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Un journaliste blacklisté par la Préfecture pour un tweet « pro-migrants »



Dans un communiqué publié ce mercredi, la rédaction du magazine Traces Écrites News dénonce le blacklistage d’un de ses collaborateurs par le préfet de Bourgogne-Franche-Comté suite à un tweet « pro-migrants ».

Dans un communiqué publié ce mercredi, la rédaction du magazine Traces Écrites News, revue couvrant « l’actualité économique du Grand Est et de Bourgogne-Franche-Comté » a annoncé par la main de son co-éditeur et directeur de la publication qu’un de ses collaborateurs a été blacklisté par le préfet de Bourgogne-Franche-Comté pour « avoir exprimé, à titre privé, une opinion personnelle sur un réseau social ».

Les faits

Fin du mois d’août, quelques jours avant la rentrée des classes. Alors que, comme sa situation légale l’y oblige elle se rend au commissariat, Gvantsa une jeune géorgienne résidant à Dijon depuis plusieurs années est arrêtée et envoyée au Centre de Rétention Administrative de Metz. Son expulsion semble imminente. Les professeurs de son lycée et les associations de soutien aux demandeurs d’asile lancent l’alerte : en quelques jours plusieurs rassemblements de soutien et une pétition signée par plus de 7500 personnes médiatisent l’affaire. Le 28 août une décision de la Cour d’appel de Metz annule l’ordonnance du juge de la liberté et de la détention qui validait la rétention administrative : Gvantsa est libre ! [1]
Parmi les nombreux soutiens de la jeune fille manifestant leur joie, en ligne ou dans la rue, un collaborateur du magazine Traces Écrites News retweete le communiqué de la Préfecture sur son compte personnel, accompagné d’un commentaire qui dénonce « la faillite de la politique publique en la matière et l’autisme de l’administration aux situations humaines ».

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Le tweet en question
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Le communiqué préfectoral

C’est ce tweet qui vaudra au journaliste d’être blacklisté par la Préfecture, qui concrètement le prive officiellement d’obtenir la moindre information, ou d’être convié à toute manifestation.

Où est Charlie ?

Comme le rappelle le directeur du magazine en citant l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 [2] rien n’interdit à un journaliste, comme à n’importe lequel de ses concitoyens, d’exprimer son opinion, qui plus est via un compte privé sur les réseaux sociaux.
L’auteur poursuit en relatant l’étonnante réponse du Préfet lorsque, pendant une rencontre avec la presse, la rédactrice en chef de Traces Écrites News lui a demandé des explications : "on ne peut utiliser un communiqué de presse à titre privé, même si la préfecture en fait état, de son côté, via un réseau social". "Gageons, ajoute le directeur de Traces Écrites News, que si la décision de justice avait été favorable, le préfet régional n’aurait sans doute pas voulu ainsi réécrire la charte des journalistes."

Il y a quelques semaines, on apprenait la condamnation à 5 mois de prison avec sursis d’un jeune homme à qui il était reproché d’avoir filmé une altercation entre des gendarmes et des manifestants dans un cortège de gilets jaunes. Alors qu’il clamait son statut de journaliste indépendant et sa volonté de documenter la manifestation, la cour l’a condamné en considérant que le fait de filmer des violences sur les agents relevait d’un acte de complicité.
Quelques jours plus tôt, c’était un journaliste du Bien Public qui était la cible de Philippe Berthaut, Directeur Général des Services de la ville de Dijon. Piqué au vif par un article révélant qu’il se baignait dans la piscine du Carroussel alors que celle-ci était en travaux et interdite d’accès, le DGS "a refusé de lui serrer la main et lui a craché sur la main en proférant moultes insultes à son encontre" lors d’une conférence de presse.

Ces évènements témoignent localement du durcissement de la répression et du verrouillage de la liberté de la presse qu’on peut constater quotidiennement à l’échelle nationale. Plus particulièrement, le cas du journaliste de Traces Écrites News témoigne du cynisme et des pratiques de petit despote du Préfet pour tout ce qui a trait à l’acceuil des migrants. Depuis plus d’un an la Préfecture a effet mis un terme a tout dialogue avec les associations, et cette affaire vient s’ajouter à une liste de passages en force et de provocations qui comprend l’expulsion illégale du squat de la rue de Stalingrad l’année dernière, l’expulsion du squat de l’ancienne CPAM de Chenôve la veille de l’étude d’un recours au tribunal d’instance, ou encore l’expulsion le jour de la régularisation de Gvantsa d’un de ses camarades de lycée. Au final, la Préfecture de Bourgogne-Franche-Comté ne fait guère que se calquer sur la pratique macronienne du pouvoir d’État : provocation, mépris, et autoritarisme.



Notes

[1Dans le même temps, c’est son camarade de lycée Qadri qui est arrêté et immédiatement expulsé au Nigéria, une illustration parmi bien d’autre du cynisme de la Préfecture, en matière d’accueil des réfugiés.

[2« la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »

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