Savez-vous, Monsieur Blanquer, ce qu’est une école élémentaire, un collège, un lycée ? Oui bien sûr puisque vous êtes ministre de l’Education Nationale. Cela n’est donc pas à vous qu’il convient de rappeler que les petits enfants de maternelle se touchent, que les collégiens, même en demi-groupes, se soufflent dans le visage et que les lycéens se bousculent dans des couloirs même quand ils sont grands.
De l’école au lycée, le savon est rare, les lavabos peu nombreux. Quant aux toilettes, elles sont rarement désinfectées toutes les trois heures. Sans parler des queues à la cantine que l’on peinera à réduire à moins de faire passer les élèves 10 par 10 jusqu’à l’heure du goûter. Les tests et les masques baptisés « grand public » par le président de la république n’existent pas sauf dans les discours officiels. L’OMS déclare le 11 avril par la bouche de Tedros Adhanon Ghebreyesus, son directeur général : « Lever les restrictions trop rapidement pourrait entraîner une résurgence mortelle. »
Dans ces conditions, les enseignants seront dans l’incapacité d’assurer la rentrée d’après confinement à partir du lundi 11 mai car les aménagements envisagés, petits groupes, organisation par demi-journées voire tri des élèves selon leur niveau, ne sont que des pis-aller pour pallier le déficit de matériel sanitaire.
Les établissements scolaires n’ont pas vocation à devenir des garderies ouvertes pour permettre aux salariés des autres secteurs d’activités de reprendre le travail. Aucun professeur ne participera à la mise en danger des élèves et de leurs familles car c’est contraire à la raison. Si on ne peut plus aller au cinéma ou au restaurant jusqu’à cet été, comment envisager se retrouver enfermés dans une salle de classe plusieurs heures par jour sans courir et faire courir un réel danger aux élèves, aux professeurs ?
Alors qu’en Asie et dans beaucoup de pays européens, la rentrée est retardée de façon significative, alors que la communauté scientifique incite à la plus extrême prudence, en France, on prévoit, d’ici à quatre semaines, une réouverture progressive des établissements scolaires, potentiels lieux de contamination. Nous, personnels de l’éducation nationale mais aussi parents, sommes donc solidaires de tous ceux qui actuellement luttent contre la pandémie et nous refusons d’être les complices involontaires de sa recrudescence. Applaudir au balcon le 10 mai au soir et faire la rentrée les jours suivants, à 2000 dans un lycée ? Ne nous demandez pas l’impossible.
Ni les élèves, ni les enseignants, ni aucun salarié ne donnera sa vie pour gagner des points de PIB ! L’école transmet des connaissances, pas des virus. Pas de rentrée scolaire prématurée pour de mauvaises raisons !
L’assemblée générale des enseignants du lycée Le Castel,
soutenue par les sections syndicales CGT Educ’action, FO, SNES-FSU, Sud Education,
rassemblée virtuellement le 14 avril 2020
Nous ne sommes pas la garderie du MEDEF
Communiqué de la fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle FO 21
La décision du président Macron et du ministre Blanquer est d’une gravité sans précédent.
Après des semaines où l’impréparation le dispute à l’absurdité et au mépris, l’annonce d’une reprise progressive des cours le 11 mai suscite une profonde colère et inquiétude chez les personnels de l’Education nationale.
- Pourquoi serait-il sans risque d’ouvrir les écoles, les collèges et les lycées quand les cinémas, les théâtres, les restaurants resteront fermés ? Avec des établissements à plusieurs centaines d’élèves, des classes à 30, 35 et +, des internats à 4 par chambre, des cantines bondées ?
- Comment croire que le ministre, qui n’a pas voulu annuler les suppressions de postes, se soucie des difficultés scolaires et fasse revenir en priorité des élèves en situation de décrochage à cause du confinement ?
- Comment assurer que les établissements ne deviendront pas des foyers de contagion sans tester tous les élèves et les personnels ?
Une seule explication : pour relancer l’économie, le gouvernement choisit de libérer les parents de la garde de leurs enfants. Quand l’économie prend le pas sur le respect des règles sanitaires, tous les personnels et les élèves sont délibérément mis en danger. C’est révoltant !
FO refuse que les enseignants et les personnels de vie scolaire aillent travailler la peur au ventre.
Pour FO, la reprise des cours n’est possible que sous les conditions de sécurité suivantes : - dépistage systématique de tous les élèves et personnels et confinement des personnels testés positifs,
- désinfection des écoles, services et établissements scolaires,
- des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques FFP2) en quantité suffisante.
Au-delà des problèmes posés par la reprise le 11 mai, nous revendiquons à partir de la prochaine rentrée :
- le rétablissement des postes supprimés par la préparation de rentrée 2020,
- l’allègement des effectifs des classes afin de permettre un véritable suivi des élèves.
Nous soutiendrons toutes les demandes de droit de retrait et les mouvements de grève des personnels qui refuseraient cette mise en danger collective.
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