Alors que les idées réactionnaires sont plus que jamais présentes, les associations féministes n’excluent plus une remise en cause politique et même légale de ce principe. Si la constitutionalisation est globalement souhaitée, toutes et tous admettent néanmoins que cette sacralisation n’est pas un rempart.
Un vœu unanime au conseil municipal
Alors que la décision états-unienne du 24 juin a provoqué autant de stupeur que de colère, les mouvements spontanés se sont instantanément multipliés dans le monde. Dans la capitale comtoise, la première mobilisation en la matière fut avancée par la maire EÉLV Anne Vignot. Un rassemblement appelé le lundi 27 juin dernier sur le parvis des droits Humains, qui fut symbolique à défaut d’être populaire. Si une bonne centaine de participant.e.s étaient présent.e.s, l’essentiel des troupes relevait ainsi surtout de l’administration et des plus ancien.ne.s.
Mais le sujet s’est également transposé dans les instances décisionnelles, jusqu’au conseil municipal du jeudi 30 juin. Valérie Haller, adjointe EÉLV déléguée aux droits des femmes et à la lutte contre les discriminations, a exposé la situation en fin de séance : « avec l’engagement de la Municipalité contre les violences faites aux femmes, la ville de Besançon demande l’inscription de l’IVG dans la constitution française afin de protéger ce droit fondamental et de garantir le droit de disposer de son corps. » Une fois n’est pas coutume, la proposition a été adoptée à l’unanimité.
Féminismes, au pluriel.
Mais samedi 2 juillet place de la Révolution ce sont cette fois deux à trois-cent militant.e.s qui entendaient porter cette cause, notamment via les collectifs « Nous Toutes » et « Collages féministes. » Entre les cercles bourgeois, ouvriéristes, ou intersectionnels, les divergences étaient malgré tout parfois palpables. À l’injonction « d’aller voter afin d’éviter ce danger » d’une représentante de la Mairie, une membre du parti trotskyste Lutte Ouvrière expliquait que « sur l’IVG comme pour le reste, c’est seulement par les luttes que nos acquis élémentaires seront vraiment défendus. »
Une activiste rodée de l’association « Osez le féminisme » développait quant à elle ses craintes, davantage marquées par l’époque : « Dans les années 1970, c’était un contexte difficile mais différent… aujourd’hui entre un rapport de force inversé et une hyper-technologie qui nous traque, le risque de criminalisation est réel si de tels bouleversements devaient avoir lieu. » Slogans et chants, disposition de pancartes et de cintres, mais aussi apposition d’affiches, ont ponctué l’événement. Lequel s’est terminé en pique-nique en mixité choisie, au parc de la Gare-d’Eau.
Les « pro-vie » toujours actifs.
La dépénalisation de l’IVG en France a été arrachée dans les années 1970, la loi Veil du 17 janvier 1975 inscrivant ce principe dans la loi. On considère désormais qu’une femme sur trois est concernée par au moins un avortement dans sa vie, avec un peu moins de 3 000 IVG pratiquées chaque année en Franche-Comté. Mais au-delà d’éventuelles modifications restrictives, la question des moyens concrets reste encore aujourd’hui préoccupante ; ainsi alors que l’hôpital public est plus que jamais en tension, dotations et services sont en constante baisse aussi dans ce registre.
En parallèle, les « pro-vie » subsistent y compris au niveau local. À la manœuvre, on retrouve les franges conservatrices du catholicisme : prières de rue du groupuscule « SOS-Tout-Petit », introduction du débat en marge des « Manifs pour Tous », mise en place d’un faux-nez de la FSSP sous le nom de « SOS Futures Mamans. » Si cet ensemble apparaît suranné, certains partis politiques comme le « Rassemblement National » ont le vent en poupe… avec des scores importants et quatre-vingt-neuf députés à l’Assemblée Nationale, le risque de recul n’est donc pas improbable.
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