Soit au total quelques 2 000 protestataires, sur la journée. Une déferlante significative, qui exprime aussi le malaise et le ras-le-bol de tout un secteur. Si la question du Ségur étaient bien sur en tête d’affiche, beaucoup exposaient surtout le sentiment d’une dégradation globale de leur métier : effectifs dangereusement en baisse, conditions de travail parfois inextricables, rémunération nettement insuffisante, mais aussi « sentiment d’épuisement » et « perte de sens. »
Besançon : 500 participants le matin côté syndicats…
À l’appel des principaux syndicats (CGT, SUD, FO), les salariés du social et du médico-social étaient appelés à la grève et à la mobilisation. Allocation de moyens, demande d’embauches supplémentaires, ou encore revalorisation des salaires, en sont les principales raisons. Place Flore à 11h00, ils étaient ainsi plusieurs centaines à converger – 500 d’après les organisateurs, 350 pour les Autorités -. Salins de Bregille, HSF, AEMO, ADDSEA, IRTS, CCAS, ADAPEI, Département du Doubs, Juraliance, etc., furent autant d’établissements représentés. Paul-Émile, attaché à un centre de l’Aide Sociale à l’Enfance en Haute-Saône, était là pour grossir les rangs. Très éprouvés durant la crise sanitaire, ses collègues et lui n’ont pas hésité à rallier le mouvement de colère.
« Dans petite antenne, sur la vingtaine de membres du personnel, nous sommes presque 100% a avoir cessé le travail aujourd’hui. C’est inédit ! nous n’avions jusqu’alors pas l’habitude de faire de vagues. Le Ségur, ça a été un catalyseur. Quand on te dis que ton engagement ne mérite qu’un chèque de 183€, c’est rageant. Dans le même temps, on n’a pas compté nos heures… et comme pour tout le monde, le pouvoir d’achat et le coût de la vie sont préoccupants. » Pascal Descamps, de l’ADDSEA, rappelle que le burnout du secteur surpasse celui du BTP. « Dans la région, il y a eu quelques 365 démissions cette année… sans compter les ruptures conventionnelles, licenciements, et inaptitudes ! Ce sont les usagers, souvent déjà parmi les plus fragiles, qui in fine en souffrent le plus. »
…et 1 500 l’après-midi avec les employeurs.
Hasard du calendrier, un second rassemblement analogue était également programmé. En effet dés 14h00 sur le parvis des Droits de l’Homme, une certaine effervescence s’est invitée… car en une heure, plus d’un millier de personnes sont attendues sur place. Mais cette fois ce sont les employeurs, cadres, associations, familles, bénéficiaires, et salariés, qui sont à la manœuvre. Avec, peu ou proue, à peu près les mêmes exigences : une véritable considération de leur métier, une rémunération plus juste, et la possibilité de faire correctement leur travail. Venus de toute la région par cars spécialement affrétés, la promesse est finalement tenue. Ils sont 1 500 selon les organisateurs, 1 300 confirmés par la police. Un ras-de-marée, si on considère là encore l’habituelle discrétion de cette population.
Handy up’, Abrapa, FEHAP, ADAPEI, APAJH, se mêlent aux maisons d’accueil spécialisées et diverses institutions de toute la Franche-Comté. À l’instar de Liliane, aide-soignante dans le Pays de Montbéliard, la colère est papable. « J’adore mon métier. Accompagner un public vulnérable et leur famille, c’est une vocation. Mais depuis déjà plusieurs années, la tension est insupportable. Je vois la profession changer. Équipes, budgets, jusqu’au matériel, semblent se resserrer au maximum. Pour ceux qui restent, à qui ont demande toujours plus de disponibilités et de compétences, c’est l’épuisement. Sans réelle contrepartie. » Une vision partagée dans les rangs, plusieurs orateurs soulignant des chiffres locaux lourds de sens : « il y a mille postes vacants, sur trois-cent structures non-lucratives. »
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