[Besançon] Les manifestants contre le pass sanitaire se désolidarisent d’un groupuscule néonazi


Doubs

Ce samedi 14 août à Besançon, la manifestation contre le « pass sanitaire » a réuni entre 2 000 et 3 000 opposants. Mais le désormais traditionnel défilé du week-end a été éclipsé par la présence d’un groupuscule néonazi, qui n’a pas hésité à exposer plusieurs pancartes antisémites explicites ainsi qu’à commettre des violences sur un autre participant. Très tôt, pourtant, les protagonistes ont été prévenus : leurs idées et leurs actes ne seraient pas tolérés. À peine élancé, c’est finalement l’ensemble du cortège qui s’est désolidarisé en scandant « dégagez les nazillons. » Restés tant bien que mal dans leur coin, huées, sifflets, et insultes, les auront accompagnés jusqu’à leur départ.

Connus pour leur haine et leur violence.
Dès 14h00 place de la Révolution, la formation d’un petit rassemblement a tranché avec le reste de la manifestation. Derrière une banderole d’apparence neutre « non à la dictature sanitaire » ainsi que des drapeaux comtois et à la croix de Bourgogne, une quinzaine de silhouettes s’étaient préparés à prendre la tête du cortège. Vêtus de noir, avec casquettes, lunettes, et masques, les panoplies affichées n’étaient pourtant pas celles du black bloc : crânes rasés, tatouages, marques Lonsdale et Fred Perry, mise en place de rondes, échauffements aux sports de combat… des profils et comportements singuliers, qui se sont avérés être ceux de militants de la fachosphère locale.Les habituelles allocutions ont pourtant été claires dés le début, les orateurs exprimant sans détours « que la haine et la violence n’étant pas les bienvenus, les néonazis infiltrés devaient partir d’eux-mêmes. » Tonnerre d’applaudissements. Si cette prise de parole est inhabituellement aussi tranchée, c’est que les ultranationalistes n’en sont pas à leur coup d’essai. Sur les seuls six derniers mois, leur palmarès est éloquent : le 31 janvier 2021 à Dijon, ils tabassaient des jeunes féministes ; le lendemain à Besançon, un de leur proche passait à tabac un entrepreneur au motif de ses origines ; le 17 juillet dernier à Besançon, ils molestaient une manifestante anarchiste et un reporter de Radio BIP.

Plusieurs pancartes antisémites.
Ils se retrouvent sous la bannière « Vandals Besak » (VDL BSK), énième émanation de l’extrême-droite radicale locale. Pour former un petit groupe, la troupe a du ratisser dans toute la région et jusqu’à Paris afin de pouvoir parader. Une publication postérieure apparue le soir-même sur sur les réseaux précise un partenariat en ce sens avec les « Zouaves », faction francilienne qui multiplie les agressions racistes et politiques. Afin de compléter ce panorama, un trio s’est rapproché du groupe ; activistes de l’Action Française, leurs adeptes arborent un drapeau tricolore frappé de la fleur de Lys. Dans cet ensemble, les visuels confectionnés et brandit ont été tout autant parlants.

D’abord les tee-shirts, avec deux réclames promouvant « Mauvais Troquet » et les « Hooligans from Sofia. » Mais aussi et surtout plusieurs pancartes, dont certaines affichaient le personnage de « Pepe the Frog » et le site « Démocratie participative », le fameux « qui ? », un soutien à Cassandre Fristot, ou encore « j’encule votre Dieu infini, l’En Sof. » Une autre indiquait : « great reset = tikkunolam – le génocide des goyim. » Elle associe la théorie du complot d’un Nouvel Ordre Mondial, la « la grande réinitialisation », au « Tikkoun Olam », concept philosophique de justice sociale juive, entraînant l’élimination du « Goy », c’est-à-dire tout élément en-dehors de la communauté hébraïque.

« Dégagez les nazillons. »
Resté tant bien que mal en noyau dur et dans son coin après avoir été publiquement mis en cause, le groupuscule semblait résolu à ne pas faire davantage de vagues. Mais à peine le cortège engagé rue des Granges, un incident est signalé à leur proximité : un participant, sur le pavé depuis les gilets jaunes, détenant un drapeau rouge et noir, qui ne s’était pas décalé à leur passage, est physiquement pris à partie. Fidèle à ses paroles, Frédéric Vuillaume stoppe de suite la procession. Presque d’une seule voix, des centaines de protestataires reprennent alors en cœur « cassez-vous » puis « dégagez les nazillons. »

Durant de longs instants, la tension fut particulièrement palpable. Ceux-ci ne s’attendaient sans doutes pas à une réaction si forte et unanime, au point d’en réclamer désormais « qu’on veuille bien les laisser tranquilles, en échange d’un arrêt des hostilités » dixit Olivier de Terre et Peuple. Leur rejet consommé ne pouvait toutefois aboutir à une exclusion plus concrète, les individus s’étant installés au milieu de milliers d’opposants et exultant « qu’il faudrait en venir aux mains pour les-y déloger. » Au bout de dix minutes, l’itinéraire reprenait. Non sans effusions de colère et de consternation.



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