C’est quoi cette foire ? Des tonneaux de vin, des crêpes, des enfants hurlants sur des manèges, de l’accordéon ? Pas vraiment, même pas du tout. Un ensemble des stands présentant des piscines, des vérandas, des assurances, des femmes en tailleur s’affairant autour de tables pleines de verres de Champagne, le tout dans un climat de murmures, de gargouillis de fontaine et d’odeurs de plantes en plastique. Ici il n’y a rien à dissoudre, pourtant le climat est anxiogène. A l’entrée il y a des vigiles, ils ouvrent la porte à chaque visiteur, à l’intérieur, il y a aussi trois flics et une douzaine de militant.es qui déambulent l’air de rien. Certain.es ne collent tellement pas avec le décor qu’ils et elles ont l’impression d’être déjà démasqué.es. Car la représentante locale de l’oppression est présente : Danièle Brulebois, députée En Marche. Et c’est ce qui a amené en cet endroit glaçant, archétype du « retour à l’anormal », celles et ceux qui méritent maintenant d’être dissous. (Dans le roman « 1984 », de Georges Orwell, le destin des opposant.es est d’être vaporisé.es).

Après avoir fait le tout du propriétaire, on passe aux choses sérieuses : distribution de tracts et quelques chants de lutte, le tout dans l’indifférence générale. On sent qu’ici les gauchistes ne sont pas en odeur de sainteté. Qu’à cela ne tienne, JD décide de passer à la vitesse supérieure et ressors.

• Mon paquet de plumes sous mon manteau, ça ne se voit pas trop ?
• Ben si ça se voit, tu vas te faire toper à l’entrée.
• ....

Changement de tactique, plus de faux gros ventre mais un parapluie qui lui permet d’approcher Danièle. Vu de près, Danièle ne ressemble pas du tout à un monstre, mais plutôt a une vieille dame très maquillée, de la classe moyenne, ayant une ribambelle de photos d’enfants sur son buffet. Impossible de deviner qu’elle porte et cogère un projet de société qui relègue neuf millions de personnes sous le seuil de pauvreté, rafle et enferme des familles dans des camps de rétention, en déporte des milliers chaque année vers les pays pauvres et en guerre qu’ils ont fuis, et œuvre sans répit à l’accroissement du pouvoir et de la richesse des moins de 10% qui nous oppriment. « Combien on te paye pour faire ça ? » :

• L’indemnité parlementaire de base : 5 820,04 €, l’indemnité de résidence : 174,60 € et l’indemnité de fonction : 1 498,66 €, soit 7 493,30 €. Et la retraite ? Pour un.e député.e ça restera à 62 ans.

Dehors il pleut, le prolétaire à temps partiel subit au SMIC (soit dans les 6500 € mensuels de moins que Danièle) qui a ouvert la porte à JD ne trouve donc rien à redire au parapluie. JD se dirige vers la députée, ouvre son parapluie, et la voilà recouverte de plumes ! Malgré les neuf millions de personnes sous le seuil de pauvreté, il n’a pas balancé de liquide collant ou visqueux sur les plumes. Ça s’agite autour de la députée, et surtout ça époussette. Un des prolétaires à temps partiel subit au SMIC arrive prestement et éloigne JD de la députée. La flicaille arrive à son tour, contrôle l’identité de l’anarcho-autonome de l’ultra gauche, qui ensuite est :

• En novlangue : raccompagné vers la sortie
• En Français : expulsé de la foire.

C’était marrant, et la flicaille n’a pas embarqué JD. Mais ce n’était que partie remise, car jeudi 13 avril, convocation en audition libre au commissariat de Lons. Libre, c’est relatif, car si on y va pas les roussins débarquent à la maison, et c’est direction la garde-à-vue.

Nom, prénom, pourquoi, blabla, prise d’empreintes, photos anthropométriques, et des tatouages. Ce n’est pas un crime, pas de prise d’ADN. Coup de téléphone au procureur qui décide de ne pas sombrer dans le ridicule en poursuivant pour des plumes. Même si c’est la députée à 7500 balles par mois qui a porté plainte en affirmant que JD l’avait bousculé et s’était enfuie.

L’après-midi JD est venue à la manif, il est maintenant fiché.

Jusqu’ici tout va bien...