Le 28 août, le squat de Stalingrad était expulsé mani militari, et ses 80 occupants étaient mis à la rue.
L’expulsion a eu lieu plus de 10 jours après l’occupation, à la grande surprise de toute celles et ceux qui connaissent le droit au logement : l’expulsion d’habitant·es sans droit ni titre doit légalement passer par une décision de justice.
Ce n’est pas la première fois que les flics, les préfectures et les procureurs s’arrangent pour pouvoir expulser un lieu sans devoir se plier à la loi. Les petits arrangements de dernières minutes, les jeux et les marges qui leur permettent d’outrepasser le droit au logement, les flics connaissent et en abusent.
À Dijon, on se souvient par exemple de l’expulsion d’un logement occupé depuis plusieurs jours, qui avait été justifiée légalement par la déclaration du propriétaire affirmant que c’était son domicile principal, c’est-à-dire l’endroit où il vivait. Les occupant·es avaient été mis à la rue, et certain·es poursuivi·es pour « violation de domicile ». L’accusation était grotesque, le propriétaire ne vivait pas dans cette maison abandonnée depuis plusieurs années, qui était ornée depuis quelques mois par un magnifique panneau immobilier annonçant le futur projet de démolition. La justice avait ensuite classé l’affaire sans rechigner...
On sait aussi, de l’aveu même de certain·es propriétaires, qu’il n’est pas rare que les flics leur mettent un coup de pression pour qu’ils fassent de faux témoignages attestant être passés le matin-même ou la veille au soir, et que le logement était vide.
Sauf que cette fois, associations, migrants expulsés et soutiens de tout horizons ont décidé de se saisir des armes du maîtres, et d’attaquer les responsables de l’expulsion en justice. [1]
Pas seulement pour le plaisir de voir Éric Mathais et Bernard Schmeltz à la barre, mais surtout parce qu’au vue de l’extrême précarité des personnes qui ont été mises à la rue, tous les moyens doivent être saisis pour que la situation évolue.
Actuellement, les 80 personnes expulsées sont toujours hébergées en urgence à l’Espace Autogéré des Tanneries. [2]
Le collectif Soutien Asile 21 vient aussi de publier une lettre ouverte au Préfet et au Procureur dans laquelle on peut lire : « Aujourd’hui, l’urgence est de trouver des solutions. Les expulsés ne disparaîtrons pas comme par magie. Personne n’a intérèt à se retrouver face a des occupations multiples et des campements de tentes sur les trottoirs. Nous ne faisons là que le constat d’une situation qui risque de devenir critique à l’approche de l’hiver. Sans solutions, nous continuerons à soutenir, solidairement, tout ce qui permettra de mettre à l’abri des personnes qui en ont le besoin vital. »
Nous étions donc une cinquantaine présent·es cet après-midi devant la cité judiciaire pour soutenir cette plainte collective, portée par une vingtaine de personnes expulsées et par la Ligue des Droits de l’Homme.
Le procureur de la république a bien senti qu’il ne serait peut-être pas de bon ton d’accuser lui-même réception de la plainte. Il n’a donc pas pointé le bout de son nez. Me Gavignet a déposé la plainte au « n°2 du Parquet » : le monsieur à gauche qui fusille le photographe du regard. On ne sait pas s’il est mal à l’aise de recevoir une plainte contre son supérieur, ou s’il espère que ça lui fera gravir les échelons.
Pendant ce temps, sur Twitter, le procureur Mathais se demandait gentiment « comment accueillir les nouveaux arrivants », comme c’est mignon...
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