Sous un beau soleil d’été,
Devant le rectorat,
On était 200. Ou peut-être 250.
Il n’y avait aucun flic.
Sous les copies, la plage
Une belle journée pour suspendre une grève.
Au début, on se demande bien ce que font toutes ces personnes sous un soleil de mort, devant un rectorat triste comme le bac.
Puis, au milieu de la foule, la quinzaine de professeur·es grévistes sortent leurs copies. Une salve d’applaudissement et de cri les accueille.
Il y a une grosse émotion.
On sent que cette levée de grève est l’aboutissement d’une traversée de tensions et de questionnements. Des professeur·es pleurent, au milieu de toutes les personnes venuent leur apporter soutien et hommage. La plupart ont dû subir des pressions quotidiennes, menacée de poursuites pénales et de perquisition, saupourdées de mails insultants du rectorat. Parmi la foule, beaucoup de collègues qui n’avaient pas de copies à corriger, mais qui veulent montrer toute leur solidarité, mais aussi des élèves et des sympathisant·es de tous les horizons.
Deux personnes chantonnent : « On est là, on est là, même si Blanquer le veut pas, nous on est là. Pour l’honneur des professeur·es et pour une école meilleure, même si Blanquer le veut pas nous on est là. »
All Copies Are Back
Quelques professeur·es, grévistes et non-grévistes, prennent la parole. Ils et elles annoncent que les copies ont été corrigées, et qu’elles vont être rendues dans la foulée, à quelques heures des résultats officiels du bac. Et lisent un communiqué :
Nous avons rassemblé des témoignages de différents jurys et de différents centres de l’académie. Partout nous constatons des irrégularités graves, voire des infractions : rentrées de notes arbitraires non signalées explicitement, parfois avant la tenue des jurys (20/20, 1/20, moyenne de l’année ou meilleure moyenne trimestrielle), impossibilité de consulter les livrets scolaires ce qui empêche de rattraper quelques points manquants pour éviter un oral de rattrapage ou avoir une mention, pressions et menaces sur de nombreux personnels sommés de rentrer les notes voire de corriger des copies non encore corrigées, jurys se tenant avec seulement quelques professeurs ce qui empêche là aussi de rattraper quelques points et disparités de décisions d’un jury à l’autre.
Ces conditions invalident de facto les résultats du baccalauréat en raison d’une rupture dans l’égalité de traitement des élèves.
Nous continuons à défendre nos revendications :
- Abrogation des réformes des lycées (maintien d’un bac national et équitable)
- Abandon de la loi sur l’école de la confiance
- Abandon de loi de transformation de la Fonction Publique.
Sous une haie d’honneur, les prof et leurs copies s’avancent vers la porte fermée du Rectorat.
La rectrice se fait attendre, estimant que la foule silencieuse (agglomérée dans les quelques zones d’ombre) est trop virulente.
La porte s’ouvre finalement. La rectrice vérifie les copies et annonce à la presse : « On va réfléchir à la façon dont on va réagir ».
Espérons qu’ils réagissent à la façon dont ils réfléchissent.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info