Samedi 6 novembre vers 16h00, la médiathèque Pierre Bayle fut en effet brièvement envahie. Une manœuvre éprouvée dont les analyses liées auraient du rester au second plan de l’actualité, mais c’était avant que la maire Anne Vignot ne s’en mêle. Politiques et médias vont alors tourner la péripétie en affaire, s’évertuant à dépeindre l’événement plutôt banal en véritable débordement. Mais pour les seuls journalistes présents lors des faits, dont Kawa TV et radio BIP/Média 25, les circonstances n’ont pas tout à fait la résonance grandiloquente que certains avancent ou relaient.
Une occupation pacifique, durant dix à quinze minutes.
Ils étaient environ cinq-cent à partir de la place de la Révolution, comme désormais chaque samedi depuis près de cinq mois. Afin de protester contre l’obligation du pass sanitaire y compris dans les espaces sociaux et culturels, le cortège du jour s’est rendu à la médiathèque Pierre Bayle située dans l’hyper-centre de Besançon. Un objectif symbolique qui connaît alors des précédents, avec les occupations éclairs des « Passages Pasteur » ainsi que du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie le 30 octobre dernier. Entre la première entrée et la dernière sortie, au total l’opération s’étendra sur moins de quinze minutes. Alors que le gros des troupes est resté à l’entrée et aux abords du bâtiment, une centaine d’opposants s’est engouffrée dans le hall puis au premier étage. Portes-voix et banderoles étaient de la partie, accompagnant des slogans énergiquement entonnés.
L’échappée se soldera par un modeste aller-retour au milieu du mobilier et des milliers d’ouvrages destinés au public, certains participants se chargeant toutefois de rassurer les tiers croisés en expliquant que la démarche serait pacifique et qu’elle ne durerait pas. Cette intrusion a certes pu objectivement étonner, surprendre, et même être mal vécue pour certains agents et usagers.
Face à une telle irruption, la sensibilité et le ressenti des uns et des autres, qui appartiennent à chacun, n’est évidemment pas en cause. Mais nous n’avons pas constaté un quelconque malaise, ou des tensions voir des confrontations, verbales ou physiques, entre quelques parties que ce soit. Pas davantage de vol, de dégradation, ou d’atteinte diverse, n’ont été relevés. Malgré une situation inédite et délicate, le personnel ne s’est en rien détaché de son calme et de son professionnalisme.
Genèse d’un emballement politico-médiatique.
Une version également décrite par notre consœur Emma Audrey de radio BIP/Média 25, seule autre journaliste présente sur place avec Kawa TV. Elle rapporte, corroborant nos observations ci-avant, que les fonctionnaires par ailleurs interrogés par ses soins se sont confiés en ces termes : « zéro problème, juste le bruit était vraiment fort. » Quoi que nos lecteurs puissent penser de cette action y compris en une critique fortement défavorable, reste que les tournures et dimensions que prendront ces faits vont virer au romanesque. Tout bascule le soir-même à 18h46 sur Twitter et Facebook, lorsque la maire Anne Vignot dénonce « un débordement inacceptable » en affirmant que certains agents auraient été invectivés à cette occasion. Les échos politico-médiatiques s’emportent dés lors presque immédiatement, en tout cas au-delà des réalités que nous avons appréciées.
Bon nombre de titres mainstreams locaux, qui ne s’étaient pas intéressés à cette date, et dont aucun ne peut témoigner de l’événement discuté, vont alors s’emparer de « l’affaire. » Si certains organes se contentent de relayer l’unique vision de la Municipalité (l’Est Républicain, France Bleu, Plein air), d’autres s’hasarderont à la « nuance » en ajoutant à l’ensemble un simple commentaire de Frédéric Vuillaume émis sur les réseaux sociaux (France 3, MaCommune.info). Une tempête dans un verre d’eau, ou l’épilogue d’un événement traité en dépit de toute présence et vérification. Une pratique malheureusement endémique, qui avait déjà fait des ravages lors du matraquage d’un gilet jaune le 30 mars 2019 ou à l’occasion d’un soi-disant assaut du commissariat central le 1er mai suivant. Une probable leçon, au cas où certains douteraient encore de l’utilité d’une presse indépendante.
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