Un meeting pro-Zemmour sous tension



Ce samedi 29 janvier à Dijon, une réunion était organisée par le comité de soutien à Éric Zemmour. Si le candidat n’était pas présent, deux à trois-cents militant.e.s se sont retrouvé.e.s. Un événement encadré par une forte escorte policière, mobilisée avec l’appel à un contre-rassemblement antifasciste.

ls et elles étaient certes deux fois moins nombreux qu’à l’intérieur du bâtiment visé, mais déterminé.e.s à « lutter contre l’extrême-droite. » À peine le cortège a t-il approché les escadrons, qu’une brève mais vive bataille s’est engagée. Une séquence-test pour ces protestataires, qui promettent de redoubler d’efforts si le prétendant à l’Élysée venait à passer par la capitale des Ducs.

« Montrer que la rue est mobilisée. »

L’événement n’avait été rendu public que le jeudi, un délai très court censé freiner toute tentative de contestation. Mais cela n’aura pas suffit. Immédiatement le syndicat « Solidaires Côte-d’Or » avait pris les devants, en déposant officiellement la manifestation en Préfecture. Objectif affiché, ne pas laisser l’espace aux seules forces nationalistes : « leur réunion commence à 17h00, et devrait être diffusée en direct sur BFM-TV. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour montrer que la rue est mobilisée face à leurs idées nauséabondes. Mais c’est aussi en réaction au contexte, plusieurs agressions ayant été relevées ces dernières semaines à Dijon » annonce Théo Contis.

Les autonomes forment le gros des troupes, accompagnés de quelques anarchistes, gilets jaunes et membres d’associations antiracistes. À l’image d’une adhérente du MRAP, qui dénonce « les mensonges de l’extrême-droite, menaçant nos droits et nos conquêtes sociales. » Josiane, près de soixante-dix printemps, a également tenu à être présente : « Je suis de toutes les manifs, des ronds-points au pass sanitaire. Zemmour représente des idées de haine, mais aussi la continuité économique de Macron. Entre la peste et le choléra, pas question de choisir mais de lutter ! » Sur place, la banderole principale donne le ton : « fascistes, vivement qu’on vous grand-remplace. »

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Banderole de tête « fascistes, vivement qu’on vous grand-remplace »

Un bras de fer entre flics et manifestants.

Mais, rapidement, l’idée de faire le pied de grue agace. À 16h45 ils et elles sont cent à cent-cinquante à quitter l’Auditorium Pierre Poujade, afin de rejoindre le complexe du Palais situé à quelques encablures. Drapeaux, slogans, fumigènes sont aussi de sortie. Mais dès l’entrée de la rue Léon Mauris, le site est entièrement bouclé par des escadrons policiers. En effet un important dispositif sécuritaire avait été mis sur place, après des débordements déjà constatés à Paris. Moins de cinq minutes après l’arrivée des protagonistes, les premiers gaz lacrymogènes sont envoyés. Le cortège reformé se disperse alors, mais reste concentré aux abords de cette voirie stratégique.

Après les sommations d’usage, la quarantaine d’uniformes gagne en intensité en enchaînant tirs de MP7 cougar et charges. Sur ce front, les choses n’iront pas plus loin. Mais trente minutes plus tard, le face-à-face reprend rue du général Henri-François Delaborde. Une guérilla commence sur le perron du skate parc, où familles et jeunes passent la journée. Mais entre les vents contraires et les projectiles, les fonctionnaires n’auront d’autre choix que de reculer. Passant par hasard jeter des bouteilles en verre, une riveraine salue « ce mouvement salutaire. » D’autres, au contraire, dénoncent ce grabuge, comme ce couple de cyclistes « qui en a marre des troubles récurrents. »

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Un manifestant faisant face aux forces de l’ordre rue Léon Mauris, l’atmosphère encore saturée de gaz lacrymogènes

Deux à trois cents soutiens pro-Zemmour réunis.

Peu avant 18h00, la dispersion s’est finalement amorcée dans le calme. Si à posteriori des contrôles d’identité ont été effectués dans la soirée, à notre connaissance aucune interpellation n’est à déplorer. Pour « Solidaires 21 », cette initiative est considérée comme un succès. Dans un communiqué diffusé ce dimanche sur les réseaux sociaux, celui-ci conclu par ailleurs que « nous avons appris que Zemmour se déplacera prochainement dans le département et qu’il tiendra un meeting à Dijon. Nous appelons d’ores et déjà à se mobiliser et nous invitons l’ensemble du mouvement social et ses organisations à prendre part intensément à la lutte contre les idées d’extrême-droite. »

Lancé en toute discrétion par son comité régional de soutien, ce rendez-vous était donc aussi un test pour les partisans de l’ancien polémiste. Si Éric Zemmour en personne n’était pas prévu ce week-end, deux à trois-cents cadres et militant.e.s venu.e.s de toute la Bourgogne/Franche-Comté étaient cependant réuni.e.s selon France 3. Une façon de regonfler les troupes à trois mois des présidentielles, en affirmant l’obtention de quelques 435 parrainages sur les 500 nécessaires. Mais alors que le candidat multiplie les ralliements et semble plus proche que jamais de pouvoir briguer l’Élysée, les controverses et condamnations judiciaires pleuvent et entachent sa campagne.



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