manifestation. Le mieux est de se regrouper suivant les envies, les peurs, les risques que l’on accepte de prendre. C’est bien d’aborder concrètement ses points avec les personnes qui vont t’accompagner pour éviter les malaises et les situations inconfortables.
  • Tchecke ton téléphone : c’est une bonne source d’information pour la police si tu te fais arrêté·e. Assure-toi que tu as un bon code pin (évite 1234 et 1312, régulièrement essayés par les flics), efface tes messages et tes conversations [1]. Demande-toi si tu en as besoin, ou si c’est plus simple de le laisser chez toi [2].
  • Prépare de quoi te protéger des armes de la police : Masque ou lunette de ski contre les Balles de Défense, masque à gaz contre les lacrymos, protections de toutes sortes (protèges-tibia, casque,…).
  • Habille-toi de façon adaptée : mets de bonnes chaussures et des vêtements pas trop amples. Un foulard peut aussi être utile. C’est mieux de s’attacher les cheveux, et de laisser les boucles d’oreilles et les piercings à la maison.
  • Prépare de quoi te soigner ou soigner d’autres personnes. Contre les gaz : sérum physiologique, bouteille de maalox ou de xolaam (un médicament pour le ventre que tu trouves en pharmacie, et qu’il faut dilluer dans l’eau). C’est bien d’avoir quelques matériels de premiers soins pour les autres types de blessures : bandages, compresses,… et pourquoi pas une trousse de secours plus complète, avec des gants stériles, des pansements, des compresses, des bandes stériles, du coton, des antiseptiques et les médicaments classiques contre les maux de tête, les problèmes digestifs…
  • Vérifie tes poches et ton sac à dos  : n’emmène rien qui soit inutile (que tu pourrais perdre, ou que les flics pourraient te prendre). Vérifie que tu n’as pas de couteaux ou de drogues (qui sont des bons prétextes d’arrestation pour les flics. À l’inverse, il est toujours bien d’avoir une ou deux bouteilles d’eau, de quoi grignoter, et un peu d’argent liquide.
  • Renseigne-toi sur les contrôles et les fouilles. Les sites d’information alternative comme Dijoncter.info ou les autres sites du réseau Mutu donnent parfois ce genre d’information. Demande-toi si tu prends tes papiers d’identité.
  • Apprend ou note le numéro du collectif anti-rep local. À Dijon, c’est le 07 53 49 05 48.
  • Cherche le nom d’un·e avocat·e qui te convienne. Dans de nombreuses villes, les collectifs anti-rep conseillent des avocat·es disponibles les jours de manifestation. À Dijon, la caisse de solidarité conseille d’appeler le cabinet de Me Gavignet.
  • Prépare tes garanties de représentation. Même quand le risque de se faire arrêter reste faible, quelques bons réflexes peuvent changer la donne en cas d’arrestation et de poursuites. Les « garanties de représentation » sont des papiers que ta ou ton avocat·e présentera au juge dans le cas où le procureur a demandé que tu passes en procès immédiatement à la sortie d’une garde-à-vue et que tu demandes un délai pour te préparer [3]. Il s’agit de documents administratifs de base, qui atteste de ta situation, et qui pourront convaincre le juge que tu ne vas pas t’enfuir avant ton procès. Tu peux produire les pièces que tu veux, dont les principales sont : carte d’identité, attestation de logement (bail, quittance de loyer, facture), situation professionnelle (contrat, dernière feuille de paie, promesse d’embauche rapide, certificat de scolarité), situation familliale (livret de famille, certificat de naissance).
  • Parle avec tes proches de ce qu’ils ou elles doivent faire si tu te faisais arrêter : qui doivent-ils prévenir, où peuvent-ils trouver tes garanties de représentation, quel·le avocat·e est-ce que tu vas demander, est-ce que tu souhaiterais une forme de soutien extérieure,…
  • Tu peux imprimer les tracts des collectifs anti-rep locaux et les distribuer autour de toi. Celui de Mamie Manif est en bas de la page.

EN MANIF

  • Ne reste jamais seul·e, n’hésite pas à proposer clairement à une ou plusieurs personnes de rester avec toi.
  • Pense aux yeux qui te regardent : très souvent en manifestation, on est regardé·e soit par des policiers soit par des caméras. Parmi les flics qui encadrent les manifestations, certain·es sont en civil, infiltré·es dans le cortège. On peut les identifier facilement quand on observe attentivement. Il y a aussi toute une panoplie de caméras dans les centre-ville (dont tu peux trouver des cartographies participatives en ligne). Pense aussi aux caméras privées, aux téléphones, aux go-pro… Tu peux te masquer ou te déguiser si tu ne veux pas être sur ces images, même si c’est maintenant un délit et que tu peux te faire arrêter pour cette raison. Parfois, le jeu en vaut quand même la chandelle.
  • Reste en cortège dense. Les flics ont beaucoup plus de difficultés à arrêter des personnes quand elles se trouvent au sein d’un cortège dense, au milieu de manifestant·es qui font attention les un·es aux autres. L’attention et la solidarité au sein d’une manifestation sont primordiales. N’hésite pas à alarmer les autres ou à intervenir quand tu es témoin d’une arrestation.
  • Ne bois pas : l’alcool nous rend souvent moins doué·es en élaboration collective et en évaluation des risques ! Il donne un bon prétexte aux flics pour t’arrêter, et il favorise la déshydratation et le risque d’hémorragie en cas de blessure.
  • Fais attention aux armes de la police :
    - Les lacrymogènes sont envoyées généralement en cloche. On les voit arriver si on est attenti·ve, on peut les éviter facilement en se déplaçant et en observant le sens du vent. Les effets peuvent être assez violents (difficulté à respirer et à ouvrir les yeux), il faut rester calme, respirer doucement, s’éloigner et se soigner. Les effets ne durent pas très longtemps.
    - Les gazeuses à main sont utilisées dans les contacts rapprochés. À bout portant, les effets dans les yeux peuvent être très handicapant pendant quelques heures.
    - Les Lanceurs de Balle de Défense – qu’on continue souvent à appeler « flashball » – envoie des balles en caoutchouc. Suivant la distance à laquelle on se trouve, et la partie du corps atteinte, les balles peuvent faire de graves blessures. Vous pouvez essayer de repérer parmi les flics où est le lanceur, pour anticiper les tirs.
    - Les grenades : il y en a de différentes sortes, dans tous les cas il ne faut absolument jamais essayer de les ramasser ou de les renvoyer. Éloigne-toi si tu les vois arriver.
  • Soigne-toi et soigne les autres.
    - Les effets des gaz lacrymogènes se soignent avec du sérum physiologique et du maalox (voir plus haut). Tu peux aussi imbiber à l’avance une écharpe de jus de citron.
    - Les effets des gazeuses à main se soignent avec des lingettes. Il faut s’essuyer plutôt que de mettre de l’eau.
    - Pour les blessures plus grave, n’hésite pas à te tourner vers les street medic (des personnes qui proposent de soigner les blessé·es, elles ont souvent des signes distinctifs, et du matériel de soin approprié).
  • Fais attention en quittant la manif’ : le mieux est de partir par deux ou trois. Il faut éviter d’être seul·e, mais ce n’est pas très malin non plus de partir à trop nombreu·ses, pour ne pas attirer l’attention des flics. Lorsque tu portes des vêtements qui t’identifient facilement, change-toi ou jette tes vêtements si tu penses que les flics te cherchent.

EN CAS D’ARRESTATION

Voici les conseils les plus importants. Pour en savoir plus sur la gav, on peut lire Vous risquez d’aller en gav sur le blog du Réseau d’Autodéfense Juridique et Collective

  • NECLARE RIEN : avouer ne pourra jamais t’aider, même si les flics te disent le contraire (ils ont absolument besoin de tes aveux pour pouvoir te poursuivre, sans eux ton dossier a de grandes chances d’être vide !).
  • Demande TOUJOURS un·e avocat·e, même quand tu penses que ce qui t’est reproché n’est pas grave. C’est vraiment important pour la suite de ton aventure. Le loi oblig les flics à t’attribuer un·e avocat·e si tu le demandes, même si tu n’as pas d’argent poiur le payer. Refuse d’être interrogé·e tant qu’un·e avocat·e n’est pas présent·e. Si les flics disent qu’ils n’y a aucun avocat·e disponible, c’est faux : dans tous les cas ils doivent être en mesure de te fournir un avocat·e.
  • Refuse la comparution immédiate (c’est un procès qu’on te propose à la sortie de ta garde-à-vue) : demande un délai pour préparer correctement ton procès. C’est très important. Les procès immédiats sont bien plus sévères.
  • Tu peux choisir de refuser de donner tes empreintes et ton ADN. Et oui, la signalétique, c’est pas automatique ! Tu auras sûrement des poursuites, mais le fichage généralisé de toute la population vaut le coup que tu réfléchisses à peut-être prendre ce risque.
  • Exerce ton droit au silence si on te demande ton code pin. Les flics veulent lire ton téléphone pour t’incriminer ou incriminer d’autres personnes. Ne les aide pas !

Partout en France, des collectifs s’organisent pour aider juridiquement les manifestant·es. Tu peux trouver leur contact sur le site du RAJCOL (Réseau d’Auto-défense Juridique et Collective).

TRACT DE MAMIE MANIF POUR DIJON :
Attention le numéro de téléphone indiqué dans ce tract n’est plus à jour.
Nouveau numéro : 07 53 53 19 26

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Notes

[1Tu peux aussi utiliser des messageries qui cryptent les échanges et qui peuvent effacer automatiquement les messages, comme Signal.

[3Ce procès s’appelle une comparution immédiate.

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