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[Besançon] Le meeting de Philippe Poutou attaqué par des néonazis


Doubs

Alors que le candidat anticapitaliste haranguait les foules ce mardi 9 mars à Besançon, une formation ultranationaliste a tenté de s’attaquer à son meeting.

La soirée n’aura finalement pas souffert de l’incident : les mis en cause, peinant à violenter un participant plus résistant que prévu, ont préféré fuir à l’arrivée de la sécurité. Deux suspects ont toutefois été identifiés, le premier étant membre d’un groupuscule néonazi et le second militant actif de Génération Zemmour. Un assaut qui survient quelques jours après un précédent, impliquant les mêmes individus cette fois à la sortie d’une réunion Mélenchoniste… quid d’une chasse aux « gauchistes » dans la capitale comtoise ?

« Ils étaient venus pour en découdre. »

Hier au kursaal de Besançon, l’effervescence était de mise. Plusieurs centaines de personnes se sont massées au sein du bâtiment, afin de vibrer avec Philippe Poutou. Discours, applaudissements, rigolades, tout se passe pour le mieux. Jusqu’au moment où Alex sort quelques instants afin de téléphoner, aux environs de 21h30. Sept individus font subitement irruption et s’approchent du parvis principal, commençant à arracher les visuels disposés pour baliser l’évènement. Le jeune homme, surpris, leur demande ce qu’il leur prend d’agir ainsi. Un protagoniste, qui avait manifestement bu, se détache en lui demandant « t’aimes Poutou ? », ce à quoi il répond par la positive.

Pour seule réaction, il recevra des menaces et l’ordre de « manger l’affiche. » Il refuse aussi sec. Immédiatement, les coups pleuvent. « J’ai réussi à me reculer, à enlever mon manteau, puis à me mettre en position de garde. Mon agresseur m’a alors exhorté à poursuivre le combat dans un coin isolé des caméras et des regards, m’indiquant qu’il ne voulait pas être filmé ou dérangé. Bien sur, j’ai décliné. Il a poursuivi les crochets, a tenté de me faire tomber. Sans succès. C’est à ce moment là que la sécurité a débarqué, et qu’il a fui avec le reste de sa bande. Ils étaient venus pour en découdre. » Les services de police sont dépêchés, pour récupérer les fuyards retrouvés au bar le « Madigan’s. »

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Meeting de Philippe Poutou, le 9 mars 2022 – S.Saysamay

Cocarde Étudiante, Génération Zemmour, Vandals Besak…

Un membre du Nouveau Parti Anticapitaliste raconte : « Lorsque nous avons compris ce qu’il se passait, nous sommes intervenus. Fidèles à leur réputation, les nazillons ont pris leurs jambes à leur cou. Nous avons secouru le camarade, et nous nous sommes assurés qu’il allait bien. » Alex pâtit d’hématomes et de tuméfactions, mais n’est pas gravement blessé. À l’intérieur rien ne filtre de ce qui vient de se produire, beaucoup n’apprenant les tenants et aboutissants de cet incident que bien après. Une actualité qui choque et scandalise, même chez les soutiens les moins fervents du trotskisme. « C’est la démocratie qu’on attaque », lance par exemple un sympathisant du Parti Socialiste.

Mais dans le quartier de la faculté de Lettres, on s’active sans tarder à recouper les premiers éléments disponibles. Il s’avère que les auteurs présumés n’ont pas hésité à signer ostensiblement leur opération, des autocollants de la Cocarde Étudiante, de Génération Zemmour, et des Vandals Besak ayant été collés dans les parages par leurs soins. Les deux principaux auteurs ont surtout été rapidement identifiés par un témoin direct, vite corroboré par plusieurs autres : il s’agit d’Alexandre Meuret et de Théo Giacone, le premier ayant été interpellé et placé en garde-à-vue, quand le second s’était vanté le jour-même de son futur forfait dans une allusion à peine voilée sur Instagram.

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Théo Giacone (devant, au centre) prenant la pose en marge d’une cession collage la Cocarde Étudiante/Génération Zemmour, dans la nuit du 27 au 28 février dernier à Besançon – capture d’écran

Une agression similaire quelques jours plus tôt.

Néanmoins ces brutalités ne sont pas inédites. Le mardi 1er mars sur le même site, c’est « l’Union Populaire » qui proposait un rendez-vous électoral, notamment avec François Ruffin, Leïla Chaibi et Sébastien Jumel. Accompagné de plusieurs connaissances, j’étais aussi parmi les spectateurs. Si dès le début j’ai remarqué et signalé l’entrée de trois partisans d’ultra-droite, ceux-ci se sont engagés à ne pas faire d’esclandre et s’y sont tenus. Je suis parti en fin de soirée vers 22h45, accompagné d’une amie. Quinze minutes plus tard place Louis Pasteur, nous avons croisé une formation de cinq personnes. C’est là que cris, pistage, puis menaces se sont abattus.

En tant qu’instigateurs, on retrouvait, éméchés, Alexandre Meuret et Théo Giacone. Ils promettent, longuement, de me « péter la gueule » lorsque les circonstances le permettront. En étant Grande-Rue, la vidéosurveillance a sans doute calmé l’ardeur des intéressés. Mais ceux-ci furent visiblement très au fait des mes allées et venues, comme le confirme un tiers. « Je connais un des membres du trio qui était dans la salle, il m’a demandé dans l’après-midi si tu allais venir. » Une assiduité à nouveau éprouvée ce mercredi, selon la même source. Tous naviguent dans la fachosphère, des clichés les faisant apparaître avec… Meuret et Giacone. La planification ne fait guère de doute.

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Meeting de « l’Union Populaire », le 1er mars 2022 – Séverine Véziès

Meuret et Giacone, bis repetita.

Concernant le parcours des lieutenants, il s’inscrit dans ce panorama. Alexandre Meuret, vingt-trois ans, visé dans un article du 20 décembre 2019, est un militant des « Vandals Besak », groupuscule paramilitaire néonazi impliqué dans de nombreuses exactions. Sur les réseaux sociaux, ses photographies alternent archives bucoliques de soldats nazis (ici) et apparition avec une arme de guerre (). Quant à Théo Giacone, vingt-deux ans, remarqué pour un selfie façon « Ku Klux Klan » le 30 juillet 2019 (ici), il fut cadre du Rassemblement National avant d’en être viré pour ses amitiés sulfureuses dont avec le précédent. Il a depuis rallié Zemmour et la Cocarde Étudiante, suscitant la controverse.

Ces deux affaires illustrent-elles les balbutiements de commandos, coordonnés, structurés, préparés, visant à instituer des « expéditions punitives » et autres « chasses aux gauchistes » sur Besançon ? En tout cas, les velléités en la matière ne sont malheureusement pas nouvelles. Les « Vandals Besak » et leurs ouailles étaient dernièrement engagés dans le mouvement d’opposition au pass sanitaire, avec des dossiers déjà entamés les 17 juillet et 14 août 2021. L’instruction, toujours ouverte, court depuis désormais près de huit mois, malgré les preuves flagrantes et multiples. Le Procureur de la République, Étienne Manteaux, veut-il seulement considérer ces infractions avec gravité ?

Un jugement prévu le 22 août 2022.

Sur la base d’une plainte, l’enquête s’est concentrée autour d’Alexandre Meuret. Son domicile et son véhicule ont été perquisitionnés jeudi 10 mars, un brassard frappé de la croix gammée et une matraque télescopique ayant été retrouvés. Le Parquet résumé l’affaire en une simple algarade où « le ton est monté » et un sympathisant de Philippe Poutou « a pris un coup de poing au nez. » Ayant néanmoins partiellement reconnu les faits, l’agresseur est renvoyé en correctionnelle le lundi 22 août prochain au TGI de Besançon. Avec 1.08 grammes d’alcool par litre de sang, il sera donc jugé pour violences volontaires aggravées par l’état d’ivresse. Nous couvrirons, bien sur, cette audience.

Mais aucune autre caractérisation ne sera finalement retenue, en particulier la réunion et le guet-apens ou la préméditation pourtant clairement documentés. Les complices de Meuret, dont la plupart des noms ont été cités dès mercredi soir, d’ailleurs situés à ses côtés lors de son arrestation place du Huit Septembre, n’ont pas davantage été inquiétés par la Justice. Suite à la parution de nos informations organisations et personnalités ont réagi, à l’instar de l’adjoint au Maire PCF Hasni Alem (ici), des Jeunes écologistes de Franche-Comté (ici), de l’Insoumise Séverine Véziès (ici), ou encore du Président de l’association « le Phare de l’Espoir » Khaled Cid (ici).



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