« Flambeaux, bières et chansons. »
Le recueillement était unanime lors des commémorations du Huit mai 1945, jusqu’au « Rassemblement National » de Franche-Comté dont la figure Jacques Ricciardetti a célébré l’instant. Seule une petite poignée d’irréductibles s’est inscrite en défaut de cette date, programmant un hommage parallèle le samedi 14 mai dernier à Sainte-Croix-aux-Mines. Ainsi que le révèlent nos confrères de « Rue 89 Strasbourg » repris par « Médiapart », une soixantaine de militants d’extrême-droite se sont en effet réclamés de la mémoire de dignitaires nazis. Une soirée flambeaux, bières et chansons, étendards SS et soleils noirs n’étant pas oubliés, visant à saluer douze français volontaires de la division Charlemagne capturés puis fusillés peu avant l’armistice. Lesquels sont qualifiés de « martyrs » et de « héros », selon la revendication diffusée sur le fil Telegram identitaire « Ouest Casual. »
À l’initiative, on retrouve la « Lothringen Division » et le groupe de rock néonazi « Match retour. » Ainsi que des invités triés sur le volet, visibles sur des photographies annexes soigneusement floutées. Toutefois apposé sur la chaussure Rangers d’un protagoniste, figure clairement un autocollant marqué des lettres « VDL BSK. » Il s’agit de l’étendard du groupuscule « Vandal Besak », formation paramilitaire et semi-clandestine de la capitale comtoise. Leurs membres s’étaient notamment illustrés lors de violences durant l’opposition au pass sanitaire les 17 juillet et 14 août 2021, avec l’attaque d’un meeting du NPA le 9 mars 2022, ou par un parasitage du cortège du 1er mai dernier. Théo Giacone, ancien cadre Lepéniste, avait d’ailleurs été exclu du parti après avoir affiché ces couleurs singulières. Comment ce symbole confidentiel et local peut-il avoir été aperçu en terres alsaciennes ?
Nos néonazis comtois ont du talent.
À notre interrogation, Sébastien Favier dit Sanglier a sans doute quelques réponses. Directement mis en cause dans une série de tabassages en 2019 et 2020, l’ancien légionnaire avait accédé à la notoriété suite au saccage de l’arc de Triomphe le 1er décembre 2018. Si il a été relaxé de ces charges, portrait d’Hitler, drapeaux du IIIe Reich, ainsi que nombreuses armes blanches et à feu avaient été découvertes à son domicile bisontin. Considéré comme le meneur historique des « Vandal Besak », celui-ci a publié un cliché très précis de l’événement dès le 15 mai sur son compte « Instagram » Soit vingt-quatre heures avant les toutes premières annonces officielles. Il faut dire que l’intéressé assume ses idéologies et tendresses les plus obscures, s’affichant, par exemple, entre deux visuels antisémites, en train de faire un salut fasciste revêtu de la tenue militaire et d’un fusil.
D’après nos informations, à ce stade aucune suite n’aurait été entreprise à propos de l’assemblée litigieuse et surtout de sa nature pour le moins discutable. Y compris sur le plan pénal, pourtant pleinement envisageable. Selon les dispositions de l’article 24 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 et sa jurisprudence, il est ainsi prévu que : « seront punis [de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende] ceux qui, par l’un des moyens énoncés en l’article 23 [de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881], auront fait l’apologie des crimes visés au premier alinéa, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de réduction en esclavage ou d’exploitation d’une personne réduite en esclavage ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi, y compris si ces crimes n’ont pas donné lieu à la condamnation de leurs auteurs. »
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