D’un squat à l’autre
C’est un des gros dossiers de la rentrée : le squat de la CPAM, ouvert en octobre 2018 a été expulsé le 9 septembre. Après une mobilisation des 80 personnes expulsées et de leurs soutiens, la mairie a fini par concéder un terrain en bordure la ville. Terrain vague coincé entre une chaufferie et la rocade, balayé par les vents, sans infrastructure en dur, cette solution ne pouvait être que temporaire. Après quelques semaines de mobilisations mouvementées, une solution plus pérenne, puisqu’elle devrait tenir au moins le temps de l’hiver, a été trouvée avec l’ouverture d’un nouveau squat rue Henri Becquerel.
Fil rouge de ces deux occupations : la Société Est Métropole et son directeur général Thierry Coursin magnat de l’immobilier propriétaire des deux bâtiments succesivement occupés (et de combien d’autres laissés vides alors que certains dorment dehors ?)
À noter qu’une semaine contre les frontières aura lieu du 13 au 16 novembre dans plusieurs lieux dijonnais, dont le squat de la rue Henri Becquerel. Au programme des projections, des discussions avec des collectifs parisienns de défense des personnes migrantes, et des moments de fête. Programme complet par ici.
Fête des Lentillères
La fête d’automne du quartier libre des Lentillères avait lieu pendant le week-end du 11 au 13 octobre. Un week-end de fête au quartier, mais aussi une manif, le samedi après-midi au centre-ville.
Une fois parties les banderoles et pancartes, des affiches collées le long du cortège - celles qui ont échappé au nettoyage express d’après manif’ - ont pu témoigner pendant un ou deux jours de plus qu’il s’était passé quelque chose dans ce morne centre-ville : celui-ci avait été traversé par autre chose que des marchandises et des consommateurs.
Aux alentours du quartier, les marchandises, ou du moins leurs réclames, ont la vie dure. Les panneaux de pub s’y font de plus en plus rare et ceux qui restent ont pris de nouvelles couleurs. Depuis peu, l’un d’entre eux, dans un style à mi-chemin entre les aplats de couleur de Rothko et le détournement situationniste incite maintenant à la consommation de Lentilles, tandis que l’ont distingue en arrière-plan le panneau d’entrée des Lentillères qui remplace un ancien encart publicitaire découpé à la disqueuse deux ans auparavant pendant une fête de printemps.
Kurdistan
Un point sur le Kurdistan, qui faisait l’objet d’une banderole de soutien, toujours pendant la manifestation des Lentillères.
Depuis le retrait des troupes de Bachar El-Assad courant 2013, certains territoires du nord-est de la Syrie peuplés majoritairement de Kurdes constituent une région de facto autonome. Les troupes qui la contrôlent sont principalement les YPG/YPJ, milices du Parti de l’union démocratique (PYD). Comme le PKK (le parti des travailleur du Kurdistan, un groupe armé kurde en Turquie) dont il est issu, le PYD est un parti politique kurde indépendantiste et ayant lentement dérivé d’un marxisme à la sauce stalinienne au municipalisme libertaire de Murray Bookchin.
Dans les territoires dont ils ont pris le contrôle face aux troupes du régime, de Daesh ou des rebelles, les différentes milices kurdes et arabes réunies au sein des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) ont mis en place un système politique aux antipodes et de l’autoritarisme d’El-Assad, et de l’obscurantisme de Daesh. Le pouvoir économique et politique est pris en charge par des assemblées populaires locales, où la défense des droits des femmes et des différentes communautés ethniques ou religieuses est au coeur de la lutte.
Ces pratiques ont valu aux FDS le soutien d’une grande partie de la gauche radicale et des mouvement anarchistes à travers le monde, soutien qui s’incarne entre autres dans la création de brigades internationales composées de combattant·es occidentaux.
Depuis la chute des derniers territoires contrôlés par Daesh, la principale menace pour l’autonomie du Rojava vient de la Turquie, qui voit d’un très mauvais oeil la constitution d’un territoire kurde autonome à ses frontières, qui pourrait servir d’exemple et de base arrière aux indépendantistes kurdes en Turquie.
Le 6 octobre, lorsque Donald Trump décide du retrait des troupes américaines qui stationnaient sur place jusque là, Erdogan, président de la Turquie saisit l’occasion et déclenche une invasion des territoires contrôlés par les FDS.
Après une dizaine de jours de combats qui voient la Turquie prendre le contrôle de plusieurs villes frontalières (un territoire d’environ 4000 km²) et les FDS s’allier aux troupes du régime d’El-Assad pour contenir l’offensive, un cessez-le-feu est déclaré.
Banana Pschhit
Banana Pschit, nouveau « festival d’art urbain », avait lieu du 10 au 25 octobre dans plusieurs lieux de la ville. Étant donné qu’on se limite ici à ce qui véhicule un message politique on a seulement sélectionné deux fresques. Vous pouvez toutes les voir dans les rues de Dijon, ou si vous êtes trop feignant sur la page facebook du festival.
Fichage
Vendredi 18 octobre, un rassemblement avait lieu devant le tribunal de grande instance de Dijon pour soutenir une personne convoquée pour un refus de se soumettre au prélèvement ADN.
Les prélèvements d’ADN, à l’origine mis en place sous couvert d’être uniquement destinés aux délinquants sexuels se sont petit à petit généralisés au point de concerner à peu près n’importe quelle personne liée de près ou de loin à une enquête (présumé coupable, victime, témoin), même banale. De plus depuis 2018 les marqueurs « codants » sont exploitables, c’est à dire que les ADN prélevés peuvent être décryptés pour connaitre différentes caractéristique de la personne concernée.
Refuser de se soumettre a une prélèvement peut exposer à de la prison et à de lourdes amendes (dans les faits ce n’est le cas que très exceptionellement). Un bel exemple de la manière dont on passe d’un dispositif jugé inacceptable à un fichier de 2.5 à 4.5 millions de personnes (et qui augmente de 400 000 personnes chaques années).
Verdict : le procès est reporté au mois de mars...
Pompiers
Mardi 15 octobre, journée de manifestation nationale des personnels soignants à Paris.
Parmi les 7 à 10 000 infirmiers et urgentistes rassemblés pour réclamer plus de moyens dans leurs services, plusieurs centaines de pompiers revendiquent eux-aussi de nouvelles embauches, le maintien de leur régime de retraites, et une revalorisation de leurs primes. Arrivé place de la Nation, le cortège subit une pluie de gazs lacrymogènes, tandis qu’un autre groupe rassemblé devant l’assemblée nationale est dispersé à coup de gazs lacrymogènes et de canon à eau.
Les CRS font aussi usage à de nombreuses reprises, comme à leur habitude, d’armes « à létalité réduite », LBD et grenade de désencerclement. C’est l’éclat d’une de ces grenades qui a coûté un oeil à Jean G., pompier au SDIS 21.
Le témoignage d’un autre pompier, visé à bout portant par un tir de LBD.
"Je suis #pompier, c'est terminé ! Ca fait onze ans que je fais ce métier, c'est fini ! #Macron va te faire enc... ! Va ramasser les gens dans la rue tout seul ! Connard va ! Ta #police elle me tire dessus, va te faire enc... !"
La police mutile, les pompiers protègent ! pic.twitter.com/5RDBUWkj1N— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) October 15, 2019
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