[Mars 2020] Allumer la flamme féministe



Après s’être plongé dans le mouvement punk et féministe des « riot grrrls » la semaine passée, le programme de mars apparaît sous la bannière féministe avec des concerts, des soirées, des discussions, des ateliers, des manifs, des actions...

Il y a une vague. Des gestes et des mots qui ne passeront plus. Des block féministes dans les manif, des groupes en mixité choisie [1] qui s’organisent pour lutter, s’ausculter, se parler. Du Chili au Kurdistan, les luttes féministes prennent une forme révolutionnaire et anticapitaliste, portent des mouvements d’insurrection populaire, s’articulent avec les luttes sociales, anti-nuc, se logent partout, tout le temps. Pendant que le monde brûle, c’est la rage des meufs, des trans, des gouines et des minorités de genre qui se dresse devant la catastrophe écologique, contre les Etats fascistes ou face aux violences policières, implantant dans les têtes et dans les cœurs l’idée que détruire le capitalisme, c’est aussi détruire le patriarcat sous toutes ses formes.

Aux Tanneries aussi, ça bouge. On a répété la chorégraphie féministe virale « el violador eres tu » avant d’aller crier dans les rues de la ville :

El estado opresor es un macho violador [2]

Le groupe de collage féministe a fabriqué des kilomètres d’affiches qui ont recouvert les murs des douleurs de nos sœurs assassinées pour que plus personne ne les ignorent. Les collectifs impliqués aux Tanneries ont organisé des moments de réflexion et de travail afin d’essayer de prendre en charge collectivement les agressions et de violences sexuelles qui surgissent dans le lieu. Il a fallu se mettre d’accord, définir ensemble le consentement, l’agression, le viol, trouver nos mots, se demander comment on pourrait refabriquer de l’espace dans nos espaces pour que chacun.e s’y sente à l’aise. Le groupe non-mixte de la Mistoufle a fait fleurir tracts et banderoles dans la salle de concert. Un historique bus rose, vestige des anciennes Tanneries, s’est transformé en un espace en mixité choisie, signalé par une allée de bougies, où l’on peut à la fois délirer sur un karaoké, danser en faisant trembler la carrosserie. Une joie féministe dans un lieu enviable, refuge, qui nous permet aussi de rejoindre la soirée en crew et de se sentir plus fort.e.s.

Des concerts, des soirées, des discussions, des ateliers, des manifs, des actions...aux Tanneries et ailleurs, allumer la flamme féministe, ça nous apporte de la force, de la lutte, de la joie. On ne veut plus faire sans.

Le 7 mars prochain, on marchera ensemble dans la nuit, sans mecs cis, et on portera un féminisme inclusif et intersectionnel. Et ensuite, qui sait ce qu’on fera, qui sait ou cette vague nous mènera.

« Il t’a dérobé ton savoir, il a fermé ta mémoire à ce que tu as été, il a fait de toi celle qui n’est pas celle qui ne parle pas celle qui ne possède pas celle qui n’écrit pas (...) il a tissé autour de toi un long texte de défaites qu’il a baptisées nécessaires à ton bien-être, à ta nature. Il a inventé ton histoire. Mais le temps vient où tu écrases le serpent sous ton pied, le temps vient où tu peux crier, dressée, pleine d’ardeur et de courage, le paradis est à l’ombre des épées. »
M. Witting

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Notes

[1C’est à dire sans mecs cis-genre.

[2L’état oppresseur est le macho violeur.

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