Photo : blocage à la gare Viotte de Besançon le jeudi 20 avril, via Media 25
Frédéric Vuillaume, entendu par la police pour une manifestation à la gare Viotte
C’était l’un des quatre-vingt manifestants qui s’est rendu à la Gare de Viote à Besançon, ce 20 avril et il est la deuxième personne ayant reçu une convocation au commissariat de police pour « entrave à la mise en marche ou à la circulation d’un train ». L’autre personne est notre journaliste, en mission de reportage lors de cette même manifestation.
La manifestation spontanée arrivait suite à l’appel de l’intersyndicale, en vue d’une opération de tractage et de soutien aux cheminots en lutte contre la réforme retraite. Plusieurs manifestants avaient décidé d’occuper le hall de la gare de Viotte qui s’est transformé dans une occupation des rails pendant 30 minutes. Environ 80 personnes ont manifesté ce jour-là sur les rails, mais la police va cibler un seul manifestant : Frédéric Vuillaume. « Une habitude » soupire le syndicaliste Force Ouvriere, connu pour avoir manifesté dans le mouvement Gilets Jaunes. Il sait qu’il sera toujours visé, il a compris depuis longtemps qu’il est visé spécifiquement par les autorités, peu importe la manifestation
La preuve, un nouveau PV qui arrive dans sa boîte postale : une contravention de 135€ pour « distribution d’imprimé ou d’objet à l’occupant d’un véhicule circulant sur une voie publique ». Coupable de tractage en somme, lors d’une manifestation spontanée le 12 Avril. Et ce n’est qu’un pv dans une très longue série. Derniers en date, deux PV à 135€ chaque, l’un pour « refus d’obtempérer à l’ordre d’enlever un objet entravant la circulation sur une voie publique » l’autre pour « depot ou abandon d’ordures, de déchets, de matériaux ou d’objets hors des emplacements autorisés » lors d’une action de blocage filtrant des camions à Marnay dans le 70, contre la reforme retraites. Une action syndicale, comme beaucoup d’autres en France.
Communiqué du SNJ-CGT
Le journaliste Toufik-de-Planoise est convoqué ce mercredi 26 avril 2023 au commissariat de police pour « entrave à la mise en marche d’un train » et « entrave à la liberté de réunion ». Il risque, à cette occasion, le placement en garde à vue. La simple présence du journaliste, qui a couvert deux manifestations pour le compte de la rédaction de Radio BIP / Média 25 (Besançon), suffit à justifier ces deux convocations. Celles-ci arrivent quelques jours après un procès bâillon pour diffamation contre un ancien policier de la BAC (lire le communiqué du SNJ-CGT), où il a été relaxé de toutes les charges. Toufik-de-Planoise avait simplement osé rappeler le passé de cet ancien policier, dans un article publié par un site d’information.
Nous rappelons que l’article 2.2.3.2 du Schéma National du Maintien de l’Ordre (à télécharger ici) précise qu’aux « fins de couvrir le mieux possible la manifestation, les journalistes peuvent, à la différence des autres personnes présentes, circuler librement au sein des dispositifs de sécurité mis en place ». Le SNMO ajoute que « la présence des journalistes lors des manifestations revêt une importance primordiale » et qu’il est « impératif de protéger le droit d’informer, pilier, comme le respect de l’ordre public, de notre démocratie. À cet égard, la sécurité physique des journalistes doit être garantie. »
Cette convocation est abusive – d’autant plus si elle s’accompagne d’une garde à vue – et constitue ni plus ni moins une attaque directe contre la profession. Nous alertons sur cette nouvelle forme de procédure bâillon, qui a pour unique but d’empêcher des journalistes à couvrir les mouvements sociaux.
Le SNJ-CGT dénonce cette nouvelle entrave au droit d’informer et d’être informé, qui fera l’objet d’une alerte sur la plateforme européenne pour la liberté de la presse. Interpeller, arrêter, mettre en garde à vue un journaliste, c’est porter atteinte à toute la profession. Nous ne pouvons l’accepter. Le SNJ-CGT demande l’abandon de toute poursuite à l’encontre de Toufik-de-Planoise.
Montreuil, le 25 avril 2023.
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