Une des prises de parole :
Pichipoï est un mot yiddish. On peut le traduire par « nulle part » ou de façon moins policée par « trou du cul du monde » où même un rabbin ne voudrait pas mettre les pieds.
Ce mot était celui qu’utilisaient les juifs pour désigner ce lieu inconnu, innommable vers lequel les nazis les envoyaient sans espoir de retour.
Tout rapprochement historique avec la situation des migrants aujourd’hui serait hasardeux, scandaleux même.
Que l’on me permette juste d’emprunter ce mot au yiddish, Pichipoï. Un ailleurs sans nom, un gouffre mortifère.
Pour beaucoup de migrants, en France en 2023, la traduction administrative de Pichipoï est OQTF. Des personnes renvoyées dans des lieux qu’elles ont fuis, qu’elles ne connaissent plus ou de loin, des enfants séparés de leurs familles, des jeunes sans papiers, invisibles, contraints de vivre sous les radars des préfectures qui les traquent. On en finirait pas d’énumérer des situations à peine imaginables tant elles heurtent la conscience et semblent surgir d’un passé pas si lointain. La scélératesse le dispute au cynisme quand une loi s’apprête à faire le tri entre les étrangers, les utiles et les inutiles, les exploitables et les jetables.
Ce soir, une fois de plus réuni-e-s devant la préfecture de Dijon, nous sommes en colère et n’avons pas vocation à faire profil bas ou à tendre la main comme des mendiants pour obtenir des miettes. Arrivera bientôt à l’assemblée nationale le texte de Darmanin, énième mouture de la loi « Asile et Immigration » de Gérard Collomb, annoncée avec gourmandise comme encore plus répressive, encore plus implacable. Quand s’arrêteront-ils ? Je dis « ils » tant ils dégoûtent.
Avons-nous envie de vivre dans ce pays-là replié sur lui-même, autosatisfait, décomplexé ?
La France, reine du marketing, se vante d’accueillir les ukrainiens chassés de leur pays par l’invasion russe et la guerre, 119 000 contre un million 500 000 en Pologne et plus d’un million en Allemagne. Interdit de rire.
Bientôt 6 ans que Macron et ses ministres de l’intérieur successifs préparent et anticipent l’arrivée du Rassemblement national au pouvoir. Six ans de trop à les regarder faire à coup de matraques, de lacrymo, la rage au ventre.
Nous avons collectivement le devoir de continuer à nous opposer par tous les moyens à notre disposition, à la politique de l’Etat quand celle-ci est contraire aux droits des femmes et des hommes de tous pays.
Maintenant et pas demain, plus déterminés et combatifs que jamais.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info