Élections départementales : Resbamen détourne l’attention



En annonçant la création d’un square minuscule, Rebsamen fait un joli cadeau à Koenders mais prend les habitant·es pour des imbéciles !
Les jardins de l’Engrenage reviennent sur cette mascarade.

L’annonce faite par le Maire de la création d’un « jardin public » sur une petite friche initialement destinée à la construction de logements, est avant tout un cadeau-surprise à sa première adjointe Koenders, candidate sur le canton Dijon-2, quelques semaines avant les élections départementales. Les Jardins de l’Engrenage dénoncent une promesse cosmétique et électoraliste qui vise à détourner le regard des habitant.es des nombreuses et dramatiques destructions d’espaces naturels, en cours et programmées.

En face du lycée Carnot, un petit terrain vague propriété de la Ville de Dijon, a fait l’objet fin 2019 d’une délibération de cession au promoteur lyonnais ADIM (filiale de Vinci Construction). Une promesse de vente a été signée, puis un permis délivré pour la construction d’un immeuble de 13 logements en accession libre. Selon l’adjoint à l’urbanisme Pierre Pribetich, cette construction allait permettre de « poursuivre la trame architecturale le long du boulevard Thiers et de constituer un front bâti harmonieux ».

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Et puis, coup de théâtre : le 14 mai les riverains de ce terrain ont reçu un courrier de Rebsamen, leur annonçant sa décision d’y créer un « jardin public clos et fermé la nuit » et les conviant sur place le 21 mai, en présence de Nathalie Koenders, pour « discuter des options d’aménagement possible ».

Laissons la parole aux Jardins de l’Engrenage, qui ont déposé une candidature aux élections départementales sur le canton Dijon 2 :
Comment réagissez-vous à cette annonce du Maire ?

Les Jardins de l’Engrenage : Commençons par dire que, si cette annonce est vraiment sérieuse, on ne va pas se plaindre d’un peu de verdure en plus dans un quartier très dense et qui en manque.
Mais là où Rebsamen parle de « jardin public », il s’agirait en fait d’un square minuscule, le plus petit de Dijon ! 560 m² c’est trois fois plus petit que le square des Ducs, donc on parle vraiment d’un square au format « timbre-poste ».
Le maire annonce qu’il sera « clos » et fermé la nuit. Un si petit espace entouré de grilles, ça ressemblera plus à une cage de zoo !
Par ailleurs, ce terrain est déjà artificialisé puisqu’il comportait des maisons jusqu’en 2018. Est-ce l’endroit idéal pour faire un square ? Rebsamen lui-même en doutait en affirmant en 2019 aux élus écologistes, que ce terrain, à cet endroit, devait logiquement être bâti.

En fait, ce revirement inattendu a une explication simple : les élections départementales approchent, ce terrain est situé sur le canton de Dijon-2 où se présente Nathalie Koenders qui a soutenu la destruction scandaleuse des Jardins de l’Engrenage exécutée par Rebsamen le 20 avril. Face à notre candidature, Koenders panique et cherche à montrer qu’elle est l’amie de la nature, alors qu’elle est complice de sa destruction partout en ville. Son problème, c’est aussi de rendre à peu près crédible sa candidature en binôme avec un militant écolo membre d’EELV, qui après la destruction de l’Engrenage apparaît plutôt comme une alliance contre la nature.

L’annonce du Maire sur la création de ce square minuscule est donc un joli cadeau fait à sa première adjointe. C’est aussi la dot de Koenders pour ses fiançailles avec les écolos… en attendant la publication des bans juste après les élections ?

C’est surtout une promesse cosmétique et électoraliste, une diversion pour détourner le regard des habitant.es des nombreuses destructions d’espaces naturels en cours et programmées.
Le Maire prend donc les habitant.es pour des imbéciles et c’est insupportable.
Mais nous sommes convaincus que les habitant.es du canton ne seront pas dupes de cette petite manœuvre politicienne et la sanctionneront en votant pour le refus de la bétonisation à outrance de la ville et de sa mise en coupe réglée par les promoteurs.

Rebsamen est un éléphant socialiste qui piétine la nature puis cherche par tous les moyens à se repeindre en vert, mais ça ne peut pas marcher !

Les riverains doivent-il vraiment croire à cette promesse ?

L’Engrenage : Ahhhh bonne question ! Ne vous réjouissez pas trop vite les amis, n’oubliez pas que les promesses de Rebsamen n’engagent que ceux qui les reçoivent !

Concrètement, le Maire a déjà promis ce terrain, par une promesse de vente très officielle, au promoteur ADIM qui n’a vraiment aucune raison d’y renoncer d’autant plus que le prix de vente (175 000 €), concédé par la Ville sans appel à la concurrence, lui permettra de réaliser un très confortable bénéfice. Un média indépendant enquête d’ailleurs actuellement sur cette délicate question du prix de vente, établi sur la base de l’évaluation des Domaines, dans un quartier où les prix du foncier sont 5 à 6 fois supérieurs !

Sa nouvelle promesse de création d’un jardin, doit donc être prise avec beaucoup de prudence par les habitant.es, pour éviter une cruelle désillusion si Rebsamen décidait finalement d’honorer la promesse de vente et d’abandonner le jardin.

Notons aussi que le changement d’usage de ce terrain devra faire l’objet d’une délibération en Conseil municipal, puisque c’est le conseil qui a décidé de la vente au promoteur. On verra bien si le Maire inscrit cette délibération à l’ordre du jour du Conseil du 21 juin, au lendemain du premier tour des élections départementales… Tiens, on fait le pari que si la candidature des Jardins de l’Engrenage vient fragiliser celle de Koenders le 20 juin, le square minuscule sera acté le 21, en forme de message aux habitant.es pour le second tour !

Sinon, la girouette Rebsamen n’aura aucun scrupule à revenir sur son annonce aux riverains. Il pourra par exemple prétexter qu’après étude des services techniques, ce terrain s’avère trop exigu pour en faire un square clos, et que rien n’y poussera ! Et hop, retour au promoteur.


Ce micro-jardin serait-il un début de réponse aux propositions que vous portez dans cette élection, d’un rééquilibrage de l’urbanisation pour plus de nature et moins de béton ?

L’Engrenage : Non bien sûr, c’est juste une mesure cosmétique donc essentiellement symbolique.
Il faut rappeler que dans le même temps, Rebsamen refuse toujours de créer le « parc baudin-mirande » alors que l’Etat lui propose la propriété à un très bon prix, mais il préfère laisser un promoteur abattre les grands arbres pour y construire plus de 100 logements, et pour cela il ment au conseil municipal sur le prix demandé par l’Etat !
Il a aussi accordé un permis de construire pour 54 logements dans le parc du château de Montmuzard, impliquant là-aussi d’abattre des arbres.
Et bien sûr, les Jardins de l’Engrenage, qu’il a détruit sauvagement pour y construire 300 logements.

Finalement, Rebsamen détruit des espaces encore naturels pour y construire des immeubles, et veut implanter un jardin sur un espace déjà artificialisé. C’est absurde, c’est tout l’inverse de ce qu’il faudrait faire !

On pourrait rire d’avoir un tel clown pour inventer l’avenir de Dijon, mais ce n’est pas drôle du tout, parce qu’il y a une urgence absolue, un impératif à protéger les dijonnais des conséquences du changement climatique, qui sont déjà très sensibles avec notamment des canicules à répétition.
Pour répondre à cette urgence, il faut préserver les espaces végétalisés existants en ville. Aussi nous défendons une idée simple et forte : l’abandon immédiat de tous les programmes de logements et de zones d’activités qui consomment des terres naturelles et cultivables à Dijon et sur la métropole. C’est une condition de la santé et du bien-être des dijonnais dans les prochaines décennies, et de la résilience de notre territoire notamment au plan de son autonomie alimentaire. On parle là de sauvegarder 480 ha de terres dont l’artificialisation est programmée par le Plan local d’urbanisme dans les dix ans qui viennent.

Si les responsables politiques locaux continuent cette politique absurde consistant à bétonner la ville et à détruire la nature, ils porteront une immense responsabilité dans les chocs et les drames à venir.



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