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[Lons-le-Saunier] Vent de désobéissance massive


Jura

De la désobéissance lors des manifestations contre le passeport sanitaire à Lons le Saunier.

Tant que le peuple en général est passif, apathique, diverti par le consumérisme ou la haine des plus vulnérables, les puissants pourront faire ce qu’ils veulent. Les survivants seront laissés à contempler le résultat.

Noam Chomsky

Depuis mi-juillet, la préfecture du Jura voit chaque samedi une horde de complotistes-extrêmistes-ultra-gauche-droite-jaune [1] déambuler dans les rues hurlant à la liberté, et annonçant clairement ne pas vouloir du passe sanitaire (« le passe sanitaire/autoritaire, on n’en veut pas ! »).

Désobéissance à l’hôpital

Depuis l’instauration du fameux laissez-passer numérique chiffré, le QR-Code, l’entrée de l’hôpital est surveillée par un vigile dont le rôle est de repousser les personnes non valables aux yeux de l’autorité, sanitaire à présent !
Cela fait des semaines maintenant, que chaque cortège du samedi se dirige en premier lieu à l’hôpital pour signifier qu’ensemble, nous pouvons refuser une règle imposée d’en haut en nous mettant en action. Dans ce cas précis, l’entrée en masse dans la cour de l’hôpital en passant outre le désaccord du vigile qui représente l’autorité sanitaire.

Le premier samedi où cette action a eu lieu, la foule s’est arrêtée un long moment devant le vigile à l’entrée, avant de se décider à avancer, à désobéir.
Dorénavant, l’habitude ayant été prise, aucune hésitation, le cortège ne fait plus de pause, on salue le vigile et on passe, la foule enlève les barrières pour traverser l’hôpital et repart au terme d’une déambulation libre et libératoire, hautement légitime aux yeux des présent-e-s bien qu’illégale à ceux de l’autorité.

Il est fort à penser qu’aucune manifestation contre ce passeport ne s’abstiendra plus de passer par l’hôpital, soit disant inaccessible sans QR-code valide !

Désobéissance au parc

Quand les mauvaises habitudes s’installent...

Ce samedi 11 septembre, toujours plusieurs centaines de personnes [2].
Rassemblement, manifestation, hôpital... puis direction le parc des bains, 7 hectares de verdure à proximité du centre ville.
Que s’y passe-t-il ?
La société « la vache qui rit », emblématique de la ville, y fête ses 100 ans.
Elle offre un goûter aux enfants, et propose une fête foraine à son effigie. Le tout gratuitement, à ses frais.
Bref, une merveille comme savent les organiser les grandes entreprises capitalistes pour montrer leur bonté.
Pour l’occasion, l’ensemble des accès au parc sont controlés par des vigiles [3] qui vérifient les laissez-passer : tu bipes vert, tu rentres ; rouge, tu dégages !

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Ce samedi, la manifestation finit par se rendre devant l’entrée principale du parc.

Double rangée de barrières, vigiles et personnels en nombres derrière les grilles.
A ce moment de l’histoire, deux camps se font face : des vigiles et employé-es qui sont là pour appliquer les consignes, et des manifestant-e-s remonté-e-s contre la privation de liberté et qui souhaitent entrer.

Du monde s’approche des barrières, quelques échanges verbaux, ça s’invective.
Derrière, de la foule se font entendre cris, huées et slogans.
Celles et ceux que l’on n’entend pas doutent, se questionnent sur la situation, parfois la découvrent seulement.
La pression monte, les gardes vitupèrent, rougissent de peur, de stress, se crispent. En face, stress et peur sont présents également mais impregnés d’une force collective, entre rage et dignité.
Les deux camps sont proches de la collision, de la fusion.
Les gardes se resserrent et tiennent les barrières cotes à cotes pour ne former plus qu’une ligne continue faisant face à la foule.
Quand une barrière se soulève par la force conjuguée des camps opposés, un-e vigile sort sa gazeuse et l’emploie.
Première pause. De courte durée.
Les victimes gazées se reculent, mais d’autres personnes les remplacent dans l’instant, et cela recommence.
Rapidement des barrières tombent au sol, les gardes en empoignent d’autres pour continuer à fermer le passage.
Les barrières à terre sont désolidarisées puis éloignées de la scène par les manifestant-e-s au fur et à mesure qu’elles tombent (gage de sécurité pour éviter toute chute de personnes).
Les gardes n’ont pas le nombre pour faire face sur la durée, iels se fatiguent et une à une les barrières disparaissent.

Les gardes, échaufé-e-s, n’y peuvent plus rien.
Petit moment d’hésitation. Beaucoup de bruit.
Ca passe !
Il ne reste plus à la foule déterminée, qu’à avancer pour entrer dans le parc et aller y faire un tour libre et libératoire, hautement légitime aux yeux de tou-te-s bien qu’illégal à ceux de l’autorité sanitaire.

Désobéir à l’autorité

Ces actions de désobéissance, symboliques et ponctuelles, ne résolvent rien à elles seules. Une fois terminée, les choses reprennent leur cours comme si de rien n’était. Et parfois la situation empire, le pouvoir défait ponctuellement, profite de l’expérience pour améliorer ses dispositifs autoritaires et coercitifs.

La désobéissance est importante, pas forcément pour les actes commis mais pour l’affirmation qu’elle énonce, les possibles qu’elle créé aussi et surtout dans les imaginaires.

Dans un monde toujours plus (en) uniforme, où l’on nous nous apprend dès l’enfance à obéir aux règles [4] et où l’on grandit sous le joug permanent d’une autorité, il faut (ré)apprendre à désobéir.

Notre problème est l’obéissance civile. Les gens obéissent aux diktats de leurs dirigeants [...] et ils oublient la pauvreté, la faim, la guerre et la cruauté. Et pendant qu’on obéit, nos prisons sont pleines de petits voleurs alors que les vrais bandits sont à la tête du pays. L’obéissance est notre problème.

Howard Zinn


Notes

[1la confusion politique est grande lors de ces manifestations

[2entre 500 et 1500 personnes à Lons le samedi en manifestation

[3la privatisation du parc de la ville, une première de mémoire de réfractaire

[4à l’autorité des parents (souvent du père), du maître d’école, du professeur, du patron, du flic, du grand seigneur président ou d’un dieu tout puissant

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