Free party de Couchey : « Free music for Free People »



Retour sur la free party qui a été organisée ce week-end dans un entrepôt désafecté dans la zone industrielle de Couchey (21), évènement qui a fait couler beaucoup d’encre dans la presse et a eu droit à quelques passages dans les JT. Comme à chaque fois, les informations qui sont diffusées sont manipulées et répétées sans vérification des sources. C’est pourquoi nous - organisateurs, organisatrices - souhaitions donner notre vision sur ce qui s’est passé.

Non, une "free party" ce n’est pas un "concert gratuit" comme le traduit France Info.

Une Free Party c’est une fête à l’initiative de sounds systems rassemblant un public amateur de musiques électroniques (principalement tekno), promouvant une idéologie et des valeurs de LIBERTE, de PARTAGE et d’AUTOGESTION. Décrire ce mouvement émancipé comme un simple concert n’est pas seulement un raccourci ; c’est lui retirer toute son essence, sa raison même d’exister.

"Le maire de Couchey a été averti que des "teufeurs cherchaient une gare pour faire la fête". - France Info

  • À aucun moment il n’a été question de faire la teuf dans une gare. Un point de rassemblement avait été donné un peu plus tôt dans la journée afin de faire partir tout le monde ensemble et ainsi arriver déjà nombreux et nombreuses sur le site qui est resté secret jusqu’au dernier moment, Un premier convoit quitte alors le point de rassemblement et 150 personnes arrivent sur le spot, ils et elles entrent alors dans le hangar, avant que les gendarmes n’arrivent... Un second convoi quitte alors le point de rassemblement, on se rendra compte plus tard que ce sont pas loin de 300 personnes qui attendent à l’extérieur du hangar.

"D’autres ont tenté d’entrer sur le site avant d’être repoussés par « l’utilisation modérée de moyens lacrymogènes » " - Le Monde.

  • Les tirs de Lacrymo étaient loin d’être modérés. Les participant.es coincés à l’extérieur souhaitaient simplement pouvoir rentrer dans le hangar pour profiter d’une soirée d’évasion après un an de restrictions. Plusieurs personnes ont été blessées par des tirs de LBD (dont l’usage de nouveaux lanceurs de défense à 6 coups). Une personne ayant escaladé un grillage pour tenter de pénétrer dans les lieux s’est pris des coups de matraques et de gazeuses au visage. Un autre s’est pris un coup de taser. Pour rappel, lors de la "hommage party" quelques jours plus tôt, une personne a eu la mâchoire cassée par un tir de LBD et aura une plaque de métal à vie. Cet usage disproportionné de la force à l’encontre des teufeurs a fait monter la tension, les conduisant à répondre à cette violence par plusieurs tentatives d’assaut afin de pénétrer dans le hangar. Tentatives qui se sont avérée fructueuses : 2 à 300 personnes déterminées ont pu accéder au hangar et rejoindre la teuf au fur et à mesure de la soirée.
  • La fête n’a pas cessée vers 2h suite à une intervention policière comme l’ont prétendus plusieurs journaux papiers et télévisés (Le monde, TF1, le Figaro etc.). Comble de l’ironie, les vidéos snapchat diffusées par ces mêmes médias ont été filmées aux alentours de 5h. La fête a pris fin à 6h passé et les participant.es sont sorti de leur propre chef. Les forces de l’ordre n’ont pas pris le risque d’intervenir à l’intérieur, très probablement parce qu’ils ne le pouvaient pas : le peu d’accès rendant une potentielle intervention dangereuse aussi bien pour eux que pour les personnes présentes à l’intérieur. Le matériel sono n’a pas été saisi mais sciemment laissé sur place lorsque tou.tes les participant.es ont quitté les lieux.

"Ça pose aussi des "problèmes de sécurité", poursuit le maire qui estime qu’ils auraient dû plutôt faire la fête en "plein air" - France Info.

  • Faire la fête en plein air, vraiment ? Pour se faire Nasser, gazer et saisir le matériel en 30 mn comme toutes les teufs ayant eu lieu en extérieur ce week-end là ? Non. Bien-sûr qu’on préférerait être dehors au grand air dans un contexte prévenant toute forme de cluster. On en arrive à devoir se barricader parce que l’exécutif favorise la répression aveugle à toute forme de prévention.
  • Les barricades n’étaient réservées qu’aux flics. Les personnes souhaitant quitter le lieu pouvaient le faire en toute sécurité, nous avions également fait appel à une association de prévention, réduction des risques et promotion de la santé en milieu festif, cette association a engagé une communication efficace avec le Samu qui pu pénétrer dans le lieu, sous les applaudissements des participant.es effectuant toutes les heures des rondes avec les équipes de Conscience Nocturne afin de veiller à ce que tout le monde aille bien.
    La sécurité de chacun.e a été pensée et les évacuations ont été rendues possibles si nécessaire. Les pompiers ont pu réaliser des tests de monoxyde de carbone dans le hangar à plusieurs reprises et les taux étaient corrects : le hangar était aéré. Des masques et du gel étaient distribués. Les consignes en cas de symptômes dans les jours suivants la free ont été diffusées.

"Ces rave-party improvisées restent peu nombreuses, mais elles semblent être en plein essor depuis quelques jours" - TF1.

  • En réalité, le 1er mai est une date majeur dans l’histoire du mouvement. C’est la date à laquelle se rassemblent habituellement des dizaines de sounds-system regroupant des dizaines de milliers de participant.es sur plusieurs jours. Les teufs n’ont jamais été si peu nombreuses dans l’histoire des raves-party que depuis le début de la crise sanitaire. Celles et ceux qu’on désigne comme "inconscient.es" ont totalement respecté le 1er confinement et aucun teknival ni même aucune teuf n’a eu lieu le 1er mai 2020. Ce 1er mai 2021, les quelques teufs ayant eu lieu en France ont presque toutes été dispersées par un usage disproportionné de la force, sauf celle de Couchey qui a pu tenir jusqu’au petit matin grâce au lieu choisi et aux barricades.

"Deux personnes ont été interpellées à l’issue de la soirée, dont l’organisateur présumé." - Le Figaro

  • La personne arrêtée, présumée organisateur, n’est qu’un.e participant.e servant de bouc-émissaire aux autorités, leur permettant de garder la face.

Les grands médias ne font que relayer le vomi officiel qu’on leur sert sans vérifier leurs sources. Le sensationnel prime sur l’information. Favoriser des médias et journalistes indépendants, c’est favoriser l’accès (essentiel !) à une information la moins partiale possible. Bénéficier de sources d’informations libres, c’est se donner les moyens d’agir en connaissance de cause.
Puis... comme l’a dit Petyr Baelish, "l’information, c’est le pouvoir". Alors soutenez-les médias indépendants !

En 2021, les jeunes doivent se barricader pour qu’une simple fête puisse exister. A trop la réprimer, la jeunesse prend goût à la révolte. Cette énergie, cette force de la désobéissance, elle est primordiale dans un état sombrant dans les méandres de l’autoritarisme. A la violence de l’État, citoyennes et citoyens se doivent de répondre par la radicalité et l’autogestion.

Nous avons offert le temps d’une nuit une bouffée d’oxygène à toutes ces personnes, voir leurs motivations, déterminations, leurs sourires nous rappellent que ces moments d’échanges de lâcher prises, de libertés, de partages nous sont essentiels....

Pour que nos rêves perdurent, à bas l’état policier.

"You Might Stop the Party But You Can’t Stop the Rave’olution"


P.-S.

N’hésitez pas à aller suivre les conseils COVID de Conscience Nocturne sur leur page Facebook, depuis dimanche le collectif publie l’agenda du virus avec chaque jour de nouveaux conseils.


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